Album des missions catholiques, tome IV, Océanie et Amérique/Épilogue

Collectif
Société de Saint-Augustin (p. 139-140).

ÉPILOGUE.


CI se clôt notre longue promenade à travers les missions des deux mondes.

C'est par le vieux pays des Pharaons que, l'on s'en souvient, nous avons commencé la visite du champ de bataille de l'apostolat. Nous avons fait le tour de la terre de Cham, passant d'Alexandrie à Carthage, d'Alger au Sénégal, du Congo au Cap, du Zambèze au Zanguebar, et des grands lacs équatoriaux descendant sur Aden par Khartoum et l’Abyssinie. Sur tous les rivages de la grande île maudite, qu’ils soient éclairés par le soleil du matin ou par les feux du couchant, nous avons vu à l’œuvre les vaillants apôtres. Presque toutes les Sociétés religieuses sont représentées dans ce magnifique assaut livré aux derniers repaires de l’erreur : Pères du Saint-Esprit, Missionnaires d’Alger, Jésuites, Pères des Missions Africaines de Lyon et de Vérone, Oblats, Lazaristes, Capucins, Franciscains, prêtres anglais, etc. Dans quelques années, le Noir Continent sera conquis ou plutôt reconquis ; car on sait que la foi a déjà été prêchée et florissante aux siècles passés dans plusieurs de ses parties. Devançant les Livingstone et les Stanley, des fils de Saint-François, de Saint-Dominique, de Saint-Ignace, traversaient les déserts, remontaient le Zaïre, évangélisaient le bassin du Zambèze, employaient à des ablutions baptismales l’eau des fleuves équatoriaux, mais mouraient trop tôt pour leur œuvre et sans laisser de successeurs.

Franchissant le canal de Suez après une entrée à la Mecque et une ascension au Mont Sinai, nous abordons à Jaffa et nous nous acheminons pieusement vers la Ville Sainte. Notre dévotion satisfaite dans chacun de ces pèlerinages divins où l’humanité ne cessera d’aller s’agenouiller. Bethléem, Jérusalem, Nazareth.

Là fut son berceau, là sa tombe !

nous reprenons la mer et faisons escale dans ces ports, délabrés aujourd'hui, qui éblouissaient le monde ancien par l'éclat de leur renommée et le faste de leur opulence : Tyr, Sidon, Antioche.

Contournant la massive péninsule de l'Asie-Mineure, nous faisons halte à Éphèse, à Brousse, à Trébizonde. L’Arménie nous captive un instant par les glorieuses traditions que chacune de ses bourgades revendique avec un juste orgueil. Puis nous passons en Perse et en Mésopotamie où les fils de Saint-Vincent de Paul et de Saint-Dominique nous offrent successivement l'hospitalité. Là encore que de souvenirs s'attachent à toutes les pierres du chemin : ici Babel ; là Ninive et Sémiramis, plus loin, Babylone et Nabuchodonosor.

Nous arrivons l’Inde. Les pages de l’Album déroulent sous nos yeux toutes les merveilles architecturales de cette terre célèbre où saint Thomas l'apôtre et François Xavier, qui l’évangélisèrent à l’aurore du christianisme et au XVIe siècle, ont, dans les missionnaires de nos jours, de si vaillants successeurs. Dans les hautes terres au pied de l’Himalaya, nous trouvons les Capucins. Aux trois angles de la péninsule brahmanique, à Bombay et à Mangalore, au Maduré, à Calcutta, les Jésuites tiennent haut et ferme le drapeau sacré ; le long des côtes ou au centre s’échelonnent les légions des Carmes, des Pères du Saint-Esprit, des Missions Étrangères de Londres, de Milan, de Paris, et les Salésiens d’Annecy. À Ceylan, les Oblats font face à trois ennemis à la fois : aux gourous de Brahma, aux bonzes de Bouddha et aux marabouts de Mahomet.

En arrière de cette première ligne, nous retrouvont encore les Missions Étrangères de Paris, implantées depuis deux siècles dans l'Indo-Chine qu'elles possèdent presque tout entière. ; un septième seulement du territoire est partagé entre les Dominicains et les Missions Étrangères de Milan. Là les tombes des martyrs sont à peine fermées et partout sont encore visibles les traces des dernières persécutions.

Nous voilà aux portes du Céleste Empire. Trop grand pour former l’apanage d’une seule société, il a été partagé entre cinq : au nord et au centre, les Lazaristes et les humbles et héroïques Franciscains, qui, dès 1307 ; donnaient à Péking son premier archevêque ; à l’ouest, les Dominicains et les Jésuites, fondateurs des florissantes missions du XVIe siècle ; enfin à l’est et au sud, les Missions Étrangères qui ont encore la part du lion, car elles occupent plus du tiers de la superficie de la Chine. Après un coup d’œil sur les immenses et mornes territoires du Kan-sou et de la Mongolie confiés aux missionnaires belges, nous traversons la Mandchourie et la sauvage péninsule coréenne et nous abordons aux îles brillantes qui composent l’empire du Mikado.

L’Océan Pacifique ouvre devant nous ses horizons infinis. Nous nous élançons sur ses grandes eaux à la recherche des archipels que les Cook et les La Pérouse découvraient il y a cent ans et nous saluons aux Sandwich, aux Marquises, à Tahiti, à Samoa, aux Fidji, à la Nouvelle-Calédonie les fils des PP. Coudrin et Colin,enseignant et célébrant dans les doux idiomes océaniens les grandeurs et les miséricordes de Dieu. La Nouvelle-Guinée nous montre les premières fondations des Pères d’Issoudun. L’Australie et la Nouvelle-Zélande, nées d’hier à la foi, se couvrent d’églises, de chapelles, d’écoles, de maisons religieuses, prélude d’une floraison d’œuvres catholiques plus admirable encore.

Dans les vastes solitudes qui s’étendent de l’Alaska à la Baie d’Hudson, nous visitons ensuite les missionnaires belges du diocèse de Vancouver et les Pères Oblats de l’Athabaska, de Saint-Albert et de Saint- Boniface. Nous admirons la brillante cour épiscopale groupée autour du cardinal archevêque de Québec. Puis, à la suite de Mgr Lorrain, nous explorons les abords de la baie de James. Du Canada aux États-Unis la transition est insensible. Chacun des provinces métropolitaines de la grande république d'Outre-Atlantique nous retient un instant. De là, effleurant les Antilles, nous traversons les Guyanes, et arrivons à cette Patagonie barbare et redoutée où les enfants de dom Bosco sèment, sous la visible bénédiction de la Providence divine, le grain de senevé évangélique.




Grâce au zèle des apôtres dont nous venons de parcourir en tous sens le domaine spirituel, nous comptons donc des frères dans toutes les races, chez tous les peuples, parmi les nations de toutes langues, ex omnibus gentibus, et tribubus, et linguis. Grâce aux missionnaires, nous avons trouvé partout des enfants de la grande famille catholique. Le Dieu que nous adorons dans nos cathédrales, eux, les pauvres indigènes de la Guinée ou de la Polynésie, ils l'adorent, agenouillées au pied d'un humble autel, dans le creux des rochers ou l'épaisseur des forêts. Grâce aux ouvriers de l'apostolat, ils adhèrent de bouche et de cœur aux même dogmes que nous, ils participent à la même victime et ils recevront dans la vie future la même récompense ! Unus Christus, una fides, unum baptisma.