Texte établi par Henri d’Arles, J.-A. K.-Laflamme (Tome 2p. 461-477).

APPENDICE VI


(Cf. Chapitres vingt-sixième — vingt-septième — vingt-huitième.)


Arch. Can. (1905). App. II. P. 236 et seq. App. B. P. 36 et seq.


Extrait du Journal que j’ay tenu sur les différents événemens qui se sont passés en l’Acadye depuis la prise du fort de Beauséjour[1].


20 juillet 1755.


Les Anglois après la prise de Beauséjour et avoir désarmé tous les habitants qui en dépendent vinrent dans six bâtimens tant senauts que goélettes au nombre de deux mille.

Les Accadiens et les sauvages que j’avois mis pour s’opposer à leurs descentes tout épouvanté de la prise de Beauséjour et de la perte de douze hommes qu’ils avoient fait la veille, les Anglois les ayant surpris le long de la mer à la découverte ne firent point grand résistance n’ayant que trente hommes de garnison les deux bastions du côté de la mer écroulés au point que de l’entrée du havre l’on voyait la place du fort, n’ayant que quatre canons de huit très mal en batterye, l’artillerie et munition qui me venoit de Louisbourg étant prise, ne pouvant avoir aucun secours de Canada, je prit le party de faire sauter mon fort au plus tôt, les maisons et de me batre en retraite jusques dans les détroits de cette rivière qui en sont à un quart de lieue où l’ennemi croyant ne pouvoir y trouver que du désavantage à vouloir m’y forcer se retira le vingt-cinq.

Le vingt-six je rendit compte à Monsieur de Vaudreuille de ce qui se passoit et je fut approuvé de luy pour la conduitte que j’avois tenue en cette occasion ayant empêché les habitants de tomber sous la domination des Anglois et d’avoir touts les mauvais traitements qu’ils font souffrir à ceux de Beauséjour.

Il me marqua par là même qu’il me loissait libre de me mêtre en camp volant dans l’endroit que je jugerais le plus convenable et même de m’en retourner à Québec, ne pouvant me donner pour le présent aucuns secours toutes les troupes et milices étant en campagne je prit cependant le party de rester jusques à l’automne, espérant que nos affaires pouvoient assés bien tourner pour avoir du secours d’icy à ce temps.

Le dix-huit aoust ayant apris que la plus grande partye des Accadiens de la prise [sic pour pointe] de Beauséjour étoient faits prisonniers et prêts à être embarqués pour être transférés dans des pays étrangers, et les autres retirés dans les bois exposés à toutes sortes de misères, je formay le dessein de les aller secourir avec ma petite troupe joint aux sauvages de cette rivière, formant en tout un détachement de cent vingt cinq hommes.

Le vingt je party pour Petkekodiaque, j’arrivay le sixième de mon départ, je parcourut tout les endroit où je crut pouvoir trouver les ennemis cherchant toujours l’avantage mon détachement n’étant point considérable, ayant apris qu’il étoit party trois bâtiments du fort Beauséjour avec un détachement de trois cent hommes pour brûler les habitation de Chipoudy et ensuite celles de Petkekodiaque et autres, j’y traversay la nuit en canot, je ne put les empescher de brûler toutes les habitations de cette première rivière, se transportant avec leurs chaloupes plus facilement que je ne pouvois le faire dans les diférens vilages.

Ne pouvant réussir je revint à Petkekodiac, les Anglois y vinrent le landemain et montèrent le plus haut qu’ils purent avec le flot et anvoyèrent leurs chaloupes pour brusler en descendant, ce qui fit que je les joignit à un des villages le plus considérable, je donnay sur eux vers quatre heures après midy, l’action fut assez vive de part et d’autre pendant une demie heure et dura trois heures environ, enfin ils prirent la fuite voyant que j’en vouloit venir aux mains, je les poursuivis jusques à leurs bâtiments, les uns se jetant à la mer pour pouvoir y gagner les autres tombant morts ou blessés dans la vase, ils firent voile à mer haute pour Beauséjour, après nous avoir tiré plusieurs coups de canon qui n’eurent aucun effet, ils sortirent de la rivière n’ayant pu mètre le feu qu’à six maisons avant que je put les rejoindre je couchay la nuit où l’action s’étoit passée.

Les Anglois ont perdu sur le champ cinquante hommes, le Colonel de leurs troupes légers et un officier, soixante blessés qu’ils avoient après avoir gagné leurs bâtiments de trois cent qu’il étoient, j’ay perdu un homme, trois blessés très dangereusement et plusieurs autres qui ont reçu des coups fort légers.

Les Accadiens sortirent pour lors des bois et recueillirent leur bled pour pouvoir subsister j’encourageay les uns à prendre patience en attendant ceux qui pouvoit les venir tirer de leur captivité sous laquelle ils gémissent, j’engageay trente familles les plus embarrassées à venir à la Rivière Saint-Jean où je me suis rendu le douze Septembre le vingt-deuxième que j’en étoit party.

Le vingt-trois Septembre j’écrivit à Monsieur de Vaudreuil et luy rendit compte de ce qui venoit de se passer, de la situation de mon poste, de la nécessité d’y envoyer des vivres, que j’étoit réduit depuis trois mois à manger du bled d’Inde et de la graisse.

