Annales de pomologie belge et étrangère/Poire Docteur Bretonneau



Poire Docteur Bretonneau.

Poire Docteur Bretonneau.

(Esperen.)
Synonyme : Beurré Bretonneau.

(Spécimen récolté sur pyramide.)

La poire Docteur Bretonneau, dédiée au célèbre médecin de Tours, provient des semis de M. le major Esperen de Malines. Lors de son premier rapport en 1846, elle fut placée au premier rang des fruits tardifs par tous ceux qui eurent l’occasion de la goûter, et couronnée par la Société d’horticulture de Liége. Largement répandue dans les jardins dès l’année suivante, par feu notre collègue M. de Bavay, elle fut entée par plusieurs sur latérales d’anciens poiriers, où elle ne tarda pas à se mettre à fruit. Dès ce moment, sa qualité fut controversée ; admise par les uns comme excellente, elle fut reléguée parmi les fruits à cuire par les autres. Ces deux opinions si opposées étaient également justes ; il a été reconnu depuis, que la qualité de cette variété dépendait entièrement du sol dans lequel le sujet était planté ; ainsi, en sol argileux, naturellement froid, le Bretonneau n’est qu’un bon fruit à cuire, se conservant sans peine d’une année à l’autre ; dans un sol léger et chaud, c’est un bon fruit tardif à couteau.

Nous avons eu l’occasion de déguster plusieurs années de suite des fruits de cette variété, récoltés dans le jardin de M. Esperen, et nous avons toujours été d’avis que, sans être d’un mérite tout à fait transcendant, ils étaient cependant supérieurs à la plupart des poires anciennes, mûrissant en avril et mai. Ce n’est pas, au reste, la seule anomalie de ce genre, et nous pourrions citer bon nombre de fruits de première qualité qui sont très-médiocres dans certaines localités.

Le fruit du Bretonneau est assez gros, ovale allongé, parfois turbiné-pyriforme. L’épiderme rude, vert clair, passe au jaune d’or à sa maturité, il est ponctué, panaché et ombré de brun fauve sur toute sa surface et de brun rougeâtre du côté du soleil dans les sols très-chauds ou en espalier. Le pédoncule, long de 15 à 20 millimètres, gros, ligneux, parfois charnu, renflé aux deux bouts, brun-noir, est implanté obliquement à fleur du fruit. Le calice est large, couronné, ouvert, placé dans une cavité peu profonde ; ses divisions sont dressées, gris-noir, cotonneuses, parfois caduques. La chair est assez fine, blanc jaunâtre, tendre, demi-fondante ; son eau est suffisante, sucrée, d’un parfum agréable, sans être très-prononcé. Quelques petites concrétions pierreuses entourent le trognon.

Ce beau fruit doit se cueillir tard ; il ne lui manque qu’une eau plus abondante pour être tout à fait de première qualité.

L’arbre est naturellement pyramidal, assez vigoureux et très-fertile.

Ses branches à fruits sont courtes, grosses, grises.

Les boutons à fleur sont moyens, ovales, pointus, parfois coniques, obtus, brun ombré de brun-noir et lavé de gris.

Les supports sont grêles, courts, gris et ridés.

Les jeunes rameaux sont assez gros, longs, renflés et légèrement cotonneux à leur sommet, flexueux et striés. L’épiderme, gris verdâtre, est parsemé de nombreuses lenticelles, rondes ou ovales, proéminentes, roux clair.

Les gemmes sont gros, ovales, pointus, parfois obtus, brun nuancé de gris, saillants ; au sommet du rameau ils sont triangulaires, apprimés, brun-noir.

Les mérithalles sont courts, inégaux.

Les feuilles sont étroites, allongées ou ovales-lancéolées, pointues, fortement serretées, ondulées, vert pâle.

Le pétiole est long, grêle, canaliculé, vert jaunâtre.

Les stipules sont linéaires.

Alexandre Bivort.