Texte établi par Henri d’Arles, J.-A. K.-Laflamme (Tome 2p. 377-396).

CHAPITRE VINGT-HUITIÈME



31 juillet. — Instructions de Lawrence à Monckton, Winslow, Murray et Handfield au sujet de la déportation. — Preuves de la cruauté de ce gouverneur.


La déportation était enfin décidée officiellement, ainsi que la manière selon laquelle elle allait être exécutée. L’on croira que Lawrence en informa tout de suite les Lords du Commerce. Au moins cette fois, se dira-t-on, le devoir de les avertir de son plan était pressant et impérieux. Oui, certes ! Il ne le fit cependant pas. Dans sa lettre du 18 juillet, il avait été aussi loin qu’il avait cru prudent de le faire. L’essentiel était maintenant de gagner du temps. Si la déportation s’accomplissait facilement, et sans inconvénients graves, la partie audacieuse qu’il jouait serait probablement gagnée. L’on fermerait les yeux sur un fait réalisé, mais non sur un projet. Lawrence n’écrivit aux Lords du Commerce que quatre mois après, alors que la déportation était à peu près terminée, et lorsqu’il était invité par eux à le faire pour leur expliquer les obscurités de sa lettre du 28 juin[1] N’a-t-on pas là une nouvelle preuve qu’il cherchait à les tromper ? Qu’il jouait avec eux une partie d’adresse ? Que ses lettres du 1er août 1754, du 28 juin et du 18 juillet suivants, étaient les diverses étapes d’une duperie savante, organisée et mûrie depuis longtemps[2] ?

Il fallait se hâter. Lawrence n’avait pas un instant à perdre. Il fallait que la déportation fût un fait accompli avant la mi-octobre, avant qu’il ait reçu la réponse des Lords du Commerce à sa lettre du 28 juin. Or, en faisant di- ligence, ceux-ci pouvaient lui faire parvenir une réponse vers le commencement d’octobre ; et si la déportation n’était pas alors en voie d’exécution, si cette réponse comportait un blâme, et un ordre de surseoir à ses projets, touchant les Acadiens de Beauséjour, sa position deviendrait des plus embarrassantes. Comment pourrait-il procéder à la déportation de tous les Acadiens de la province, s’il était censuré pour la simple expulsion de ceux qui méritaient le moins l’indulgence du gouvernement ! Lawrence comprenait fort bien que l’on ferait une énorme différence entre la situation de ceux qui habitaient la province et celle des réfugiés de Beauséjour ; il comprenait mieux encore toute la différence que l’on ferait, entre la déportation telle qu’il allait l’exécuter, et une expulsion qui eût laissé à chacun le privilège d’aller où bon lui semblait. Celle-ci pouvait comporter des risques, mais elle était, à certains points de vue, excusable ; l’autre constituait un crime sans précédent, lequel laisserait sur le drapeau national une souillure ineffaçable.

Vers le même temps, en effet, le secrétaire d’État, effrayé des projets déguisés de Lawrence, tels qu’exprimés dans sa lettre du 28 juin, dictait une réponse pleine d’alarmes, qui devait arriver trop tard pour sauver un peuple du complot odieux qu’un monstre avait ourdi contre son existence. Mais, avant de nous occuper de cette lettre importante, si honorable pour son auteur, si consolante pour les fils des victimes et pour l’humanité entière, nous suivrons Lawrence dans les préparatifs et la consommation de son œuvre[3].

Deux jours seulement après que la décision officielle de la déportation eût été prise, à savoir, le 31 juillet, Lawrence adressait au colonel Monckton, commandant à Beauséjour, la lettre suivante. Nous la reproduisons en entier, malgré sa longueur : elle est importante pour faire comprendre les événements, et faire bien voir les sentiments qui animaient le gouverneur[4] :


Halifax, le 31 juillet 1755.


« … Les députés des habitants français des districts d’Annapolis, des Mines et de Piziquid, ont été appelés à comparaître devant le Conseil, et ont refusé de prêter le serment d’allégeance à Sa Majesté ; ils ont aussi déclaré que tel était le sentiment de toute la population. En conséquence, le conseil a résolu et décidé qu’ils soient déportés hors de la province aussi tôt que possible. L’on devra commencer d’abord par les habitants de l’isthme qui furent pris les armes à la main, et qui, de ce chef, n’ont droit à aucune faveur de la part du gouvernement.