Le vingt-quatre je fit repartir le Sieur de Niverville pour Petkekodiaque avec un petit détachement pour m’assurer de la nouvelle qu’un Accadien venu après nous m’avoit rapporté que les milices angloises s’estoient révoltées sur ce que le commandant les avoit voulu envoyer avec leurs troupes légers brusler les habitations.

J’ordonnay à cet officier d’interrompre autant qu’il seroit en son pouvoir, les transports de Beauséjour à la Baye Verte, d’aller au dernier poste y brûler un magazin où je sçavois que les Anglois avoient mis tout nouvellement des vivres, ce que j’en avois put faire exortant les trente familles à [sic].

Le vingt-cinq de Septembre je party pour Memeramcouq havre qui est au bas de la rivière Saint-Jean, pensant bien qu’après ce que je venoit de faire les Anglois ne manqueroient pas d’y venir voir s’ils nous surprendroient de nouvelles troupes et tâcher peut-être d’y faire un débarquement.


Duplicata de la lettre de M. de Vaudreuil au ministre.


Montréal, 18 octobre 1755.


Monseigneur, — Par mes lettres du 20 et 24 Juillet, j’ay eu l’honneur de vous informer que les Anglois s’étoient rendus maîtres du fort de Beauséjour, et que Monsieur de Boishébert, commandant à la rivière St-Jean avoit bruslé son fort ne pouvant s’opposer à la descente de l’ennemy ; et que je lui avois donné l’ordre, de se concerter avec le R. P. Germain missionnaire pour hiverner à la rivière St-Jean, ou revenir à Québec, suivant les bonnes ou mauvaises dispositions des Accadiens et des sauvages.

Monsieur de Boishébert et le Révérend Père Germain m’ont rendu des bons témoignages de la conduitte et du zèle des Accadiens et sauvages Monsieur de Boishébert m’a aussy rendu compte de ses mouvements pour s’opposer aux vues des Anglois.

Les Anglois ne se sont point bornés à la prise de Beauséjour, ils ont voulu assujettir tous les Accadiens à prêter serment de fidélité au Roy de la Grande Bretagne et à prendre les armes contre nous : mais ne pouvant réussir ils les obligèrent à remettre leurs armes à feu après quoy ils les rassemblèrent au fort de Beauséjour (qu’ils ont nommé le fort Cumberland) sous prétexe de leur faire part de l’arrangement du gouverneur d’Halifax pour la conservation de leurs terres et ils les retiennent prisonniers au nombre de 400 : chefs de famille. Ils envoyèrent deux de ces Accadiens de la part du commandant pour dire à leurs femmes de se tenir prêtes à s’embarquer, et que sur leur refus, ils feroient brûler leurs habitations.

Bien loin par les familles accadiennes d’obéir à cet ordre, elles fuyrent dans les bois, leurs refus porta les Anglois à brûler entièrement le village de la rivière Chipoudy sans en excepter l’église.

Monsieur de Boishébert à la tête de 125 Accadiens ou sauvages les joignit à la rivière Petkoudiac ; il les attaqua et les combattit pendant trois heures il les repoussa vivement jusques à leurs batimens. Les Anglois eurent 42 hommes tués et 45 blessés. Monsieur Gorhant, officier anglois très zélé fut du nombre des blessés, nous perdîmes un sauvage et eûmes trois de blessés, si les sauvages eussent été moins vifs il n’auroit pas échappé un seul Anglois. Monsieur de Boishébert, passa la nuit sur le champ de bataille, il facilita les Accadiens à recueillir une partie de leurs grains et à se retirer dans les bois avec leurs femmes et enfans il leur a envoyé une grande gabarre pour accélérer leur retour à la rivière St Jean.

Les sauvages ne peuvent qu’être annimés contre les Anglois ; ils ont coupé par morceaux 14 sauvages de la mission de la rivière St-Jean qu’ils surprirent le long des habitations angloises.

Les Anglois ont pris contre le droit des gens le nommé Grandcour, sergent du détachement de Monsieur Boishébert, bien avant qu’ils ûssent pris Beauséjour. Ce sergent avoit été par ordre de Monsieur de Boishébert, dans une chaloupe à la recherche de neuf soldats qui s’étoient écartés de l’Isle de la Perdrix ; il avoit un ordre de son commandant par lequel il réclamoit même l’asistance des Anglois si le cas l’exigeoit.

Je n’ay rien négligé pour sçavoir la situation des Anglois à Beauséjour ils sont au nombre d’environ 900 hommes, ils avoient commencé à rétablir l’intérieur du fort, mais depuis qu’ils détiennent les habitants ils ont cessé.

J’ay donné ordre à Monsieur de Boishébert de se maintenir à la rivière St-Jean. Monsieur l’Intendant lui a fait passer les secours nécessaires pour y hiverner. Le Révérend Père Germain est à Québec, et j’espère qu’il ne tardera pas à aller joindre ses sauvages.

Plusieurs raisons, Monseigneur, m’obligent à faire rester Monsieur de Boishébert à la Rivière St-Jean.

1. Tant que j’occuperay cette rivière et y auray un détachement, je conserveray au Roy la possession de l’Accadie, et les Anglois ne pouront pas dire qu’ils ont forcé les François de l’abandonner.

