Adieu des françaises

Adieu des françaises
Histoire chantée de la première République, 1789 à 1799Paul Schmidt (p. 184-186).

ADIEU DES FRANCOISES

AUX DÉFENSEURS DE LA PATRIE PARTANT POUR L’ARMÉE EN 1792
Air : Gaston, Le sort de la patrie.


Adieu, les Vengeurs de la France,
Vous nos époux ou nos amants ;
Allez renverser l’espérance
Et les noirs complots des tyrans. (bis)
Votre absence, ô troupe chérie !
Va nous causer bien des chagrins ;

Mais il faut sauver la patrie
Dont le sort est mis dans vos mains.
(bis)


En vain l’amour songe avec crainte
Aux dangers qu’il vous faut courir ;
Est-il tems d’écouter sa plainte ?
Non, non :… Vivre libre ou mourir !… (bis)
Dès longtemps nous nous imposâmes
Cette règle de vos travaux ;

Elle étoit au fond de nos âmes
Avant d’être sur vos drapeaux.
(bis)


Ah ! pourquoi toujours inutiles
Dans les cas les plus dangereux ;
Avons-nous des bras si débiles
Et des desseins si généreux ? (bis)

S’il ne falloit qu’aimer la gloire…
Partout notre ardeur eût planté,

Et l’étendard de la victoire
Et l’arbre de la liberté.
(bis)


Jamais une cause aussi belle
D’un peuple n’armera les mains ;
Jamais aussi grande querelle
Ne régna parmi les humains. (bis)
L’Europe attend sa destinée
De vos succès, de vos revers,

Et le cercle de cette année :
Fixe le sort de l’univers.
(bis)


Sur la grandeur de l’entreprise
Osez mesurer votre essor ;
Fidèles à votre devise,
Donnez ou recevez la mort. (bis)
Qu’un jour content de votre gloire,
L’amour oubliant ses douleurs,

Puisse chanter votre victoire,
Ou couvrir vos tombeaux de fleurs.
(bis)


Oh ! quand partout de l’esclavage
Vos mains auront brisé les fers ;
Comme vos noms, votre courage
Seront fameux dans l’univers ! (bis)
Alors dédaignant les conquêtes,
Écueil trop commun des guerriers,

Venez, plus chéris dans nos fêtes,
Vous reposer sous vos lauriers.
(bis)


C’est-là que vos cœurs à leur aise
Pourront librement s’enflammer ;
Il ne sera point de Françoise
Qui refuse de vous aimer : (bis)
La vertu même est orgueilleuse
D’avoir su fixer un vainqueur ;

Et la beauté s’estime heureuse
D’être le prix de la valeur.
(bis)