« Pour mettre ce projet à exécution, des ordres sont donnés d’envoyer en toute diligence un nombre suffisant de vaisseaux à la Baie pour embarquer la population. Vous recevrez en même temps les instructions relatives aux moyens à prendre pour exécuter cette tâche, aux endroits où les déportés devront être envoyés et à tout ce qui pourra vous être nécessaire en cette occurrence.

« Afin de les empêcher de s’enfuir avec leurs bestiaux, il faudra avoir grand soin que ce projet ne transpire pas ; et le moyen le plus sûr pour cela me paraît d’avoir recours à quelque stratagème qui fera tomber les hommes, jeunes et vieux (surtout les chefs de famille) en votre pouvoir. Vous les détiendrez ensuite jusqu’à l’arrivée des transports afin qu’ils soient prêts pour l’embarquement. Une fois les hommes détenus, il n’est pas à craindre que les femmes et les enfants ne s’enfuient avec les bestiaux. Toutefois il serait très prudent, pour prévenir leur fuite, non seulement de vous emparer de leurs chaloupes, de leurs bateaux, de leurs canots et de tous les autres vaisseaux qui vous tomberont sous la main, mais en même temps de charger des détachements de surveiller les villages et les routes. Tous leurs bestiaux et leurs céréales étant confisqués au profit de la couronne, par suite de leur rébellion, et devant être appliqués au remboursement des dépenses que le gouvernement devra faire pour les déporter de ce pays, il faudra que personne n’en fasse l’acquisition sous aucun prétexte. Tout marché de ce genre serait de nul effet, parce que (depuis l’arrêté du Conseil) les habitants français sont dépourvus de leurs titres de propriété et il ne leur sera pas permis de rien emporter, à l’exception de leurs mobiliers et de l’argent qu’ils possèdent présentement.

« Les commandants du fort de Piziquid et de la garnison d’Annapolis ont reçu à peu près les mêmes ordres à l’égard des habitants de l’Intérieur. Mais j’ai été informé qu’en dépit de toute notre vigilance, ceux-ci trouveront les moyens d’expédier leurs bestiaux à l’Île Saint-Jean et à Louisbourg, (qui est maintenant réduite à la famine,) par voie de Tatmagouche. Je désire donc que, sans perdre de temps, vous dépêchiez à cet endroit un fort détachement qui s’emparera de ce quartier et empêchera la chose. Vous ne pouvez manquer de trouver un guide pour conduire ce détachement, vu qu’il n’est pas un français à Chignecto qui ne connaisse parfaitement le chemin.

« Quand arrivera le fils de Beausoleil, s’il ne vous apporte aucun renseignement sur lequel vous puissiez vous fier au sujet de ce que les Français ont l’intention ou sont en train de faire sur la rivière Saint-Jean, tâchez de vous procurer les informations désirables par l’intermédiaire de quelque habitant sur qui vous puissiez compter, et que vous pourriez envoyer, à cet effet, à la rivière St-Jean.

« Quant aux provisions trouvées dans le fort de Beauséjour, les 832 barils de farine devront servir à la nourriture des habitants français pendant leur transport aux endroits où ils seront envoyés, et après en avoir fait une distribution suffisante à tous les vaisseaux, le reste sera envoyé aux colons de Lunemburg.

« Il est entendu que chaque navire devra être approvisionné d’une livre de farine et d’une ½ livre de pain par jour avec une livre de bœuf par semaine pour chaque habitant ; vous recevrez le bœuf et le pain par les transports d’Halifax. Quant à la farine vous en avez déjà suffisamment.

« Je désire que vous donniez au détachement que vous enverrez à Tatmagouche l’ordre de démolir, etc., toutes les maisons qu’ils y trouveront, ainsi que les chaloupes, bateaux, canots ou vaisseaux quelconques, qui pourraient être rassemblés là, tout prêts à transporter les habitants et leurs bestiaux : de cette façon, les relations pernicieuses et les renseignements échangés entre l’Île Saint-Jean et Louisbourg et les habitants de l’intérieur du pays, seront empêchés dans une grande mesure. »


Le 8 août, Lawrence écrivait de nouveau à Monckton[5] :


Halifax, 8 août 1755.


