Annales de pomologie belge et étrangère/Poire Beurré de Nivelles


Poire Beurré de Nivelles

Poire Beurré de Nivelles.

Poire Beurré de Nivelles.

(Parmentier.)

(Spécimen récolté sur pyramide.)

Voilà environ 18 ans que M. François Parmentier, de Nivelles, a trouvé cette variété parmi ses semis. Il serait assez extraordinaire qu’à une époque où les fruits nouveaux sont aussi vite connus, celui-ci soit resté presqu’inédit et ait autant tardé à se répandre en dehors de la localité où il a pris naissance, si nous ne pouvions assigner des motifs à cette espèce d’exclusion.

Plusieurs amateurs, et nous étions du nombre, faisaient peu de cas du Beurré de Nivelles, parce que les exemplaires soumis primitivement à leur dégustation mûrissaient généralement en novembre, époque où il était surpassé en qualité par beaucoup de ses congénères.

Nous serions restés de cet avis si notre collègue M. Royer, de Namur, ne nous avait présenté en avril dernier de beaux exemplaires de cette poire, d’une conservation parfaite et d’une excellente qualité pour l’époque, sans avoir dû employer à cette conservation aucun moyen en dehors de ceux généralement employés.

Peut-être ce fait ne se représentera-t-il pas chaque année et partout, mais nous sommes fondés à croire qu’il se renouvellera car lors de son introduction, il a été annoncé comme fruit tardif, par son inventeur et s’il a varié par la suite, comme la plupart des fruits de semis, il tend maintenant à reprendre ses allures primitives. Cette anomalie, concernant l’époque de la maturité, se présente dans beaucoup de fruits nouveaux, surtout lorsqu’ils sont greffés sur le coignassier ; ainsi le Zéphirin Grégoire, le Beurré Delfosse et le Rousselet Vandervecken, ont des exemplaires mûrs dès le mois de novembre, et d’autres qui se conservent très-bien jusqu’en janvier et février. Les plus beaux spécimens du beurré Diel mûrissent en novembre, et les plus petits vont jusqu’en février. Nous pouvons également citer parmi les anciens fruits, le Passe Colmar, le Saint-Germain et le Bergamote de Pentecôte ou Doyenné d’hiver, qui sont généralement tardifs et qui en certaines années montrent des exemplaires mûrs dès le mois de novembre.

En résumé le Beurré de Nivelles est un fruit de second rang lorsqu’il mûrit en novembre, et de premier rang lorsqu’il mûrit en mars et avril ; il est moyen ou assez gros, turbiné pyriforme, un peu bosselé.

L’épiderme, jaune obscur à l’époque de la maturité, ombré de gris brun, finement ponctué de roux et de gris, est panaché de rouge cerise du côté du soleil. Le pédoncule, long de 20 à 22 millimètres, grêle, ligneux, noir, est placé un peu obliquement dans une cavité peu profonde et bosselée. Le calice, irrégulier, occupe une petite cavité dont l’orifice est entouré de légères gibbosités ; ses divisions sont caduques. La chair est assez fine, fondante, son eau est abondante, sucrée, agréablement parfumée.

L’arbre, d’une vigueur presque moyenne, est très-fertile ; il se cultive sous la forme pyramidale et se comporte également bien sur franc ou sur coignassier. Cependant nous conseillons de le greffer de préférence sur le premier sujet ou tout au moins sur intermédiaire.

Ses branches à fruits sont grêles, longues, grises.

Les supports sont allongés, verdâtres, peu renflés à leur sommet.

Le bouton à fleur est moyen, ovale, pointu, brun foncé, fortement lavé de gris blanc.

Les jeunes rameaux sont grêles, de longueur moyenne, très-striés, cotonneux et légèrement coudés à chaque gemme. L’épiderme, brun-verdâtre du côté de l’ombre, brun foncé teinté de rouge-violacé du côté du soleil, est ponctué de lenticelles, nombreuses, petites, ovales rousses, concaves, irrégulièrement disséminées sur toute sa surface.

Le gemme est gros, épaté, à peine pointu, fortement saillant, duveteux, brun-noir.

Les mérithalles sont très-courts, inégaux.

Les feuilles sont grandes, ovales, pointues ou ovales-arrondies, aiguës, planes, vert clair à serratures larges et peu profondes, parfois entières. Il arrive souvent que la serrature n’est accusée que par quelques petites pointes très-aiguës, qui dépassent à peine le bord de la feuille.

Le pétiole est assez gros, largement canaliculé, vert clair, long de 15 à 30 millimètres.

Les stipules sont linéaires.

Alexandre Bivort.