Amours et priapées/L’Eunuque blanc. — I. Négresse

Amours et priapéesPoulet-Malassis (p. 65-66).


L’EUNUQUE BLANC

I

NÉGRESSE


Un eunuque d’Asie, enivré de paresse,
Joue avec le collier d’ambre d’une négresse,
Écoute les jets d’eau pleuvoir dans les bassins,
Et fume le chibouk, couché sur des coussins.

De loin, une odalisque, aussi blanche qu’un cygne,
L’appelle d’un sourire, et du doigt lui fait signe.
L’esclave, obéissant, lève son front pâli.
Mais la négresse a vu le rendez-vous d’Ali,


Et dans ses yeux la haine a remplacé la joie.
Comme un chat-tigre auquel on arrache sa proie,
Jalouse, elle leur lance un défi triomphant :

— « Sous les flots du Bosphore, à la première étoile,
Iront dormir, cousus dans un grand sac de toile,
La sultane amoureuse et l’amoureux enfant ! »