« Les navires destinés au transport des habitants étant sur le point de mettre à la voile, arriveront bientôt chez vous. Ils vous apporteront de plus amples renseignements et en même temps des instructions particulières au sujet de la déportation des habitants et des endroits où ils doivent être transportés.

« J’espère que vous avez mis en pratique les instructions que je vous ai transmises dans ma dernière lettre. Comme il sera peut-être très difficile de s’emparer des habitants, vous devrez autant que possible, détruire tous les villages des côtés nord et nord-ouest de l’isthme, situés aux environs du fort Beauséjour et faire tous les efforts possibles pour réduire à la famine ceux qui tenteraient de se cacher dans les bois. Il faudra prendre grand soin de sauver les animaux et la récolte sur le champ, que vous pourrez faire rentrer sans exposer vos hommes au danger ; vous devrez aussi autant que possible, empêcher les Français fugitifs et les sauvages d’enlever ou de détruire les bestiaux. »


Ces lettres en disent bien long sur le caractère de Lawrence, — lequel s’y montre à nu dans toute sa hideuse laideur. Pensa-t-il un moment aux souffrances qu’il allait imposer ? Son esprit fût-il en proie à un combat, si court qu’il fût ? Nous n’en voyons pas la trace. Est-ce que le loup qui déchire la brebis s’arrête aux douleurs qu’il lui fait endurer ? Est-ce que le chat qui prolonge la vie de la souris, pour instruire ses petits dans l’art de l’attaque, ou simplement pour exercer son agilité, songe aux tortures de sa victime ? Comme le loup, et comme le chat, Lawrence assouvissait sa faim de cruautés ; aux dépens des pauvres Acadiens, il allait étancher sa soif de la fortune ; comme les bêtes sauvages, il se montrerait sourd aux cris de douleur qui allaient jaillir sous ses coups.

Il n’y avait que deux jours que la déportation avait été décidée officiellement en Conseil ; et déjà le gouverneur avait commandé à Boston et ailleurs les transports dont il avait besoin ; déjà il avait écrit aux officiers commandant à Annapolis et à Pigiquit : chacun d’eux avait ses instructions minutieusement détaillées, où toutes les éventualités étaient prévues avec une adresse diabolique. Évidemment, tout cela avait été réglé longtemps d’avance ; et Lawrence se hâtait d’agir avant que la réponse des Lords du Commerce ne lui arrivât.

Le lecteur a dû remarquer la grande sollicitude que Lawrence entretenait à l’égard du bétail. Dans la première lettre, les recommandations à son sujet reviennent six fois, et deux fois dans la seconde. L’on est prié de retenir ce point : il y a là une insistance telle que les soupçons en sont éveillés. Le fait pourrait passer inaperçu, s’il était isolé ; mais il ne l’est pas. Relié à d’autres, de même nature, et beaucoup plus sérieux, il acquiert une importance considérable. Les anneaux n’ont de valeur et de force que s’ils sont liés et soudés l’un à l’autre : alors ils forment une chaîne difficile à briser : c’est à cette chaîne qu’est rivée pour les siècles la mémoire de Lawrence, laquelle, tant que l’histoire subsistera, ne pourra se libérer des mailles solides où elle est prise.

