Annales de pomologie belge et étrangère/Poire Gros Saint-Michel




Poire Gros Saint-Michel.


(Spécimen récolté sur espalier.)

Lorsque nous avons à décrire des fruits anciens, cultivés en Belgique, il nous est toujours difficile et parfois impossible de leur appliquer les noms sous lesquels ils ont été décrits par les auteurs français. Dans de telles circonstances, force nous est de laisser au fruit son nom local, sous peine de passer sous silence plusieurs belles et bonnes variétés dignes de la culture.

Il en est ainsi pour la poire connue sous le nom de Gros Saint-Michel dans diverses parties de notre pays.

La variété française avec laquelle elle a le plus d’analogie, est celle qui est décrite par Duhamel, sous le nom de Bergamotte d’automne ; cependant, faute d’avoir ce dernier fruit, il nous est impossible de faire nous-même la comparaison, et comme plusieurs des caractères distinctifs ne nous paraissent pas identiques dans ces deux poires, nous ne pourrions affirmer qu’elle appartient à la même variété.

Le fruit dont nous donnons la figure, est venu en espalier ; il mesure 93 millimètres en hauteur et 87 millimètres en diamètre ; sa forme est arrondie-turbinée, aplatie aux deux pôles ; son plus grand renflement est vers le calice.

L’épiderme, lisse, luisant, vert-clair, passe au jaune d’or à l’époque de la maturité, et se colore ordinairement de rouge-clair du côté frappé par les rayons solaires ; il est maculé de brun-noir et ponctué de gris-brun sur toute sa surface. Le pédoncule, gros, ligneux, brun-foncé ponctué de gris, long de 20 à 25 millimètres, est placé dans une cavité moyenne. Le calice, petit, irrégulier, se trouve dans une cavité peu profonde et évasée ; son orifice est lavé de gris de rouille et ses divisions sont ordinairement caduques.

La chair est fine, blanc-jaunâtre, beurrée, fondante ; son eau, en quantité suffisante, est sucrée, et son parfum, très-prononcé, participe de celui de la Bergamotte et du Doyenné.

Cet excellent fruit commence à mûrir vers la fin d’octobre et se conserve fort bien pendant tout le mois de novembre ; il arrive cependant que, vers cette époque, on le trouve parfois un peu taché autour du trognon, alors qu’il a encore toute l’apparence de la conservation ; c’est un défaut, mais il est amoindri par cette circonstance que ce commencement de pourriture ne communique aucun mauvais goût au reste de la chair, qui se conserve saine et avec toutes ses qualités.

L’arbre, très-fertile, d’une vigueur moyenne, se forme très-bien en pyramide ; cependant, la plupart de ceux que nous connaissons, sont élevés en espalier et en contre-espalier ; nous pensons qu’il sera prudent de leur continuer cette culture en Belgique.

Le bois, assez gros, gris, forme avec le tronc un angle aigu ; les branches à fruits sont moyennes, grises ; les supports sont gros, gris, ridés à leur base, renflés, vert-jaunâtre, ponctués de roux à leur sommet.

Le bouton à fleur est moyen, ovale-pointu, brun-clair ombré de brun-noir et de gris-blanc.

Les jeunes rameaux sont moyens, légèrement coudés et striés.

L’épiderme, brun-noisette, est ponctué de petites lenticelles gris-blanc ; sur pyramide, ces rameaux sont grêles et un peu verdâtres.

Le gemme est conique, pointu, brun lavé de gris, écarté du rameau par le sommet et porté sur un léger renflement.

Les mérithalles sont courts et irréguliers.

Les feuilles sont moyennes, ovales ou ovales-lancéolées, aiguës, vert-clair ; leurs bords sont relevés en gouttière et leur serrature est large, aussi souvent obtuse que pointue ; leur longueur varie de 66 à 72 millimètres et leur largeur de 36 à 45. Sur lambourdes, les feuilles sont souvent entières. Il pousse aussi à la base des rameaux, d’amples feuilles, planes, ovales-arrondies, pointues, dont les bords sont plutôt festonnés que dentés, et qui mesurent jusqu’à 9 centimètres en longueur sur 8 centimètres en largeur.

Le pétiole est gros, vert très-clair, canaliculé, long de 20 à 25 millimètres.

Les stipules sont linéaires.

Alexandre Bivort.