Amour me tue, et si je ne veux dire

Amour me tue, et si je ne veux dire
Les Amours, Texte établi par Hugues VaganayGarnier1 (p. 56-57).

XLV

Amour me tue, et si je ne veux dire
Le plaisant mal que ce m’est de mourir,
Tant j’ay grand peur qu’on vueille secourir
Ce doux torment pour lequel je souspire.
Il est. bien vray que ma langueur désire
Qu’avec le temps je me puisse guérir :
Mais je ne veux ma dame requérir
Pour ma santé, tant me plaist mon martyre.

Tais-toy langueur, je sen venir le jour,
Que ma maistresse après si long séjour,
Voyant le mal que son orgueil me donne,
A la douceur la rigueur fera lieu,
En imitant la nature de Dieu,
Qui nous chastie, et puis il nous pardonne.