La nature humaine est fort complexe. Les bons et les mauvais instincts n’y sont pas étrangers les uns aux autres ; ils se rencontrent, à des degrés divers, dans le même individu, le soumettant à une lutte intérieure perpétuelle ou prolongée, lutte souvent très violente, et dont l’issue est variée. Ces instincts se développent ou disparaissent suivant le cas, selon la mesure de religion et d’éducation que l’on reçoit. L’homme n’échappe jamais entièrement à l’influence du milieu dans lequel il a été formé et dans lequel il vit. Les bons instincts surgiront dans son âme en quelque sorte malgré lui, s’ils ont été stimulés et aiguillonnés par de bons exemples. L’être le plus cruel, le plus ignoble, puisera, dans la force du bon exemple, un sentiment qui, s’il ne l’élève pas jusqu’à l’héroïsme, le dominera, ne fût-ce que passagèrement, domptera, au moins pour un temps, ses instincts de brute. Telle semble être la règle générale. Cependant, nous chercherions en vain, dans toute la carrière de Lawrence, un seul acte, une seule phrase, un seul mot qui puisse faire supposer que cet homme ait été accessible à la commisération et à la pitié. Était-il d’une essence inférieure encore à celle du bandit, de l’assassin ? Nous ne saurions le dire. Ce qui est certain, c’est qu’il était sous l’empire d’une passion qui avait étouffé en lui tous les bons instincts, si tant est qu’il en eût jamais. Parti de très-bas, il était parvenu, jeune encore, à une position élevée. Or, il voulait monter plus haut, il voulait arriver à une situation éminente. Mais la fortune lui manquait pour atteindre au sommet de ses ambitions. La fortune ! Elle était là, dans le bétail des Acadiens. Le leur ravir à toute force, tel était le moyen qui s’était depuis longtemps imposé à son esprit, ainsi que nous le démontrerons plus tard jusqu’à l’évidence, pour réaliser son rêve de richesse et d’élévation sociale. Ce moyen, il en poursuivait l’exécution avec audace, mais aussi avec une prudence et une rouerie consommées.

Sous l’influence délétère de son ignoble projet, tout vestige de bon instinct avait disparu de son âme, en supposant que les bons instincts s’y fussent jamais montrés. Comment expliquer autrement qu’il ait pu donner à Monckton l’ordre infâme que nous venons de lire ? Nous ne croyons pas nous tromper : il s’agissait bien de s’emparer et de détenir les hommes, jeunes et vieux, lesquels seraient embarqués et expédiés d’abord ; ceci fait, when this is done, « il n’est pas à craindre que les femmes et les enfants ne s’enfuient avec les bestiaux ».

S’il pouvait toutefois rester un doute sur le sens que nous donnons à cette partie de ses instructions à Monckton, ses ordres à Handfield seraient propres à le dissiper complètement :

« À l’arrivée des navires de Boston dans le bassin d’Annapolis, vous embarquerez tous les habitants du district d’Annapolis, dont vous vous emparerez par tous les moyens ; vous devrez surtout vous efforcer de saisir les chefs de famille et les jeunes gens, et de les distribuer sur les navires à raison de deux par tonneau autant que possible[6]. »

Ceci s’accorde d’ailleurs parfaitement avec ce que nous avons lu plus haut, dans la lettre du 8 août à Monckton : « Vous devrez… faire tous les efforts possibles pour réduire à la famine ceux qui tenteraient de se cacher dans les bois. »

Le plus grossier éleveur de bétail, l’ignare bouvier indien des pampas de l’Amérique du Sud, agissent plus humainement envers leurs troupeaux que ne faisait Lawrence envers les Acadiens. Et voilà l’homme que Parkman voudrait nous forcer à admirer : pour mieux réussir à nous imposer l’estime de ce personnage, l’historien américain a omis tout ce qui pouvait le discréditer et le faire voir sous son vrai jour. Il s’est bien gardé, par exemple, de reproduire sa lettre à Monckton, ou aucune de ses parties essentielles ; cette lettre, il la résume en quatre lignes, coupant en deux, par un procédé qui lui est familier, la phrase que nous venons d’analyser : « Le Conseil en étant venu à une décision, Lawrence en communiqua le résultat à Monckton, et lui commanda de saisir tous les adultes mâles des environs de Beauséjour ; ordre que celui-ci exécuta promptement, ainsi que nous l’avons vu[7]. »