2. Je m’assureray de la fidélité des Accadiens et des sauvages, qui sans cela se croiroient abandonnés et se livreroient peut-être d’eux-mêmes aux Anglois.

3. Monsieur de Boishébert attirera à luy tous les Accadiens ceux qui sont à sa portée comme ceux qui en sont éloignés ; s’attachera à les réunir avec leurs familles et à en former un corps. Les Accadiens ainsy réunis seront obligés pour leur propre sûreté à repousser vivement l’ennemy s’il se présente.

4. Il s’occupera également de la réunion des sauvages et en formera un corps également considérable, il correspondra avec Monsieur Manach, missionnaire à Miramichy, et suivant que le cas l’exigera il joindra les sauvages de cette mission aux siens, pour s’opposer aux progrès de l’ennemy.

5. Il sera en état d’avoir constament des découvreurs à Beauséjour, et à Halifax, et de faire quelques prisonniers qui l’instruiront de la situation et des forces des Anglois.

6. Il pourra former des partis d’Accadiens et de sauvages pour harceler continuellement l’ennemy à Beauséjour et l’empêcher de faire son bois de chauffage.

7. En conservant la rivière St-Jean je pourray avoir en tout temps des nouvelles de Louisbourg, il ne s’agira que de traverser de l’Isle St-Jean à Chédaik ou en suivant les terres après avoir passé le passage de Fronsac aller à Chédaic ou à Cocagne.

J’ay donné mes ordres en conséquence à Mr de Boishébert et je lui ai essentiellement recommandé d’agir dans toutes les occasions avec beaucoup de prudence et de se concerter avec le Révérend Père Germain.

J’espère Monseigneur, suivre cet arrangement jusqu’à ce que j’aye reçu vos ordres l’année prochaine, et suppose que vous décidiés qu’il n’est pas possible de faire retirer les Anglois de l’Accadie, ny d’y soutenir de notre costé des forces capables de les contenir. Je pourray faire venir dans le cœur de la Colonie les Accadiens et les sauvages ; les Accadiens en total peuvent concister à environ 2,000 âmes dont 700 hommes portant les armes. Il seroit fâcheux qu’ils fussent aux Anglois.

Je suis avec un très profond respect, Monseigneur,
Votre très humble et obéissant serviteur,
Vaudreuil.


(Cf. Chapitre xxviii)


(Archives Canadiennes (1905). Vol. ii. 3e P. App. B.


Extraits du journal de Winslow.


Ordres du jour au camp du fort Cumberland,[2] 2 août 1755.


Mot d’ordre : Coventry.


Un détachement composé d’un capitaine, de deux lieutenants, de deux enseignes, de quatre sergents, de quatre caporaux, de 2 tambours et de 120 soldats, devra être prêt à marcher lundi matin [4 août] au petit jour, avec le reste des vivres de la semaine précédente. Après son départ, ce détachement recevra d’autres vivres ; quelques hommes qui font partie de ce détachement devront aller les chercher à l’anse, demain à une heure. Le capitaine [Willard] et le lieutenant Malcolm auront charge de ce détachement et le capitaine Lewis avec les « Rangers » devra être prêt à marcher en même temps ; ces derniers recevront des vivres demain à deux heures.

T. Montcreiffe.


Au lieutenant-colonel Winslow, officier commandant au camp.


ORDRES DU JOUR.


Camp du fort Cumberland, 7 août 1755.


Mot d’ordre : Glasgow.


Quatre compagnies du bataillon du colonel Winslow doivent se préparer à embarquer sur les transports avec leur bagage et leurs tentes.


T. Montcreiffe.


Au lieutenant-colonel Winslow

ou au commandant
du camp.

Le 9 août. — Les habitants de la baie Verte et des villages circonvoisins ont été sommés de comparaître pour entendre la lecture des ordres de Son Excellence le gouverneur Lawrence ; mais n’ayant pas réussi à convoquer une assemblée générale des habitants, ceux qui se sont présentés ont été renvoyés avec instruction de revenir demain matin.

10 août. — Aujourd’hui de nombreux habitants des villages environnants se sont présentés, mais pas en aussi grand nombre qu’on s’y attendait. Pour cette raison, ils furent retenus toute la nuit sous la gueule des canons de la garnison, et les autres furent notifiés, etc.


ORDRES du jour.
Camp du fort Cumberland, 11 août 1755.


Mot d’ordre : Richmond. Mot de ralliement : Amis de l’Amérique.


Les présentes sont pour servir d’avis aux officiers, aux soldats, aux cantiniers et à toutes les personnes attachées au camp, que tous les bœufs, chevaux, vaches, moutons et bestiaux de toutes sortes appartenant aux habitants français, sont confisqués au profit de la couronne et qu’en conséquence il est défendu d’en faire l’achat sous aucun prétexte. Les officiers devront en outre faire connaître à leurs hommes qu’il leur est défendu de rôder en dehors du camp, de tuer ou de détruire les bestiaux qui appartiennent à Sa Majesté. Les ordres ci-dessus devront être communiqués à chaque compagnie.

T. Montcreiffe.


Au lieutenant-colonel Winslow,

commandant au
camp.


