Annales de pomologie belge et étrangère/Poire Bergamote Crassane d’hiver




Poire Bergamote Crassane d’hiver.

(Bruneau.)
Synonyme : Beurré Bruneau.

(Spécimen récolté sur pyramide.)

M. de Liron d’Airoles, membre correspondant de la Commission royale de Pomologie belge, a bien voulu nous communiquer sur cette poire la notice suivante, extraite de la Liste synonymique et historique des diverses variétés du Poirier, qu’il doit publier en 1857.

« L’arbre-mère de cette excellente variété a pris naissance dans la propriété de la Bourdinière (commune de Château-Thibaut, Loire-Inférieure), appartenant à M. Ruet, de Nantes.

» Depuis plusieurs années les fruits en étaient consommés par le jardinier, qui se félicitait de posséder, sans savoir comment, un aussi bon fruit tardif.

» Ce fut en 1835 que M. François Bruneau, pépiniériste au jardin du Pavillon, à Nantes, put déguster cette bonne poire, en constater la nouveauté et la communiquer aux pépiniéristes d’Angers qui, comme lui, en reconnurent les bonnes qualités. Ce n’est qu’en 1837 que des sujets furent mis dans le commerce, et le premier rapport connu ne remonte pas au delà de 1830. »

Cette variété n’a pas entièrement répondu en Belgique aux éloges, un peu exagérés peut-être, qui l’accompagnaient à son entrée dans le monde horticole ; elle est cependant digne de nos soins et ne mérite pas la défaveur dont elle semble être l’objet depuis peu. En changeant de climat et de sol, les meilleurs fruits sont sujets à varier en bien ou en mal, et cela a lieu surtout lorsqu’ils sont transportés du midi au nord. Ainsi nous ne retrouvons pas généralement, ici, dans les fruits français, les qualités supérieures qui leur ont été reconnues chez eux, si ce n’est quand ils ont fructifié dans les parties les plus chaudes et les plus abritées du pays ; nous rangeons naturellement dans cette catégorie, en Belgique, la vallée de la Meuse, d’où nous vient l’exemplaire de la Bergamote que nous avons à décrire.

Nous devons donc prémunir nos lecteurs belges contre la culture de cette variété en pyramide, dans les sols argileux et froids, et leur conseiller de la placer en espalier au midi. Nul ne regrettera par la suite de lui avoir donné cette exposition privilégiée, qu’elle mérite par sa beauté, sa bonté et sa longue garde.

Le fruit est gros, bosselé, régulièrement arrondi, en forme de Bergamote ou un peu turbiné. L’épiderme est rude, jaune d’or à la maturité, légèrement coloré du côté du soleil, parsemé de nombreux points gris-roux et panaché de même couleur. Le pédoncule, grêle, ligneux, noir, long de 3 centimètres, renflé à son sommet, est implanté dans une cavité profonde, dont l’orifice est large et bosselé. Le calice est ou couronné, ou irrégulier ; il occupe une cavité étroite arrondie, assez profonde ; ses divisions sont dressées, noires. La chair, d’un blanc rosé, est assez fine, tendre ou demi-fondante ; son eau est suffisante, sucrée et d’un parfum des plus agréables. L’époque de sa maturité a lieu en février et mars.

L’arbre, généralement peu vigoureux, fertile, se greffe sur franc et sur coignassier ; ses branches à fruits sont moyennes, brun noisette, ensuite grises. Ses supports sont gros, courts, ridés et étranglés à leur base ; fortement renflés, bruns à leur sommet.

Le bouton à fleur est moyen, ovale pointu, brun clair lavé de gris argenté.

Les jeunes rameaux sont assez longs, grêles, droits et striés. L’épiderme, brun noisette, lisse, luisant, est ponctué de très-petites lenticelles rousses, proéminentes par leurs bords et concaves par leur centre.

Le gemme est petit, triangulaire, pointu, brun foncé, apprimé à sa base, écarté à son sommet.

Les mérithalles sont courts.

Les feuilles sont amples, lancéolées ou ovales-lancéolées aiguës, d’un beau vert, planes ou à bords légèrement relevés en gouttière et un peu arquées ; leur serrature est fine, souvent irrégulière.

Le pétiole, long de 2 à 5 centimètres, est grêle, canaliculé, vert jaunâtre.

Les stipules sont linéaires.

Alexandre Bivort.