Quel pouvait être le motif de Lawrence en donnant un ordre aussi barbare ? Craignait-il que la confusion qui pourrait résulter de la réunion des familles ne permît à quelques-unes de s’échapper avec le bétail ? C’est la seule supposition que nous puissions faire ; et d’ailleurs il a lui-même dissipé tout doute à cet égard. L’Île Saint-Jean n’était qu’à une faible distance de Beauséjour ; il serait, croyait-il, possible d’y diriger le bétail que l’on parviendrait à soustraire. Or, il ne voulait rien risquer quant à ce cher bétail, — dût-il pour se l’assurer séparer pour la vie les femmes de leurs maris, les enfants de leurs parents. Qui veut la fin veut les moyens. Or, il lui fallait avoir tout le bétail ; il a donc pris les mesures en conséquence. Que si la pitié n’avait aucune place dans son cœur, il savait du moins juger assez exactement des sentiments des autres ; il savait qu’après le départ des maris, des pères et des frères, ces épouses, ces enfants éplorés, abîmés dans leur désespoir et dans des angoisses mortelles, seraient bien incapables de songer à fuir en emmenant les troupeaux.

Winslow à Grand-Pré, Murray à Piziquid, Handfield à Annapolis, reçurent des ordres semblables à ceux que Monckton avait reçus à Beauséjour. Lawrence avait commencé par les habitants de Beauséjour, parce que ceux-ci, disait-il, ne méritaient aucune faveur[8]. La belle faveur, en vérité, en vertu de laquelle les autres seraient plongés, huit jours plus tard, dans le même abîme !


Un jour plus tôt, un jour plus tard,
Ce n’est pas grande différence,


comme disait le bon La Fontaine[9]. Si c’est là un sentiment humain, retarder de quelques jours l’exécution d’une commune sentence, nous nous empressons d’en donner crédit à Lawrence : c’est le seul qu’il ait jamais manifesté. En réalité, il n’agissait ainsi que parce qu’il savait que les transports nolisés n’arriveraient pas tous en même temps, et qu’il pourrait, à raison de la distance, opérer à Beauséjour huit ou quinze jours plus tôt, sans jeter l’alarme dans les établissements de la péninsule.

Dans ses instructions à Winslow, à Murray et à Handfield, Lawrence entre dans les plus amples détails :

« Si vous avez, dit-il à Winslow, embarqué des habitants avant l’arrivée du préposé aux vivres, (M. Saul,) vous pourrez, s’il y a nécessité, faire distribuer à chaque personne 5 livres de farine et une livre de porc pour chaque semaine[10]. » « Vous recevrez aussi des vaisseaux de Boston en nombre suffisant pour transporter mille personnes, à raison de deux par tonneau.

« Destination des vaisseaux assignés au rendez-vous dans le bassin des Mines :

« Pour la Caroline du Nord, un nombre suffisant pour transporter à peu près cinq cents personnes.

« Pour la Virginie, un nombre suffisant pour transporter mille personnes.

« Pour le Maryland, un nombre suffisant pour transporter à peu près cinq cents personnes, ou un nombre proportionnel de vaisseaux si le nombre des expulsés devait excéder deux mille. »

Dans les ordres adressés à Murray et à Monckton, la destination des habitants de Piziquid et de Beauséjour n’est pas marquée. Dans les instructions envoyées à Handfield, commandant à Annapolis, nous lisons ce qui suit :

« Destination des habitants de la rivière Annapolis et des vaisseaux assignés au bassin d’Annapolis.

« Pour être envoyés à Philadelphie, un nombre suffisant de vaisseaux pour transporter trois cents personnes.

« Pour être envoyés à New York, un nombre suffisant de vaisseaux pour transporter deux cents personnes.

« Pour être envoyés dans le Connecticut, un nombre suffisant de vaisseaux pour transporter trois cents personnes.

« Pour être envoyés à Boston, un nombre suffisant de vaisseaux pour transporter deux cents personnes, ou plus, proportionnellement à la province du Connecticut, au cas où le nombre des déportés dépasserait le millier[11] »

Les prévisions de Lawrence étaient bien en deçà de la réalité, quant au nombre de personnes qu’il y aurait à déporter : leur chiffre total pour Grand-Pré, où opéra Winslow, dépassa trois mille ; à Annapolis, il atteignit seize cents cinquante.

