Allégorie (Samain, Mercure de France)

Allégorie (Samain, Mercure de France)
Mercure de Francetome 3 (p. 278).

ALLÉGORIE


C’était un vase étrange ; on y voyait courir.
Pantelante sous la torche des Erynnies,
Une foule enroulée en spires infinies ;
Et l’argile vivante avait l’air de souffrir.

Quelque ouvrier terrible avait dû la pétrir
Avec de la chair âpre et des pleurs d’agonies.
Des hydres s’y tordaient ; et les voix réunies
Clamaient la double horreur de naître et de mourir.

Ivres, les Passions fracassaient des cymbales.
L’Avarice et la Haine, ourdissant leurs cabales,
Insultaient la Justice avec des bras sanglants.

Et, seul, un lys élu pour les miséricordes
Priait dans la lumière, et sur l’enfer des hordes
Versait son âme triste et noble en parfums blancs.