Annales de mathématiques pures et appliquées/Tome 05/Combinaisons, article 1

QUESTIONS RÉSOLUES.

Solution du problème de situation proposé à la page
231 du 3.me volume des Annales ;
Par M. Argand.
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N. B. Le rédacteur des Annales a reçu de M. Argand un beau mémoire d’analise indéterminée, contenant la solution du difficile problème de la page 231 du 3.e volume de ce recueil. Ce mémoire étant trop étendu pour pouvoir paraître de suite, l’auteur, à la prière du rédacteur, a bien voulu en faire un extrait, présentant le procédé pratique, dégagé de tout raisonnement ; extrait très-propre à aider à l’intelligence du mémoire, lorsqu’il paraîtra ; c’est cet extrait que l’on va mettre sous les jeux du lecteur. On doit espérer que l’exemple de M. Argand encouragera quelques géomètres à aborder d’autres questions, proposées dans les Annales, et demeurées jusqu’ici sans solution.

PROBLÈME, Soit une circonférence divisée en un nombre quelconque de parties égales ; et soient affectés arbitrairement, et sans suivre aucun ordre déterminé, aux points de division, les numéros Soient joints ensuite, par des cordes, le point au point celui-ci au point le point au point et ainsi de suite, jusqu’à ce qu’on soit parvenu à joindre le point au point et enfin ce dernier au point On formera ainsi une sorte de polygone de côtés, inscrit au cercle, et qui en général, ne sera point régulier, puisque ses côtés pourront être inégaux, et que même quelques-uns d’entre eux pourront en couper un ou plusieurs des autres. Si l’on varie ensuite, de toutes les manières possibles, le numérotage des points de division, et qu’on répète, pour chaque numérotage, la même opération que ci-dessus, on formera un nombre déterminé de polygones inscrits, parmi lesquels plusieurs ne diffèreront les uns des autres que par leur situation.

On propose de déterminer, en général, quel sera le nombre des polygones réellement différens ?

Solution. Soit le nombre des côtés du polygone que, dans les exemples qui suivront, nous supposerons constamment

1. Soit, en général, suivant la notation de M. Kramp, on aura ainsi

On sait d’ailleurs que

Employons le symbole à désigner combien il y a de nombres premiers à dans la suite on aura ainsi Il est connu que si étant des nombres premiers inégaux, on aura, en général,

sont les diviseurs de compris ; de sorte que, s’ils sont disposés par ordre de grandeur, on a Représentant donc, en général, par un de ces diviseurs, sera susceptible de valeurs.

Pour on a et les valeurs de dans ce cas, seront donc

sont les diviseurs de non compris, de manière que leur nombre est et que, s’ils sont disposés par ordre de grandeur, on a

2. sont des signes de fonctions dont on va successivement expliquer la nature.

La définition de la fonction quel que soit est

Ainsi pour

3. est une fonction dont la définition est

Pour impair
Pour pair

Ainsi, pour

4. est une fonction dont la définition est

Pour impair
Pour pair et

Ainsi, pour

5. sont des fonctions dont la définition générale est

d’où l’on voit que, pour calculer ces sortes de fonctions, il faut aller continuellement des plus petits nombres aux plus grands, en observant que, 1 n’ayant pas de diviseurs plus petits que lui, on a simplement

Comme, par le n.o précédent, on a, dans le cas de impair, et comme d’ailleurs un nombre impair ne peut avoir que des diviseurs impairs, il s’ensuit qu’on peut, quand est impair, écrire plus simplement .

À l’aide de ces attentions on trouvera, pour

6. Des fonctions et on tire les fonctions de la manière suivante :

Pour pair

Pour impair

et ne s’emploient pas dans ce second cas.

Ainsi, pour




7. Les fonctions et conduiront aux fonctions en faisant

Ainsi, pour

8. Ce qui précède forme, quand est impair, la première partie du procédé ; mais, quand est pair, il faut, de plus, effectuer les déterminations suivantes

puis pour

Ainsi, pour


On fera ensuite

étant impair, dans notre exemple, on a

On posera ensuite, quel que soit

Ainsi, dans notre exemple,

9. Voici maintenant la seconde partie du procédé. On y emploie les fonctions qui, comme les précédentes ont pour sujet les différentes valeurs de avec cette restriction que s’applique aux valeurs impaires seulement, et aux valeurs paires, en exceptant la valeur Quant à elle s’applique à toutes les valeurs de mais en exceptant encore d=N, si est pair.

Les valeurs de ces diverses fonctions sont les suivantes :

Ainsi, dans notre exemple,

10. Quand est pair, on doit en outre faire

Ainsi, dans notre exemple, où on a

On fera ensuite, quel que soit

ce qui donne, dans notre exemple,

11. Enfin, en nommant le nombre des polygones qui sont l’objet du problème, ce nombre, dans le cas de impair, sera la somme de toutes les fonctions et dans le cas de pair, il sera cette somme, augmentée de celle des nombres

Ainsi puisque, dans notre exemple, nombre pair, on aura

ou

On aura donc douze polygones essentiellement différens, Si l’on veut les construire, il suffira de construire douze cercles, de diviser chacun d’eux en six parties égales, de numéroter ensuite consécutivement les points de division ainsi qu’il suit

et joindre enfin les points de division par des cordes, suivant les conditions prescrites dans l’énoncé du problème.

12. En faisant successivement diverses suppositions pour et appliquant à chacune d’elles les méthodes qui viennent d’être développées ; on trouve,