« Si les moyens de douceur ne réussissent pas, continuait Lawrence, vous aurez recours aux mesures les plus énergiques pour les embarquer, et pour enlever à ceux qui prendront la fuite toute possibilité de se mettre à l’abri, en brûlant leurs maisons, et en détruisant dans le pays tout ce qui pourrait leur servir de subsistance. »

Et à Murray : « Si les habitants se conduisent mal, vous les punirez à votre discrétion ; dans le cas de tentative de destruction ou de molestation des troupes de Sa Majesté, soit par les sauvages ou par d’autres, vous avez reçu mes ordres d’exiger de ceux dans le voisinage desquels l’offense aura été commise, œil pour œil, dent pour dent, en un mot, vie pour vie[12]. »

Il est fort difficile de s’empêcher de conclure que Lawrence se complaisait dans la cruauté. Tout paraît avoir été calculé pour rendre le sort de ses victimes aussi misérable que possible. Ces divers commandants avaient leurs coudées franches. Avec Murray, cela n’était pas peu dire. Si du moins le gouverneur en fut resté là ; mais non : pour mieux accentuer ce qu’il entendait en laissant le champ libre à ses subalternes, il supplémentait leur liberté d’action par des instructions qui les invitaient à commettre des actes aussi barbares qu’injustifiables : « Vous exigerez vie pour vie de ceux dans le voisinage desquels une offense aura été commise contre les troupes de Sa Majesté. » À Beauséjour, l’ordre était précis de s’emparer des hommes, et de les expédier les premiers, les femmes et les enfants ensuite, vers des lieux différents, très éloignés les uns des autres. Aux autres endroits, l’ordre n’est pas aussi formel dans le même sens. Il n’est pas enjoint d’une manière spéciale aux officiers d’expédier les hommes séparément, mais de s’emparer d’autant de personnes que possible, particulièrement les chefs de famille et les jeunes gens, pour les déporter dès l’arrivée des premiers transports. Il y a là une légère variante, encore qu’elle soit loin d’indiquer que les membres des mêmes familles seront réunis à bord des mêmes vaisseaux. Il n’y avait pas, pour les Acadiens des autres cantons, l’objection qui pouvait exister pour ceux de Beauséjour ; car, il était à peu près impossible aux femmes et aux enfants des autres localités de la péninsule de chercher à s’enfuir avec les bestiaux. Dans toutes ces mesures, il n’y a, au fond, qu’une chose : la cruauté de Lawrence, — cruauté qui allait jusqu’à l’imprudence, car il nous semble que son intérêt devait être de favoriser la réunion des familles, pour calmer le mécontentement, l’agitation, les chagrins, prévenir les efforts désespérés, et faciliter autant que possible la résignation à un sort déjà si cruel.

Était-ce donc pour rendre leur condition encore plus pitoyable qu’il destinait les habitants d’une même localité à des endroits différents, séparés les uns des autres par de grands espaces ? Outre les pères, les mères et les enfants, habitant sous le même toit, il y avait les frères et sœurs mariés, leurs enfants, les oncles et tantes, les cousins, les neveux, formant autant de nouvelles chaînes de parenté qui se briseraient dans l’exil ; il y avait les voisins, les amis, résidant généralement dans le même canton, et avec lesquels s’étaient tissés de ces liens d’intimité qui, dans une communauté pastorale comme était la leur, faisaient l’agrément, le réconfort et le charme de la vie. Si nous laissons de côté les raisons d’humanité, auxquelles Lawrence n’était pas accessible, n’était-il pas de l’intérêt de ce gouverneur de destiner au même endroit les familles des mêmes localités, pour mieux les retenir ensemble, et empêcher ces migrations continuelles à la recherche d’un père, d’une mère, d’un frère, d’une sœur, — lesquelles ne cessèrent définitivement que trente-deux ans après cette année funeste ? — Pouvait-il espérer garder sur le sol de l’exil, intéresser à la vie, transformer en sujets utiles ces personnes qui pleuraient l’absence d’un mari, d’un fils, ces familles disloquées qui, du fond de leur abjecte misère, gémissaient sur le sort, inconnu et non moins cruel, de tant de parents arrachés violemment de leurs foyers, semés sur toutes les plages, — elles ne savaient où ? N’ayant pas osé exterminer les Acadiens par les armes, voulait-il les tuer de chagrin ? Ah ! tant de cruauté dépasse tout ce que l’on peut imaginer ; et le souvenir de ces malheurs, qu’il est impossible d’apprécier dans toute leur étendue, et dont nous ne réussissons à nous faire quelque idée qu’en nous rappelant les fréquentes et vivantes évocations que nous en entendîmes au foyer paternel, — ce souvenir amène encore à nos paupières, après plus d’un siècle écoulé, des larmes que nous ne saurions refouler !

