Annales de pomologie belge et étrangère/Prune Washington jaune




Prune Washington jaune (Yellow).

Synonymies : Bolmars Washington, — New-Washington, — Franklin, — Philippe Ier, — Jackson.

(Spécimens récoltés sur haut-vent.)

Cette variété fut introduite des jardins de Claremont en Belgique, à la même époque, et dans les mêmes circonstances que la Kirke’s plum et la Coe’s golden drop, ainsi que nous l’avons dit en parlant de ces derniers fruits.

Le nom illustre de Washington, imposé à une aussi belle prune, indique assez son origine américaine ; en effet, les circonstances remarquables qui signalèrent la naissance de ce fruit sont portées à notre connaissance par MM. Downing et John Lindley, auteurs américain et anglais, qui s’en sont occupés les premiers.

L’arbre mère fut apporté au marché de New-York vers la fin du dernier siècle : il y fut vendu et ensuite transplanté à la ferme de Lancey, à l’est de Bowery, près de cette capitale ; mais quelques années après, le tronc fut brisé et détruit pendant un orage violent. De ses racines poussèrent de vigoureux rejetons qui finirent par se mettre à fruit.

L’un de ces rejetons, acquis par M. Bolmar, négociant de New-York, donna en 1818 des produits qui attirèrent l’attention générale par leur volume et leur beauté ; l’année suivante, cette variété fut introduite en Angleterre par M. Barclay, de Bury-Hill. En 1821, des spécimens de la Washington furent présentés pour la première fois à la Société d’horticulture de Londres, par le docteur Hosack, et, dès lors, la culture s’en répandit rapidement en Angleterre. Introduite vers le même temps en Belgique, cette prune fut bientôt appréciée sur le continent, et figure maintenant avec honneur dans toutes les collections bien choisies.

La Washington peut être classée parmi les prunes de premier ordre pour le volume et la beauté ; elle est habituellement ovale-arrondie, et parfois presque ronde, surtout lorsque l’arbre, cultivé en haut-vent, est trop chargé de fruits.

Sur espalier, on trouve souvent des fruits de 5 à 6 centimètres de hauteur sur 4 à 5 de diamètre à leur centre. Ainsi cultivée, la forme ovoïde est plus constante.

La peau est tendre, d’un jaune orangé du côté du soleil, jaune verdâtre à l’ombre, et souvent marquée de points cramoisi-clair. Cette peau s’enlève facilement et sa transparence est telle que l’œil distingue, à travers, les nuances les plus délicates de la chair : la moindre pression y produit une tache.

Le point pistillaire est petit, un peu proéminent ; la rainure est peu profonde ; elle divise le fruit d’une manière inégale, ce qui le fait paraître plus renflé d’un côté. Cette rainure s’élargit vers le pédoncule, qui est gros, courbé, vert, implanté dans une cavité assez profonde.

La chair est fondante, assez ferme, jaune, sucrée ; l’eau, assez abondante, est parfois un peu acidulée ; sans avoir le parfum de la Reine-Claude et de quelques autres prunes d’élite, la Washington est un très-bon fruit.

Le noyau, qui se sépare facilement de la chair, en laissant quelques fibres attachées à l’épine dorsale, est ovale, très-rugueux dans toutes ses parties, tranchant à chaque bout ; le dos présente trois arêtes obtuses et arquées, dont la médiane est proéminente.

L’arbre est très-vigoureux, et prend une forme des plus régulières ; ses jeunes rameaux sont gros, longs, brun-clair, un peu duveteux dans leur jeunesse ; le vieux bois est d’une nuance brune plus foncée.

Les feuilles, vert-clair, oblongues, sont d’une dimension plus grande que dans la plupart des autres pruniers : ces feuilles contribuent à donner une fort belle apparence à l’arbre de la Washington ; les fleurs sont également des plus larges du genre.

Sous le climat natal, la maturité de cette prune a lieu du 15 au 30 août ; il en est de même en Belgique : néanmoins nous en avons souvent récolté jusqu’à la mi-septembre, ce qui a lieu, spécialement, lorsque l’arbre est surchargé de fruits ; en ce cas, les derniers sont fades et dépourvus de qualité.

Si l’on veut obtenir la Washington dans toute sa beauté, nous devons conseiller, par expérience, l’exposition à l’est en espalier, ou, à défaut, celle de l’ouest. Suivant M. John Lindley, le midi ne lui convient pas.

Par sa vigueur et la tendance verticale de ses branches, cet arbre se recommande pour la culture en haut-vent, d’autant plus que son fruit tient bien, et n’est pas facilement abattu.

Nous le cultivons encore en pyramide ; mais cette forme, pour être maintenue, exige de la surveillance et des soins, particulièrement dans le pincement des jeunes rameaux du printemps.

Nous ajouterons que la Washington est d’une remarquable fertilité partout où le sol et l’exposition conviennent au prunier.

A. Royer.