Annales de pomologie belge et étrangère/Pêche d’Oignies



Pêche d’Oignies.

Pêche d’Oignies.


(Spécimen récolté sur espalier.)

Il y a divergence d’opinion sur l’origine de cette pêche. Provient-elle des jardins de l’ancienne abbaye d’Oignies, ou bien a-t-elle pris naissance au village du même nom près de Couvin ? Nous ne pouvons rien affirmer à cet égard, mais nous penchons pour cette dernière origine. Quoi qu’il en soit, elle est très-généralement cultivée dans la province de Hainaut.

Ce qui est plus intéressant pour nous, c’est la précieuse faculté de cette variété, de se reproduire toujours bonne de noyau et de bien mûrir en haut-vent, sur son pied de semis ; nous soulignons cette phrase, car non-seulement nous ne pourrions affirmer qu’il en soit de même lorsqu’elle a été transportée sur un autre sujet, mais nous croyons le contraire. On remarque d’ailleurs sur les sujets de semis, des divergences dans les époques de maturité.

Nous avons reçu plusieurs spécimens de la Pêche d’Oignies, provenant de semis cultivés en espalier par M. Buisseret, professeur à Thuin, et les avons comparés à ceux venus en haut-vent que nous avions décrits antérieurement ; il y avait peu de différence entre eux, tous étaient très-bons, et leurs noyaux présentaient le même caractère distinctif. Toutefois, M. Buisseret nous a fait observer que les fruits venus en espalier étaient ordinairement plus gros que ceux qu’il m’envoyait cette année.

La pêche est moyenne ou assez grosse, arrondie ; la peau est très-duveteuse, jaune-verdâtre, légèrement ponctuée et plus ou moins colorée de rouge du côté du soleil ; elle se détache bien de la chair. Le sillon est large et peu profond, excepté proche du pédoncule qui est très-court et occupe une cavité profonde. Le point pistillaire est petit, brun, pointu, saillant, ordinairement placé au sommet d’une petite éminence charnue. La chair, blanc-jaunâtre, légèrement colorée autour du noyau, est fine, fondante ; son eau est abondante, sucrée, d’un arôme des plus agréables.

Le noyau est moyen, ovale ; il se termine en pointe très-allongée et acérée ; les joues sont convexes, rugueuses ; les arêtes du ventre sont obtuses, crénelées, divisées par un sillon étroit et profond ; celles du dos sont obtuses, peu saillantes et peu divisées.

Cette bonne pêche mûrit au commencement de septembre en espalier et vers la fin du mois en haut-vent.

L’arbre est assez vigoureux et très-fertile ; les jeunes rameaux sont verts, colorés de rouge du côté du soleil. Les feuilles sont étroites, allongées, pointues, minces ; leur serrature est fine et régulière. Le pétiole est très-court, largement canaliculé, vert clair ; sur quelques semis, il supporte deux petites glandes reniformes, concaves dans leur centre, jaune clair. On cite, comme exemple, de la vigueur de ces arbres de semis, des pieds plantés depuis 20 à 30 ans, et couvrant de leurs branches, jusqu’à cent mètres carrés de murs.

Alexandre Bivort.