Ce jour [11 août] a été mémorable. Les habitants, du moins les principaux d’entre eux, de Tintamar, de Weecoak, d’Olake, de la baie Verte, de Beauséjour et des places environnantes ont été rassemblés dans le fort Cumberland pour y entendre la sentence du gouverneur et du conseil d’Halifax, qui décidait de leurs propriétés et les déclarait rebelles. Leurs terres, leurs biens et effets étaient confisqués au profit de la couronne et eux-mêmes faits prisonniers, puis les portes du fort furent fermées et au delà de quatre cents hommes furent ainsi emprisonnés.

Le major Preble et le capitaine Speakman furent envoyés avec un détachement à Wescoak, à Tintamar, etc., pour s’emparer des garçons au-dessus de seize ans.

Le major Bourn avec le capitaine Bayley et un détachement reçurent l’ordre de conduire 150 prisonniers au fort Cumberland. Ces officiers devaient prendre le commandement du fort et y garder les prisonniers.

Le capitaine Cobb est parti hier du fort Cumberland, pour s’emparer des habitants de Shepody, mais ceux-ci s’étaient sauvés dans les bois et le capitaine est revenu sans avoir capturé personne.

13 août. — Hier le capitaine Perry et son détachement sont revenus d’O’ake avec 11 prisonniers français. Nous en avons eu la garde pendant toute la nuit et ce matin ils ont été envoyés au fort Cumberland. Le major Preble est revenu aujourd’hui avec trois habitants seulement, le reste s’étant sauvé dans les bois. Le nombre de prisonniers dans les deux forts s’élève présentement à 420.

16 août. — Ma compagnie s’est embarquée aujourd’hui sur le Warren, capitaine Adams, celles d’Osgood et du lieutenant Crooker se sont embarqués sur le York, capitaine Preble ; celle d’Adams et ce qui restait de la compagnie de Hobbs, s’embarquèrent sur le Grey Hound, capitaine Hodgskins, à destination de Piziquid.

18 août. — Nous avons remonté la rivière Piziquid jusqu’au fort Édouard où nous sommes arrivés dans la matinée à 11 heures ; nous avons trouvé l’endroit agréable mais le fort ne pourrait opposer une résistance sérieuse. Je me suis rendu ensuite auprès du capitaine Murray ; nous avons dîné ensemble en compagnie de ses officiers et j’ai été mis au courant des instructions suivantes adressées au capitaine Murray, savoir :

Instructions pour le capitaine Murray.


Il doit faire tous ses efforts pour empêcher les habitants de s’enfuir de la province.

Il doit autant qu’il est en son pouvoir, empêcher les habitants de transporter leurs effets ou de les cacher dans les bois ; leur ordonner de continuer la coupe du foin, de leurs céréales et de prendre soin de tous les produits de leurs terres comme s’ils devaient rester dans la province ; sinon, ils devront être traités avec la plus grande sévérité lors de l’embarquement. En conséquence, des détachements devront surveiller la campagne et se tenir au courant de tout ce qui se passera parmi les habitants qui maintenant vont avoir recours uniquement à l’intrigue et à la ruse.

Si le capitaine Murray soupçonne que les habitants ont des armes à feu en leur possession, il doit par tous les moyens chercher à s’en emparer. Il ne leur sera permis d’emporter avec eux, lors de leur déportation, que leur argent et leur mobilier ; ils doivent ignorer autant que possible les endroits qui leur sont destinés et chacun doit continuer de croire (mon opinion est qu’ils le croient certainement) que le gouvernement après tout, ne les expulsera pas de leurs propriétés, afin qu’ils n’aient pas la moindre tentation d’inquiéter les transports, lorsque ceux-ci arriveront. Vous devrez tolérer le moins de rapports possible entre les soldats et les habitants, et entre ces derniers et les gens de M. Mauger et surtout prendre garde qu’ils n’apprennent la défaite du général Braddock.

Immédiatement après l’arrivée du colonel Winslow aux Mines où il établira ses quartiers aux alentours de l’église ou dans l’église même, s’il le juge à propos, pour la sûreté et le bien-être de son monde, laissez le capitaine Croxton retourner à cet endroit avec son détachement. Si après son départ, vous trouvez votre détachement trop faible pour remplir la tâche qui vous incombe, vous demanderez au colonel Winslow de vous envoyer quarante ou cinquante hommes. À la première occasion favorable, faites transporter par eau ou par terre, les deux prêtres[3] que vous détenez actuellement. Arrêtez et emprisonnez ceux des habitants que vous surprendrez à haranguer et à soulever le peuple, parce que dans ces temps-ci, ces fomentateurs sont dangereux. Ne souffrez pas non plus la moindre arrogance de la part des habitants, surtout après l’arrivée du colonel Winslow, et s’ils se comportent d’une manière répréhensible, punissez-les en conséquence. Si vous emprisonnez quelques habitants dans votre fort, surveillez-les étroitement, et vous devrez exiger que leurs parents ou leurs voisins les nourrissent durant le temps de leur incarcération ; autrement ils nous coûteraient bien cher et cela n’étant pas inévitable, je ne pourrais en aucune manière le tolérer.

