Anthologie contemporaine des écrivains français et belges (Série I)/Morts de poètes
Ils quittent ce monde odieux
Pour un monde meilleur. Bien fous ceux qui les pleurent :
Ils sont montés aux cieux.
L’enfant agonisait, Sa figure d’archange
Formait une auréole aux divines pâleurs
Et ses petites mains se crispaient de douleurs
Bleuissant et semblant plus blanches que le lange.
Tout à coup souriant en voyant son bel ange :
« Maman, murmura-t-il, je t’enverrai des fleurs ! »
Puis l’enfant s’envola bien loin de notre fange.
L’adolescent mourait comme une rose éclose
Se fane lentement sous le soleil joyeux.
Il mourait regardant l’immensité des cieux,
Et déjà sa paupière était pâle et mi-close.
« Mon amour, disait-il, pour que mon cœur repose,
« Et que jamais des pleurs ne coulent de mes yeux,
« Ma Douce, oh ! couvre-les des feuilles d’une rose ! »
Le poète mourait. Son angoisse était telle
Que des larmes coulaient de ses yeux lentement,
Car son cœur voulait vivre ! Il mourait en aimant.
Sa maîtresse, entendant venir l’heure éternelle,
Lui dit : « Sur ton beau front que veux-tu, cher amant ?
— « Femme, répondit-il, que ta main doucement
« Cueille pour l’ombrager une fleur d’immortelle ! »