Annales de pomologie belge et étrangère/Poire Louise d’Orléans




Poire Louise d’Orléans.

(Van Mons.)

Ce fut en 1843, peu de temps après la mort de Van Mons, que cette variété naquit dans sa pépinière de Louvain, d’un semis fait en 1827 : il portait le no 2680.

L’arbre-mère étouffé dans un massif de congénères, dont la production avait été plus hâtive et la vigueur plus grande, était languissant et étiolé ; sa tige grêle, flexible, supportait avec peine une tête arrondie, dont le sommet s’efforçait d’atteindre aux rayons solaires, par un des côtés latéraux du massif. Ce fut en cet état que le trouva en 1845 l’auteur de cet article.

L’année même où elle produisit pour la première fois, MM. Van Mons, fils, avaient soumis cette variété à l’appréciation de M. Simon Bouvier, de Jodoigne. Le fruit était d’un petit volume et d’une couleur assez terne. Ce savant pomologue, ne s’arrêtant pas à ces apparences, lui reconnut de suite des qualités si recommandables, qu’il la dédia à feu notre reine bien-aimée, sous le nom de Louise d’Orléans, une autre poire de Van Mons portant déjà le nom de Reine des Belges.

Le fruit de la Louise d’Orléans, tel que M. Bouvier le décrivit alors dans le Journal d’Horticulture pratique, tome II, page 257[1], n’a plus aucun rapport de forme ni de coloris avec celui que nous représentons ici ; mais l’époque de sa maturité et ses qualités intrinsèques n’ont pas changé ; maintenant son facies, loin d’être allongé et de ressembler, comme primitivement, à la bonne d’Ézée, tient plutôt du doyenné : il est oblong, renflé vers le centre, un peu évasé vers le pédoncule et tronqué aux deux bouts ; l’épiderme, vert-sombre, presque entièrement couvert de gris, et jaunissant modérément à l’époque de la maturité, est tiqueté de points brun-noir très-fins et de larges points gris-blanc. Le pédoncule, brun-noirâtre, assez gros, long de 20 à 25 millimètres, renflé au sommet, est implanté dans un léger enfoncement. Le calice clos, ordinairement irrégulier, se trouve placé dans une cavité peu profonde et très-évasée ; ses divisions sont brunes. La chair est blanche, fine, très-fondante ; son eau est abondante, sucrée et d’un parfum des plus agréables. Les pepins sont gros, ovales, pointus, brun-noir.

Cette excellente poire, bien digne de son nom, mûrit vers la fin d’octobre et dans les premiers jours de novembre. L’exemplaire qui nous a servi à faire cette description, a été récolté sur un arbre élevé en pyramide par notre collègue, M. Reynaer-Bernaert, de Courtray ; il mesurait 9 centimètres en hauteur et un peu plus de 8 centimètres en diamètre.

L’arbre est très-vigoureux, inerme et d’une fertilité moyenne, lorsqu’il est greffé sur franc. Il affecte naturellement la forme pyramidale ; son bois est gros, gris ; il le porte droit et raide, de manière à former avec le tronc un angle aigu.

Ses branches à fruits sont moyennes, grêles, gris-verdâtre.

Le bouton à fleur est assez gros, conique, pointu, brun-marron, lavé de gris.

Les jeunes rameaux sont gros, longs, un peu flexueux et lisses ; l’épiderme verdâtre du côté de l’ombre, est lavé de brun-rouge du côté du soleil et parsemé de petites lenticelles rousses oblongues et proéminentes. La seconde pousse est de couleur rouge, parsemée de mouchetures lisses et duvetée vers le haut.

Le gemme est ovale, aigu, brun-noir, apprimé par sa base et écarté par son sommet. Les gemmes du centre du rameau sont souvent entourés, dès la première année, de 5 à 6 feuilles rangées en rosettes ; ce qui est un signe de grande disposition à se mettre de suite à fruit, disait notre ami, M. Bouvier, dans sa description ; mais, comme on le voit, ce pronostic n’est pas infaillible.

Les mérithalles sont moyens.

Les feuilles, longues, étroites, lancéolées, très-aiguës, arquées, dentées, à bords relevés en gouttière, sont luisantes et d’un vert-foncé ; les nervures ne sont presque point saillantes et la médiane est blanchâtre.

Le pétiole est moyen, canaliculé, vert-jaunâtre, parfois lavé de rose ; sa longueur est de 3 à 6 centimètres.

Les stipules sont linéaires.

Il y a ici, comme on peut facilement s’en apercevoir, une grande différence, sous le rapport de la vigueur, entre l’arbre de semis et l’arbre soumis à la greffe.

M. Bouvier, dans sa description, que nous avons suivie en partie, n’a pu parler que d’une jeune greffe de l’année, mais elle faisait déjà pressentir sa disposition à une plus grande vigueur que celle de l’arbre-mère.

Alexandre Bivort.

  1. Bruxelles, F. Parent, éditeur. Prix : 6 fr. par an. La 12e année est en cours de publication. Chaque année se vend séparément.