Annales de mathématiques pures et appliquées/Tome 05/Géométrie élémentaire, article 3

GÉOMÉTRIE.

Théorèmes relatifs aux polygones réguliers ;
Par feu Français, professeur aux écoles d’artillerie.
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Il a été fait mention, dans le IV.e volume de ce recueil (pages 70 et 133) d’une communication faite par M. Legendre à feu M. Français, au sujet de la nouvelle théorie des imaginaires de M. Argand, Ce qu’on va lire est la substance d’une réponse à cette communication, datée de La Fère, 7 novembre 1806. M. Français mande à M. Legendre qu’il était, dès l’an X, en possession des théorèmes que sa lettre renferme, qu’il en supprime les démonstrations, pour éviter les longueurs ; mais qu’il pense qu’elles doivent se rattacher facilement à la nouvelle théorie. Il termine ainsi :

« Je suis intimement persuadé que la Géométrie de position va enfin voir le jour. Depuis Leibnitz, plus d’un siècle elle fut annoncée, aux savans. C’en est fait, je crois, elle va naître ou elle est née : gloire à son-auteur ».

Nous aurions pu tenter de donner les démonstrations de ces théorèmes ; nous avons pensé qu’il était plus convenable de laisser au lecteur le plaisir de les découvrir.

Dans tout ce qui va suivre, nous représenterons constamment par les sommets d’un polygone régulier ; sera son centre ; seront respectivement les rayons des cercles circonscrit et inscrit ; sera un point placé à une distance du centre, et dont nous indiquerons la situation dans chaque cas ; et seront des nombres abstraits, entiers et positifs ; et sera la demi-circonférence du cercle dont le rayon Nous ferons connaître las autres notations à mesure qu’elles nous seront nécessaires.

THÉORÈME I. Dans tout polygone régulier de côtés, où le point est quelconque ; étant  ; on a

l’intégrale étant prise, dans le second membre, depuis jusqu’à

Corollaire I. et étant deux quelconques des points de la circonférence d’un cercle concentrique à notre polygone, et étant toujours  ; on a

Corollaire II. Deux polygones réguliers étant inscrits au même cercle ; si l’on a et on aura, étant quelconque

Corollaire III. étant toujours quelconque ; soit mené au cercle circonscrit le rayon perpendiculaire à et soient joints on aura

Corollaire IV. étant un quelconque des points de la circonférence du cercle circonscrit au polygone, et étant toujours on a

Corollaire V. étant encore quelconque sur la circonférence de cercle circonscrit, et étant le nombre des côtés du polygone ; en supposant toujours  ; on aura

THÉORÈME II. étant toujours quelconque, sur la circonférence du cercle circonscrit, et le nombre des côtés du polygone étant quel que soit le rapport de à  ; on aura

THÉORÈME III. Deux polygones réguliers et de et côtés étant inscrits au même cercle ; et étant deux quelconques des points de la circonférence de ce cercle ; étant la corde qui divise l’angle en deux parties égales, si l’on a on aura

THÉORÈME IV. Deux polygones réguliers et de et côtés étant inscrits au même cercle ; et deux points étant pris quelconques sur la circonférence de ce cercle ; en supposant on aura

THÉORÈME V. Le point étant quelconque, et étant le nombre des côtés du polygone ; soit le diamètre du cercle circonscrit passant par  ; soit pris, sur la circonférence de ce cercle, à partir du point un arc si de plus on prend, sur ce diamètre ou sur son prolongement ; un point tel que l’on ait et si enfin on joint on aura

Corollaire I. Le point étant pris arbitrairement sur la direction de et le nombre des côtés du polygone étant toujours on aura

suivant que le point sera intérieur ou extérieur au polygone.

Corollaire II. Le point étant quelconque, sur la circonférence du cercle circonscrit, et étant le nombre des côtés du polygones ; si l’on prend, à partir de l’arc et qu’on mène la corde on aura

THÉORÈME VI. Tout étant ici comme dans le Théor. V, si ce n’est que le nombre des côtés du polygone est supposé si l’on prend, sur la direction du diamètre un point aussi éloigné du centre que l’est le point mais du côté opposé ; en joignant an aura

les points étant tels que et le point étant tel que l’arc

Corollaire I. Deux points étant quelconques, sur la circonférence d’un cercle concentrique à un polygone régulier de côtés ; on a

Corollaire II. Le point étant quelconque, sur la direction de suivant que ce point sera extérieur ou intérieur au polygone, supposé de côtés, on aura

On aura aussi, quel que soit sur

Corollaire III. et étant quelconques sur la direction de et étant toujours le nombre des côtés du polygone ; on aura

les signes supérieurs devant être pris dans les deux membres, si et sont intérieurs au polygone ; les signes inférieurs, s’ils lui sont tous deux extérieurs ; enfin le signe inférieur du premier membre devant être pris avec le signe supérieur du second, si est extérieur et intérieur.

