Annales de mathématiques pures et appliquées/Tome 08/Dynamique, article 1

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Solution d’un cas particulier du problème de dynamique
proposé à la page 72 de ce volume ;

Par M. Le Barbier.
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Problème. Déterminer le mouvement du centre de gravité d’un corps solide posé sur un plan horizontal et terminé inférieurement par une courbe donnée, dans le cas où le plan qui passe par l’axe du corps partage ce corps en deux parties égales et symétriques[1] ?

Solution. Soient (fig. 2.) la section du plan vertical avec le corps ; cette section dans la position d’équilibre ; position où l’axe , qui est alors , est supposé vertical ; deux axes rectangulaires, pris dans le plan de la section , tels que représente la projection du plan horizontal ; le centre de gravité du corps ; le point de contact de la section avec le plan horizontal. Soient de plus deux axes rectangulaires, auxquels nous rapportons l’équation de la section  ; la masse du corps, la gravité, à la hauteur du centre de gravité au-dessus du plan horizontal, dans sa position d’équilibre ; deux droites quelconques rectangulaires entre elles.

Soient enfin menés ainsi que la droite perpendiculaire sur Soient faits

La force dirigée suivant la verticale se décompose, à cause de la résistance du plan horizontal, en deux autres, l’une dirigée suivant et l’autre dirigée suivant perpendiculaire à de sorte que sera la force décomposée suivant Mais cette dernière force, que nous pouvons représenter par la partie du prolongement de se décompose, à son tour, suivant perpendiculaire à et dirigée suivant ainsi, en achevant le parallélogramme on aura Le centre de gravité du corps sera donc mue en vertu de la force unique

La seconde des équations (1) (Annales, tom. VIII, pag. 39) devient ainsi

ou bien

(1)

Soit maintenant l’équation de la courbe rapportée aux axes Si on désigne généralement par l’abscisse du point on aura évidemment

mais comme, au moyen de la formule trigonométrique qui donne la tangente de la différence de deux arcs en fonction des tangentes de chacun d’eux, on a

il viendra, en vertu des valeurs de et

Désignons, pour abréger, cette dernière fonction de par et faisons Si désigne l’abscisse qui répond au point sera une petite quantité, dans l’hypothèse où le corps a été très-peu écarté de sa position d’équilibre ; de sorte que, si l’on développe la fonction suivant les puissances ascendantes de au moyen du Théorème de Taylor ; l’équation du mouvement deviendra, en employant les fonctions prime, seconde, tierce, … de la Théorie des fonctions analitiques,

(2)

Cela posé, de la valeur de on tirera celle de  ; et, comme d’ailleurs il viendra, toutes réductions faites,

Si l’on désigne, pour abréger, le second membre de cette équation par on aura, à cause de

ou bien simplement

parce que est zéro en même temps que on aura donc, par le retour des suites,

substituant cette expression de dans l’équation (2), prenant et négativement, comme l’indique la figure, et ne retenant que la première puissance de il viendra

Cette équation se simplifie en prenant l’axe du corps pour axe des En effet, dans ce cas d’où et par conséquent

équation dont l’intégrale est

et étant deux constantes arbitraires.

Si maintenant on différentie les fonctions et on trouvera


Supposons maintenant que la courbe soit une des sections coniques, renfermées dans l’équation

(3)

l’origine des abscisses étant située au sommet de la courbe. Si l’on transporte celle origine à une distance du sommet, et que l’on prenne pour positives celles qui se dirigent vers le sommet, on aura de sorte que si, après avoir substitué cette valeur de dans l’équation (3), on efface l’accent de la nouvelle abscisse et que l’on fasse, pour abréger

il viendra

D’après les valeurs de et rapportées ci-dessus, ou trouvera, en observant toujours que , et en faisant les réductions convenables

Ainsi, en supposant qu’il n’y ait point de vitesse initiale, on aura

valeur fort simple qui fait voir 1.o que le mouvement est indépendant de la grandeur du corps et de son poids ; 2.o que l’équilibre sera stable ou non stable, suivant que sera plus petit ou plus grand que ou, en d’autres termes, que l’équilibre sera stable ou non stable, suivant que la hauteur du centre de gravité au-dessus du plan horizontal sera plus petite ou plus grande que le rayon de courbure au sommet de la courbe, et que le mouvement sera nul, lorsque la hauteur du centre de gravité sera égalé au rayon de courbure. Quant à cette dernière condition, il est facile de s’en assurer, par l’inspection seule de la figure, et par la valeur connue du rayon de courbure des lignes du second ordre[2].

On conclut encore de la valeur de ce théorème que les petits mouvemens seront les mêmes pour tous les corps dont la section est une des lignes du second ordre qui ont le même paramètre ; puisque la valeur de est indépendante de

Si l’on désigne par le temps d’une oscillation entière, représentant toujours, comme à l’ordinaire, le rapport du rayon à la demi-circonférence, on aura

et par conséquent

d’où l’on voit que le temps d’une oscillation entière est le plus petit possible lorsque et va toujours en augmentant, jusqu’à où il est le plus grand possible ; c’est-à-dire qu’alors le mouvement est nul.

On aura la position du centre de gravité moyennant les coordonnées et or, étant égal à sera connu ; quant à il est facile de voir que l’on a

et, comme nous avons en fonction linéaire de tout sera connu dans cette dernière expression.

  1. L’axe du corps est ici, comme dans notre Mémoire sur la stabilité de l’équilibre des corps flottans (Annales, tom. VIII, pag. 37), la droite verticale qui, dans la position d’équilibre du corps, passe par son centre de gravité.
  2. Voyez le Traité de calcul différentiel et de calcul intégral de M. Lacroix, tome I, page 450 (deuxième édition).