Amélie, ou Les Écarts de ma jeunesse/01

Gay et Doucé (p. v-vi).

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S ouvent on s’effarouche en lisant le titre d’un livre : s’il présente quelques idées un peu libres, on le rejette avec dédain, comme étant fait pour corrompre les mœurs et faciliter aux jeunes gens les moyens de se perdre ; mais quelquefois on a tort de s’en tenir à ce jugement, dont la légèreté peut priver celui qui le porte de quelques traits de morale qui le dédommageraient peut-être des efforts qu’il aurait faits pour vaincre son injuste prévention.

Si, dans l’histoire qu’on va lire, on trouve le récit d’actions quelquefois assez lestes que l’amour de la vérité n’a pu faire supprimer, on y remarquera qu’elles sont presque toujours suivies de désagréments et d’humiliations qui ne laissent à celle qui les avoue que la honte de les avoir faites.

C’est, sans doute, un devoir bien doux à remplir, que celui d’indiquer les écueils où plusieurs ont eu le malheur d’échouer, quand on a l’espoir d’en préserver les autres : ainsi donc, le but de cet ouvrage sera parfaitement rempli, si un seul être que son penchant au libertinage pourrait entraîner sur le bord du précipice trouve, dans la peinture même de quelques-uns des excès qu’il enfante, les moyens de les éviter.