Annales de pomologie belge et étrangère/Pomme Calville rouge d’hiver
Calville rouge d’hiver.
Cette pomme, déjà bien connue en France et en Hollande vers le milieu du siècle dernier, atteint un assez beau volume, environ 8 centimètres en diamètre et en hauteur. Sa forme est donc généralement globuleuse ; cependant elle est parfois allongée, presque conique. Ses côtes sont moins prononcées que dans la Calville blanche.
L’épicarpe (peau) est de couleur rouge-foncé, un peu bleuâtre du côté du soleil, lavé sur l’autre face de rouge-vif luisant ou pâle, souvent teinté de jaune vers le calice, marqué de points nombreux, déliés, jaunâtres ou bruns.
On a remarqué que le coloris est plus foncé quand l’arbre est vieux, que lorsqu’il est jeune et plein de vigueur.
La chair est blanche, fine, grenue, plus ou moins teinte de rose sous la peau, selon le sujet ou l’âge de l’arbre, d’une saveur délicate, vineuse, qui rappelle, selon quelques personnes, le bouquet de certains vins du Rhin, et, selon d’autres, le parfum de la framboise et de la violette. Cet arôme s’exhale du fruit à l’époque de la maturité.
Des cloisons assez larges contiennent un ou deux pepins bruns, pointus, bien nourris. « Ils se détachent, dit Duhamel, dans la parfaite maturité ; et lorsqu’on secoue le fruit, ils font un petit bruit contre les parois des loges qu’ils frappent. »
Cette particularité ne se rencontre guère, selon nous, dans la Calville[1] qui nous occupe, mais bien dans la rouge d’automne (d’où le nom vulgaire Pomme sonnette ou grelot). Ce léger bruit produit par l’agitation n’est pas un caractère commun à toutes les Calvilles, comme on pourrait l’inférer de ces paroles de Duhamel.
Le pédoncule est assez long, mince et ligneux ; l’œil est grand et occupe une cavité peu profonde lavée de rouge-cannelle.
Le fruit mûrit en novembre ou décembre, et se garde assez avant dans l’hiver ; cueilli sur un jeune arbre, il peut durer jusqu’en mars, mais il est moins parfumé et moins délicat.
La vraie Calville rouge d’hiver peut figurer sans trop de désavantage à côté du beau et excellent type, la Calville blanche ; mais elle a, comme cette dernière, le défaut d’être peu productive. L’arbre réussit mal sur paradis ; il veut un sujet plus vigoureux, un bon sol et une bonne exposition.
Comme les Calvilles rouges sont fort sujettes à varier selon le climat, les qualités du sol, du sujet, etc., il règne encore quelque confusion dans la nomenclature et la classification de cette famille. Ainsi telle, grâce à quelques variations purement accidentelles, est promue à tort au rang de variété distincte ; d’autres sont confondues sous le nom collectif de Calvilles rouges, et ont cependant entre elles des différences constantes et caractéristiques.
Ultérieurement, nous essayerons, grâce à nos observations personnelles et à l’aide des travaux des pomologues allemands, nos patients et consciencieux devanciers, de faire pénétrer un peu de lumière sur ces points encore obscurs du domaine pomologique.
- ↑ Malgré notre respect pour l’autorité de l’Académie, nous donnons le genre féminin à ce mot, conformément à l’usage généralement admis par les amateurs et les écrivains pomologues.