Aussitôt après son arrivée, mettez le colonel Winslow au courant des instructions qui précèdent, et faites en sorte d’informer les habitants que dans le cas de tentative de destruction ou de molestation des troupes de Sa Majesté, soit par les sauvages ou par d’autres, vous avez reçu mes ordres d’exiger de ceux dans le voisinage desquels l’offense aura été commise, œil pour œil, dent pour dent, en un mot, vie pour vie. Il serait avantageux de faire l’exploration de la source de la rivière Chibnaidie, avant l’arrivée du colonel Winslow ; ce qui permettrait par la suite de se rendre facilement à cet endroit, soit par eau ou par terre. C’est par cette route que les habitants transporteront leurs animaux et leurs effets dans le cas où ils tenteraient de le faire. Si le Warren arrive à Chignectou avec les dépêches que j’envoie, le capitaine Goreham avec un de vos officiers et quelques hommes fera une excursion à Chibnaidie sur la barge, mais si le navire n’est pas encore rendu au fort Édouard à l’arrivée du capitaine, celui-ci devra se rendre à Chignectou avec son détachement sur les barges, conformément à ces ordres.

Chas. Lawrence.

Halifax, 9 août 1755.


Le colonel Winslow au gouverneur Lawrence.


Fort Édouard, 18 août 1755.


Qu’il plaise à Votre Excellence,

Deux jours après mon départ de Chignectou, je suis arrivé ici avec une partie des quatre compagnies de mon bataillon, l’autre partie ayant été envoyée en expédition, tel que je l’ai appris à Votre Excellence par mon rapport. À mon arrivée ici j’apprends par le capitaine Murray que vous avez choisi le village des Mines pour l’installation de mon camp. Je partirai pour cet endroit à la prochaine marée.

* * * *

Je m’efforcerai de suivre fidèlement les instructions que vous m’avez fait transmettre par le capitaine Murray, jusqu’au jour où il plaira à Votre Excellence de m’adresser des ordres personnellement.

* * * *

Je suis arrivé à la Grand Prée le 19 août et après avoir pris connaissance des lieux, j’ai trouvé les alentours de l’église que vous m’avez désignés, très avantageux pour l’installation de mon camp. J’ai envoyé chercher les vieillards pour leur faire enlever les choses sacrées afin qu’elles ne soient pas souillées par les hérétiques.

Pour se protéger contre les surprises, je vais faire construire par le détachement une enceinte palissadée s’étendant de l’église jusqu’au cimetière.

Le colonel Winslow à William Coffin fils, marchand de Boston.


Au Camp de la Grand-Prée, 22 août 1755.


Cher monsieur,

* * * *

Je suis maintenant en possession de votre ancien terrain aux Mines. Je viens d’installer mon camp ici, ayant à ma droite l’église que j’ai transformée en place d’armes, et le cimetière à ma gauche. Ma garnison se compose de 313 hommes, y compris les officiers, et j’attends du renfort prochainement. Pour prévenir toute surprise, je fais construire une enceinte palissadée autour de mon camp, afin que mes soldats n’aient rien à craindre.

* * * *


23 août. — L’enceinte palissadée a été terminée aujourd’hui et nous avons entrepris la tâche de nous débarrasser de l’une des plaies d’Égypte.


Halifax, 11 août 1755.


Instructions (scellées) envoyées au lieutenant-colonel Winslow, commandant des troupes de Sa majesté aux Mines, et en son absence, au capitaine Alexandre Murray, commandant des troupes de Sa Majesté à Piziquid, au sujet de l’expulsion des habitants des districts des Mines, de la rivière aux Canards, de Cobequid, etc., situés dans la Nouvelle-Écosse.


Monsieur, — Après avoir fait connaître au capitaine Murray, par ma lettre du 31 juillet dernier, les raisons qui ont fait prendre au Conseil de Sa Majesté la résolution de chasser tous les habitants français et de purger le pays de si mauvais sujets, (laquelle lettre il vous communiquera en même temps que les instructions que je lui ai envoyées depuis) — il ne me reste plus qu’à vous donner les ordres et les instructions nécessaires à l’exécution d’un projet si solennellement décidé.

Afin d’empêcher ces habitants de revenir dans cette province ou d’aller se joindre aux Français du Canada et de Louisbourg, il est résolu qu’ils soient dispersés dans les colonies de Sa Majesté, sur le continent américain.

À cette fin, des transports sont envoyés dans la Baie pour embarquer ceux de Chignectou. Le colonel Monckton expédiera au bassin des Mines les transports qu’il n’aura pu remplir, afin de déporter aussi les habitants de cet endroit. Vous recevrez aussi des vaisseaux de Boston en nombre suffisant pour transporter mille personnes, à raison de deux par tonneau.

À l’arrivée des navires de Boston et de Chignectou dans le bassin des Mines, vous embarquerez tous les habitants des districts des Mines, de Piziquid, de Cobequid, de la rivière aux Canards, etc., dont vous vous emparerez par tous les moyens ; vous devrez surtout vous efforcer de saisir les chefs de famille et les jeunes gens et les distribuer sur les navires, à raison de deux par tonneau autant que possible. Le tonnage devra être fixé d’après la charte-partie de chaque navire que les capitaines vous feront connaître.

Afin de vous faciliter la tâche de l’approvisionnement des navires, j’ai confié pour l’occasion, la charge de préposé aux vivres à M. George Saul. Je lui ai donné des instructions particulières à cet effet, avec ordre de vous les communiquer et de vous en remettre une copie à son arrivée de Chignectou, et de vous délivrer les provisions ordonnées pour les transports.