Corollaire IV. Deux polygones réguliers de côtés étant concentriques, et ayant leurs côtés respectivement parallèles ; et étant quelconque sur la direction on aura

Les signes supérieurs devant être pris, dans les deux membres, si le point est extérieur aux deux polygones ; les inférieurs, s’il est intérieur à tous deux ; enfin, le signe supérieur du premier membre devant être pris avec l’inférieur du second si le point est situé entre les deux polygones.

Dans tout ce qui va suivre seront les pieds des perpendiculaires abaissées du point sur les directions des côtés respectivement ; seront les points de contact des mêmes côtés avec le cercle inscrit.

THÉORÈME VII. Le point étant quelconque, et le nombre des côtés du polygone étant  ; on a

l’intégrale étant prise entre et

Corollaire I. et étant deux points quelconques d’une circonférence concentrique à un polygone régulier, dont le nombre des côtés est on a

Corollaire II. Le point étant toujours quelconque, et étant les nombres de côtés de deux polygones réguliers circonscrits au même cercle ; on aura

Corollaire III. Quel que soit le point et le nombre des côtés d’un polygone régulier ; on a

Corollaire IV. étant quelconque sur la circonférence du cercle inscrit et le nombre des côtés du polygone étant toujours on a

Corollaire V. étant toujours sur la circonférence du cercle inscrit, et le nombre des côtés du polygone étant encore on aura

Corollaire VI. Tout étant comme dans le précédent corollaire, on aura encore

étant le rayon du cercle circonscrit, et l’intégrale devant être prise entre et

THÉORÈME. VIII. étant quelconque, et étant le nombre des côtés du polygone ; en posant l’angle on aura

Corollaire I. Si, par un point extérieur à un polygone régulier de côtés on mène au cercle inscrit une tangente le touchant en en posant l’angle et conservant à sa précédente valeur ; on aura

Corollaire II. Si le point est au contraire intérieur au polygone ; en élevant à en une perpendiculaire terminée en à la circonférence du cercle inscrit, menant le rayon et posant l’angle on aura

Corollaire III. étant sur la circonférence du cercle inscrit ; on a

Corollaire IV. Si, au contraire, est sur la circonférence du cercle circonscrit ; on aura

Corollaire V. Deux polygones réguliers de côtés étant l’un circonscrit et l’autre inscrit à un même cercle ; d’un rayon de telle manière que leurs côtés soient respectivement parallèles ; et étant un point quelconque de la circonférence ; on a, abstraction faite des signes des perpendiculaires,

Corollaire VI. Si, au contraire, les sommets de l’inscrit répondent aux milieux des côtés du circonscrit ; on aura, en faisant toujours abstraction des signes des perpendiculaires,

Corollaire VII. Le point étant sur la circonférence du cercle circonscrit à un polygone régulier de côtés ; on aura

THÉORÈME IX. Les côtés d’un polygone régulier de côtés étant prolongés jusqu’à la rencontre d’une transversale quelconque en et la perpendiculaire abaissée du centre du polygone sur cette droite étant supposée en désignant toujours par l’angle formé par avec le rayon du cercle inscrit qui se termine au milieu du premier côté on aura, si est impair,

et, si est pair,

abstraction faîte des signes.

Corollaire I. Si la transversale est tangente au cercle inscrit ; et si, ayant pris l’arc on mène par une tangente rencontrant la transversale en en faisant toujours abstraction des signes, on aura, si est pair,

et si est impair,

Corollaire II. Si la transversale est tangente au cercle circonscrit en en prenant, à partir de l’arc menant au cercle, par la tangente rencontrant la transversale en on aura, toujours abstraction faite des signes, si est impair ;

et si est pair,

Corollaire III. Enfin, la transversale étant supposée passer par le centre du polygone ; si par l’un des points où cette droite coupe le cercle inscrit, on mène à ce cercle une tangente perpendiculaire à la transversale ; et si, après avoir mené le rayon parallèle à cette tangente, et pris l’arc on mène le rayon par le milieu de l’arc et prolongé jusqu’à la rencontre de la tangente en on aura ; en faisant encore abstraction des signes, si est impair,

et, si est pair,

[1]
  1. Il serait curieux de rechercher si les polygones étoiles de M. Poinsot, ou même ceux qui ont été considérés par M. Argand, à la page 189 de ce volume, ne jouissant pas de quelques propriétés analogues ; en supposant toutefois, pour ces derniers, ou que leurs sommets sont uniformément distribués sur une circonférence de cercle, ou que leurs côtés sont tangens à un même cercle, et ont leurs points de contact avec lui uniformément distribués sur la circonférence.
    J. D. G.