Anecdotes pathétiques et plaisantes/Préface

Librairie militaire Berger-Levrault (p. 7-8).


Préface




Parmi tant de récits que la presse recueille chaque jour de la bouche même de nos soldats, il n’en est point de plus agréables et de plus émouvants que les traits d’héroïsme accomplis par les vaillants défenseurs des nations alliées.

À lire ces courts épisodes de la vie militaire, tour à tour pathétiques et plaisants, on découvre, mieux que dans les plus savantes études, l’âme diverse de ceux qui luttent pour la cause du Droit et de la Liberté.

Si les romanciers du siècle dernier ont puisé largement dans les recueils rapportant l’humour des Grognards du premier Empire, on peut être assuré que les écrivains de l’avenir, pour animer leurs pages guerrières, ne manqueront certes pas de mettre à contribution les faits de bravoure et de gaieté des Poilus de notre époque.

Ces petites anecdotes rapportées sans ostentation, sans désir de vaine parade, mais simplement comme elles se sont passées, avec le seul correctif qu’apporte toujours l’imagination populaire, formeront pour les temps futurs de splendides, d’impressionnants, de réconfortants et d’extraordinaires trésors de la force morale des combattants de France, d’Angleterre, de Belgique, de Russie, et de nos colonies lointaines. Elles formeront aussi une suite d’exemples à proposer, dans les écoles, aux enfants de Ceux qui furent les auteurs anonymes de ces pages vibrantes.

En groupant, dans un petit volume accessible à tous, les plus beaux petits faits historiques, illustrant ce que l’on a déjà appelé justement la Grande Guerre, nous avons voulu, après avoir écrit plusieurs autres ouvrages patriotiques, dresser, pour l’éducation civique des jeunes enfants, le répertoire des gestes héroïques de leurs pères.

À feuilleter ce livre, ils se prépareront avec enthousiasme, avec joie et avec émotion souvent à faire sans faiblesse et noblement, s’il le fallait encore, le sacrifice de leur vie. Mais nous souhaitons surtout qu’ils puissent, en se pénétrant de cette lecture, apprendre à aimer ceux auprès de qui leurs pères ont combattu gaiement et sont souvent tombés en courant à l’attaque avec le sourire. Car, c’est en estimant nos Alliés d’aujourd’hui et en restant leurs amis dans l’avenir, que ces futurs jeunes hommes travailleront de leur mieux au maintien d’une paix juste et définitive.

Gabriel LANGLOIS.
Paris, le 8 juillet 1915.