Destination des vaisseaux assignés au rendez-vous, dans le bassin des Mines.

Pour la Caroline du Nord, un nombre suffisant pour transporter à peu près cinq cents personnes.

Pour la Virginie, un nombre suffisant pour transporter à peu près mille personnes.

Pour le Maryland, un nombre suffisant pour transporter à peu près cinq cents personnes, ou un nombre proportionnel de vaisseau si le nombre des expulsés devait excéder deux mille.

Si les vaisseaux de Boston arrivent au bassin des Mines avant que M. Saul y soit rendu, ils devront attendre à cet endroit l’arrivée de celui-ci avec les vivres. Si vous avez embarqué des habitants avant l’arrivée du préposé aux vivres, vous pourrez, s’il y a nécessité, faire distribuer à chaque personne 5 livres de farine et une livre de porc pour chaque semaine ; M. Saul a reçu ordre de vous remettre les vivres que vous aurez fournies.

Une fois la population mise à bord, vous aurez la bonté de remettre au capitaine de chaque vaisseau une des lettres que j’ai signées (et dont vous recevrez un nombre suffisant). Vous les adresserez au gouverneur ou au commandant en chef de chaque province où les déportés devront être débarqués ; vous devrez y inclure la formule imprimée des certificats qui doivent être remis aux capitaines des vaisseaux et qui leur donne droit de retirer le montant du nolisement, tel que stipulé par la charte-partie. En même temps vous donnerez aux capitaines leurs instructions par écrit. Vous leur recommanderez de suivre l’itinéraire susmentionné, et à leur arrivée à destination, de se rendre immédiatement chez le gouverneur ou le commandant en chef de la province qui leur aura été assignée, et de lui remettre la lettre dont ils seront chargés, de débarquer leurs passagers aussi promptement que possible et d’obtenir des certificats conformes à la formule ci-dessus. Dans vos instructions aux capitaines vous devrez leur enjoindre sévèrement de prendre les plus grandes précautions et d’exercer la plus stricte surveillance pendant toute la traversée, afin de prévenir toute tentative des déportés pour s’emparer des vaisseaux. En conséquence, les capitaines ne devront tolérer à la fois qu’un petit nombre de passagers sur le pont et ne rien négliger pour éviter toute tentative de ce genre ; ils devront aussi prendre bien garde que les habitants, lors de l’embarquement, n’emportent avec eux ni armes ni quoi que ce soit qui pourrait en tenir lieu, et voir à ce que les vivres soient distribuées conformément à la ration fixée par les instructions données à M. Saul.

Le capitaine Murray connaissant bien le peuple et le pays, je vous conseille de le consulter en toute occasion, surtout quant aux moyens à prendre pour les rassembler et les embarquer. Si les moyens de douceur ne réussissent pas, vous aurez recours aux mesures les plus énergiques pour les embarquer et pour enlever à ceux qui prendront la fuite, toute possibilité de se mettre à l’abri, en brûlant leurs maisons et en détruisant dans le pays tout ce qui pourrait leur servir de subsistance. Vous recevrez ci-incluse une copie des chartes-parties convenues entre les capitaines des transports et le gouvernement. Je crois devoir vous informer que celles qui concernent les navires de Boston renferment à peu près les mêmes conditions que les autres. Vous constaterez que ces vaisseaux sont nolisés au mois et vous devrez agir le plus vite possible afin de diminuer les dépenses.

Je vous conseille d’envoyer le sloop Dove à Annapolis pour y embarquer la population de cet endroit, si rien de sérieux ne vous en empêche, vu que ce navire appartient au Connecticut et que les habitants d’Annapolis doivent être déportés dans cette province.

Immédiatement après l’embarquement de la population, au moment de mettre à la voile, vous informerez le commandant du navire de la marine royale qu’il doit escorter les transports et prendre la mer sans perdre de temps.

Après avoir embarqué tous les habitants que vous aurez pu rassembler des environs du district du bassin des Mines, vous vous rendrez vous-même à Annapolis Royal sinon vous y enverrez un fort détachement pour aider le major Handfield à embarquer la population de cette rivière ; et tous les déserteurs que vous pourrez saisir devront être conduits à Annapolis pour être embarqués avec les déportés de cet endroit.

Chas. Lawrence.


Le gouverneur Lawrence au colonel Winslow.


Halifax, 11 août 1755.

Monsieur, — Les instructions ci-incluses renfermant toutes les explications nécessaires à l’égard de ce qu’il y a à faire, je n’ai rien à ajouter, sinon que vous devrez avoir recours aux moyens les plus sûrs pour rassembler les habitants et les embarquer, et vous servir de la ruse ou de la force selon les circonstances. Je désire surtout que vous ne teniez aucun compte des supplications et des pétitions que vous adresseront les habitants, quels que soient ceux qui désirent rester. Faites embarquer tout le monde s’il est possible conformément aux instructions ci-jointes, sans requérir de nouvelles explications de ma part. Après avoir placé les déportés à raison de deux par tonneau, si vous n’avez pas un nombre suffisant de vaisseaux pour transporter la population, vous m’en informerez immédiatement par un messager, mais vous ne devrez pas pour cette raison retarder l’embarquement.