Cette absence totale de sentiments humains, chez Lawrence, ou plutôt cette cruauté préméditée, ne constitue-t-elle pas, à elle seule, une présomption accablante que ses griefs étaient fabriqués à dessein, en vue d’un projet quelconque d’enrichissement ? Rien ne pouvait répugner à un homme aussi féroce ; il a rendu possibles les suppositions les plus honteuses pour sa mémoire. Et comme son intérêt ne pouvait être que dans une direction, c’est là qu’il fallait le chercher et c’est là que nous l’avons trouvé.

Le lecteur se tromperait s’il s’imaginait que Parkman a reproduit cet ordre inique à Murray, que nous avons cité plus haut. Il ferait également erreur s’il croyait qu’il y eut, dans l’ouvrage de l’historien américain, un seul mot au sujet de la destination des vaisseaux emmenant leurs cargaisons d’exilés[13]. Au contraire, Parkman a supprimé tous ces renseignements, et il a tout fait pour laisser croire que la déportation s’était accomplie avec humanité[14]. Par ses manœuvres incessantes pour fausser le jugement de l’histoire, il s’est en quelque sorte mis dans la position d’un complice après le fait ; et, comme tel, il a attaché à son nom une part du mépris qui revient aux auteurs de cet acte abominable[15].




  1. Cf. Can. Arch. (1894.) July. 28. Halifax. 1755. « Minutes of Executive Council of the 3rd, 4th, 14th, 15th, 25th and 28th July, containing the conferences with the deputies of the french inhabitants ; the representations of the inhabitants (in french ;) the remarks of the council and their resolution respecting the disposal of the French inhabitants. » (Am. & W. I. vol. 597. P. 66.) A copy of these was sent to Secretary of State on 26th November.

    October. 18th. 1755. Lawrence to Lords of Trade. Il leur annonce la déportation comme un fait accompli ; « …the only safe course was to distribute them in the colonies from Georgia to New England ; by the end of next month not one will remain. » (H. 311. B. T. N. S. vol. 15.) (Two extracts were sent to Secretary of State on 26th November.)

