Amours et priapées/Le Roi rouge

Amours et priapéesPoulet-Malassis (p. 79-80).


LE ROI ROUGE


Son front est couronné de lys et d’oranger,
Où le coquelicot, comme une flamme, éclate ;
Sur son épaule il jette un manteau d’écarlate,
Quand l’aile de ses pieds s’ouvre pour voyager.

Portant dans sa main gauche une lance d’ivoire,
Où luit un serpent vert qui siffle et qui se tord,
Il court du sud à l’est et de l’ouest au nord,
Et perce de ses coups la femme, blanche ou noire.


Les vierges de douze ans dorment, croisant les bras :
Le Roi Rouge survient, qui, soulevant les draps,
De leurs nubilités ensanglante la rose.

La jeune fille pleure, et tout son cœur se fond ;
Mais, essuyant sa lance, il rit et lui répond :
« Demain tu béniras cette métamorphose. »