Bien qu’il soit permis aux habitants d’emporter avec eux leurs effets, il faudra cependant ne pas les laisser encombrer les vaisseaux de choses inutiles. Après avoir embarqué les habitants et leurs lits, s’il reste de l’espace pour autre chose, vous pourrez leur permettre d’emporter des objets qui ne causeront pas trop d’embarras.

Vous informerez les capitaines qu’ils doivent avoir une provision d’eau suffisante lorsqu’ils mettront à la voile, c’est-à-dire qu’ils devront s’assurer que toutes leurs barriques ont été bien remplies.

Je vous envoie aussi la formule d’une circulaire adressée aux gouverneurs du continent.

Je suis monsieur,
votre humble et
obéissant serviteur.
Chas. Lawrence.


Service de Sa Majesté. Au colonel Winslow, et en son absence, au capitaine Alexander Murray.


Formule de la circulaire envoyée aux gouverneurs du Continent.
Service spécial de Sa Majesté.
Caroline du Nord.


À l’honorable Arthur Dobbs, écuyer, capitaine général et gouverneur pour Sa Majesté de la province de la Caroline du Nord en Amérique ou au commandant en chef en exercice, de la dite province.


Halifax, Nouvelle-Écosse, 11 août 1755.


Monsieur, — Le succès de l’entreprise de chasser les Français des endroits qu’ils avaient empiétés dans cette province, a eu un effet tel que j’en ai profité pour soumettre les habitants français de cette colonie aux volontés de Sa Majesté et du gouvernement ou les contraindre à quitter le pays. Ces habitants ont eu la permission de rester en possession de leurs terres, à condition de prêter le serment d’allégeance dans l’intervalle d’une année après le traité d’Utrecht, par lequel cette province fut cédée à la Grande-Bretagne. Ils ont toujours refusé de se soumettre à cette condition, sans la promesse écrite du gouverneur, qu’ils ne seraient pas appelés à prendre les armes pour la défense de la province. Le général Phillips leur fit cette concession que Sa Majesté a désapprouvée, et depuis, les habitants se prétendant sur un pied de neutralité entre Sa Majesté et ses ennemis, ont continuellement entretenu des intelligences avec les Français et les sauvages leur ont procuré des refuges, des vivres et autres secours et causé des ennuis au gouvernement. Pendant que les uns favorisaient les empiétements des Français par leurs trahisons, les autres les supportaient au moyen de la rébellion ouverte.

Trois cents d’entre eux viennent d’être pris les armes à la main dans le fort Beauséjour. Malgré leur mauvaise conduite par le passé. Sa Majesté a daigné me permettre d’accorder son pardon à tous ceux qui voudraient rentrer dans le devoir. En conséquence, j’ai offert à ceux qui n’avaient pas ouvertement pris les armes contre nous de rester en possession de leurs terres à condition de prêter le serment d’allégeance sans aucune réserve. Ils ont audacieusement et unanimement refusé de prêter le serment sans restriction, et s’ils croient pouvoir agir de la sorte au moment où nous avons une flotte considérable dans le port et de nombreuses troupes dans la province, que ne devons-nous pas craindre quand l’hiver qui approche, nous privera de notre flotte et que les volontaires de la Nouvelle-Angleterre enrôlés pour peu de temps, retourneront dans leur pays.

Les habitants ayant encouru par leur conduite, la confiscation de leurs terres et perdu tout droit à de nouvelles faveurs de la part du gouvernement, j’ai convoqué une séance du Conseil de Sa Majesté à laquelle étaient présents l’honorable vice-amiral Boscawen et le contre-amiral Mostyn, pour considérer les mesures qu’il va falloir prendre pour nous débarrasser sans danger et d’une manière efficace, de cette population qu’il était de notre devoir de faire disparaître depuis son refus de prêter le serment, et qui de plus, sera toujours un obstacle à la colonisation de cette province.

Le chiffre de cette population est de sept mille à peu près, et il n’est pas douteux qu’elle ira renforcer la population du Canada si après l’avoir chassée elle est laissée libre d’aller où il lui plaira. Le Canada n’ayant pas de terres défrichées pour un si grand nombre d’habitants, ceux qui sont en état de prendre les armes seront immédiatement employés à inquiéter cette colonie et les colonies avoisinantes. Pour empêcher cela il n’y a pas d’autre moyen praticable que de les distribuer par groupes dans les colonies ou ils pourront être utiles ; car le plus grand nombre de ces habitants sont forts et jouissent d’une excellente santé. Il leur sera ainsi bien difficile de se rassembler de nouveau et impossible de commettre des méfaits ; ils pourront par la suite rendre des services et avec le temps devenir de bons sujets.

Cette mesure a été jugée inévitable pour la sécurité de la colonie, et si Votre Excellence prend en considération qu’il est reconnu que la prospérité de l’Amérique du Nord dépend en grande partie de la préservation de cette colonie contre les empiétements des Français, je n’ai pas le moindre doute qu’elle nous donnera son concours, qu’elle recevra les habitants que je lui envoie maintenant et que suivant notre désir, elle prendra les moyens de les installer de manière à ce qu’ils ne puissent se grouper à l’avenir.

Les vaisseaux employés au transport des déportés étant nolisés au mois, je vous prie de les retenir le moins longtemps possible et de remplir les certificats indiquant la durée de leur engagement conformément à la formule ci-incluse.

