Amours et priapées/Le Rêve. — À une jeune Fille

Amours et priapéesPoulet-Malassis (p. 49-50).
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LE RÊVE


À une jeune fille


Tu ne t’en doutes pas, — j’ai dormi dans la couche
Où la prière vient fermer ton grand œil bleu ;
Et le lin virginal, qui chaque nuit te touche,
Enveloppa mon corps dans des replis de feu.

Je mordais l’oreiller où je cherchais ta bouche ;
Pour t’avoir sur mon cœur, j’aurais renié Dieu…
Pardonne ! chaste enfant qu’un regard effarouche,
Qu’un baiser fait rougir, si j’ai dormi bien peu.


Le sommeil vint changer la rêverie en rêve…
Tu te laissas tenter, Ô blanche fille d’Ève !
Le plaisir ou l’amour t’enferma dans mes bras ;

Je t’accablai des noms qu’on donne à sa maîtresse,
Et ton lit fut témoin de ma dernière ivresse ;
Mais, le réveil venu, je ne t’y trouvai pas !