Léda (1869)
Amours et priapéesPoulet-Malassis (p. 95-96).


LÉDA


Orné de la blancheur des neiges de l’Ida,
Pour croître le trésor de ses métamorphoses,
Sur le clair Eurotas, parmi les lauriers roses,
Le cygne olympien a nagé vers Léda.

Sur le miroir troublé de la rivière bleue,
Il glisse doux et fier ; son plumage tremblant
S’enfle et frissonne ; on voit l’orgueil de son cou blanc
Se dresser vers la rive, et tressaillir sa queue.


Léda, qui dans le flot baignait ses beaux pieds nus,
Sent ses veines brûler des fureurs de Vénus,
Soupire, tend les bras, amoureuse de l’onde ;

Quand l’oiseau-dieu, chanté par le rapsode grec,
L’enlace de son aile ardente, et de son bec
Mord sa bouche, la baise, et deux fois la féconde.