Je suis monsieur,
votre très humble et
très obéissant serviteur.
Chas. Lawrence.


Le major Handfield au colonel Winslow.


Annapolis Royal, 31 août 1755.


Monsieur, — Immédiatement après l’arrivée d’un transport envoyé par MM. Apthrop et Hancock pour déporter les habitants français, j’ai donné ordre à un détachement de s’emparer d’une centaine de chefs de famille et de jeunes gens. Mais tous les chefs de famille se sauvèrent dans les bois, emportant avec eux leurs literies, etc., et nos hommes n’en trouvèrent aucun dans les villages. Je désire que vous m’envoyiez aussitôt que vous pourrez en disposer, un renfort de quelques hommes, afin que je puisse leur faire entendre raison.

Je suis, monsieur, votre humble serviteur,
J. Handfield.


Service de Sa Majesté. Au colonel Winslow, commandant des troupes à la Grand-Prée, aux Mines.


Le colonel John Winslow ; au capitaine Murray.


Grand Prée, 1er septembre 1755.


Cher Monsieur, * * * *

Je me propose d’aller vous rencontrer demain matin, afin de m’entendre avec vous au sujet des dernières dispositions à prendre. Je dois vous informer que trois des transports sont arrivés, que les habitants sont allés à bord et ont cherché à connaître leur destination. Mais je m’étais déjà concerté avec les capitaines de ces vaisseaux et ceux-ci avaient reçu ordre de répondre que ces transports avaient été envoyés pour l’utilité des troupes. Les capitaines m’ont appris que onze autres navires doivent venir de Boston et mettront à la voile dans quelques jours. J’aimerais que M. Saul fut ici avec les vivres.

* * * *
Boston, 21 août 1755.

Monsieur, — Conformément aux ordres de l’honorable lieutenant-gouverneur Lawrence, je vous transmets la présente par le sloop Indeavour, capitaine John Stone. Ce navire est envoyé pour transporter les Français selon les instructions auxquelles vous allez sans doute vous conformer.

Vos très humbles serviteurs,
Chs. Apthrop & Fils.
Thomas Hancock.


Service de Sa Majesté. À l’Officier commandant aux Mines — par le capitaine Stone.

Boston, 21 août 1755.

Monsieur, — Conformément aux ordres de l’honorable lieutenant-gouverneur Lawrence, nous vous transmettons la présente par le sloop Industry, capitaine George Gooding, envoyé pour déporter les Français. Celui-ci a reçu des ordres auxquels vous allez sans doute vous conformer.

Nous sommes, monsieur, vos très humbles serviteurs,
Chs. Apthrop & Fils.
Thomas Hancock.


Service de Sa Majesté. À l’officier commandant aux Mines — par le capitaine Gooding.

Boston, 22 août 1755.

Monsieur, — Conformément aux ordres de l’honorable lieutenant-gouverneur Lawrence, nous vous transmettons la présente, par le sloop Mary, capitaine Andrew Dunning, envoyé pour déporter les Français. Celui-ci a reçu des ordres auxquels vous allez sans doute vous conformer.

Nous sommes, monsieur, vos très humbles serviteurs,
Chs. Apthrop & Fils.
Thomas Hancock.


Boston, 22 août 1755.


Monsieur, — Conformément aux ordres de l’honorable lieutenant-gouverneur Lawrence, nous vous transmettons la présente par la goélette Neptune, capitaine Jonathan Davis, envoyée pour déporter les Français. Celui-ci a reçu des ordres auxquels vous allez sans doute vous conformer.

Nous sommes, monsieur, vos très humbles serviteurs,
Chs. Apthrop & Fils.
Thomas Hancock.


Service de Sa Majesté. À l’officier commandant aux Mines.

Boston, 21 août 1755.


Monsieur, — Conformément aux ordres de l’honorable lieutenant-gouverneur Lawrence, nous vous transmettons la présente par le sloop Élisabeth, capitaine Nath’l Milbury, envoyé pour déporter les Français. Celui-ci a reçu des ordres auxquels vous allez sans doute vous conformer.

Nous sommes, monsieur, vos très humbles serviteurs,
Chs. Apthrop & Fils.
Thomas Hancock.


Service de Sa Majesté. À l’officier commandant aux Mines — par Millbury.

Boston, 28 août 1755.

Monsieur, — Conformément aux ordres de l’honorable lieutenant-gouverneur Lawrence, nous vous transmettons la présente par la goélette Léopard, capitaine Thomas Church, envoyée pour déporter les Français. Celui-ci a reçu des ordres auxquels vous allez sans doute vous conformer.

Nous sommes, monsieur, vos très humbles serviteurs,
Chs. Apthrop & Fils.
Thomas Hancock.


À l’officier commandant aux Mines — par Church.



  1. Cette relation m’a esté envoyée le vingt septembre 1755 par Monsieur de Boishébert, lieutenant d’Infanterie et Commandant à la Rivière Saint-Jean, il a esté fait Capitaine en 1756 en considération des services qu’il a rendus dans cette expédition.

    (Cette note, non signée, est du marquis de Vaudreuil. — Pl. G.)

  2. Lettre du 31 juillet 1755, reçue le 2 août.
  3. Les abbés Chauvreulx et Daudin.