Maison Aubanel père, éditeur (p. 109-110).

XVI


L’arpenteur Marcheterre, qui avait profité des bons soins d’Antoinette Dupuis au dispensaire, était suffisamment remis pour entreprendre le voyage à Québec en avion.

Par un beau matin de novembre, où la froide bise commençait à fouetter la figure, Jacques et son compagnon quittèrent la Rivière-au-Tonnerre, au milieu des acclamations de la foule qui s’était donné rendez-vous encore une fois sur la grève pour dire un dernier merci au capitaine.

Angéline assista au départ de son fiancé, et tout le monde était surpris du calme qu’elle manifesta, quand Jacques vint lui dire un dernier mot d’adieu.

Cinq heures après le départ de Jacques, Angéline recevait le télégramme suivant :

Québec, le 20 novembre 19…
Mademoiselle Angéline Guillou,
Rivière-au-Tonnerre.

Arrivé sain et sauf avec compagnon. Écris par premier courrier.

Jacques.


Ce court message réjouit plus l’âme d’Angéline que l’annonce de la découverte de son trésor par Jacques. Elle le savait sain et sauf, cela suffisait à son bonheur présent, et elle se rendit immédiatement à l’église pour remercier Notre-Dame de la Garde du sauf-conduit qu’elle avait accordé à son fiancé et à son compagnon.

Quinze jours plus tard l’arpenteur Marcheterre convalescent, recevait la nouvelle que son guide était rendu à bon port en compagnie des deux aides qui étaient allés à sa rencontre. Le dernier bateau étant parti avant leur arrivée, ils durent se résigner à passer une partie de l’hiver à Natashquan en attendant qu’un brise-glace du gouvernement qui visitait la Côte une fois ou deux durant l’hiver vint les chercher.