  2. Si quelqu’un a « joué une partie d’adresse », c’est bien l’auteur d’Acadie, quand il s’est ingénié à bâtir sa thèse impossible de la non-participation de la Métropole dans l’affaire de la déportation des Acadiens. D’après lui, Lawrence agit secrètement et précipite les choses. Acceptons pour le moment cette donnée. Quelle a été l’attitude du Home Government devant le fait accompli ? Et d’abord, citons encore une fois cette lettre des Lords of Trade, en date du 25 mars 1756 : « … Il (Lawrence) a été nommé capitaine général et gouverneur-en-chef de la Nouvelle-Écosse. Ont reçu toutes ses dépêches (de la fin de l’année précédente) avec les documents adjoints. Faut procéder aussi rapidement que possible dans les travaux défensifs (de la Province,) vu que la guerre avec la France semble inévitable. Ont soumis cette partie de sa lettre, (certainement la lettre du 18 octobre, citée note précédente,) concernant la déportation des habitants français, laquelle sera approuvée sans aucun doute… » (Can. Arch. (1894.) B. T. N. S. vol. 36. P. 273.) Si ceci n’est pas péremptoire en faveur d’un acquiescement des Lords au crime brutal commis par leur représentant en Acadie, nous nous demandons ce qui pourrait l’être. L’honnête Bancroft référait à cette lettre quand il écrivait : « The Acadians were despised, because they were helpless… Their papers and records, the titles to their estates and inheritances, were taken away from them. We did, said Edmund Burke, in my opinion most inhumanly, and upon pretences that, in the eye of an honest man, are not worth a farthing, root out this poor, innocent, deserving people, whom our utter inability to govern, or to reconcile, gave us no sort of right to extirpate. » Et Bancroft termine ainsi : « I know not if the annals of the human race keep the record of sorrows so wantonly inflicted, so bitter, and so lasting, as fell upon the french inhabitants of Acadia. » (Hist. of the U. S. vol. ii. The Americain Revolution. ch. vii. P. 426. P. 434. New York. Appleton. 1888.) En note, Bancroft cite une autre lettre des Lords du Commerce au Roi, en date du 25 décembre 1759, (Can. Arch. (1894,) Whitehall, 20 déc. 1759. Same to the King. B. T. N. S. vol. 96, p. 381,) et une lettre des mêmes à Lawrence, en date du 10 mars 1757, où il est dit : « We are extremely sorry to find that, notwithstanding the great expense which the public bas been at in removing the french inhabitants, there should yet be many of them remaining. It is certainly very much to be wished that they could be entirely driven out of the Peninsula : « …Regret that so many of the French inhabitants are left, who have it so greatly in their power to molest the out settlements. The blamable conduct of the southern colonies in allowing those people to coast along from one province to another, till they could reach Nova Scotia ; had they not be stopped by the governors of New York and Massachusetts, there is no attempt, however desperate and cruel, that might not have been expected from them, exasperated as they must have been by the treatment they have met with. » (B. T. N. S. vol. 36, p. 300. Akins. P. 304.) Et que d’autres documents nous pourrions produire et que nous produirons ultérieurement, montrant que la déportation a été ratifiée, sanctionnée par le Home office. Ceux que nous venons de citer suffisent pour le moment. Et quand Richard, dans un chapitre subséquent, dira que « seule la mort a sauvé Lawrence de la disgrâce », il outragera, en parlant ainsi, l’évidence historique. Quant à l’autre partie de la question, à savoir si les Lords du Commerce ont été mis au courant préalablement du projet de Lawrence et s’ils l’ont secondé, laissons encore parler Bancroft : « But it had been determined upon » after the ancient device of oriental despotism, that the french inhabitants of Acadia should be carried away into captivity to other parts of the British dominions. » They have laid aside all thought of taking the oaths of allegiance voluntarily ; » thus, in August 1754, Lawrence, the lt-governor of Nova Scotia, had written of them to Lord Halifax. « They possess the best and largest tract of land in this province ; if they refuse the oaths, it would be much better that they were away. » — The Lords of Trade in reply veiled their wishes under the decorous form of suggestions : « By the Treaty of Utrecht — said they of the French Acadians — their becoming subjects of Great Britain is made an express-condition of their continuance after the expiration of a year ; they cannot become subjects but by taking the oaths required of subjects ; and therefore it may be a question, whether their refusal to take such oaths will not operate to invalidate their titles to their lands. Consult the chief justice of Nova Scotia upon that point ; his opinion may serve as a foundation for future measures. » (Halifax and his coleagues to Lawrence, 29 oct. 1754.) — En d’autres termes, « nous sommes plutôt d’avis que le refus de prêter serment de la part des Acadiens leur enlève tout droit sur leurs terres. Au reste, consultez là-dessus Belcher, juge-en-chef, et voyez aux mesures à prendre en conséquence. Ce que vous déciderez sera bien. » — Et les Lords ne furent pour rien dans la déportation ? Quelle fable ! Il y a en plus les lettres de Lawrence des 28 juin et 15 juillet 1755, etc, etc. — D’ailleurs, il fallait à Lawrence la collaboration de tous les gouverneurs des colonies Britanniques du continent pour exécuter la déportation. De quel droit eût-il exigé le concours de ces hauts personnages, s’il n’en eût reçu l’autorisation du Home office ? Un fait comme la déportation ne pouvait se passer en petit comité. Si Lawrence n’eût été assuré que son projet avait eu l’approbation du Home office, comment eut-il pensé l’exécuter secrètement, et sans que la nouvelle en transpirât et s’en répandit jusqu’en Angleterre, quand tous les gouverneurs anglais devaient contribuer à sa réalisation ?

    L’extrait que Bancroft donne, plus haut, d’un discours d’Edmund Burke, se trouve dans son fameux Speech on economical reform, prononcé dans la chambre des communes, le 11 février 1780. Ce discours du grand orateur anglais est en partie, une philippique contre l’inutilité et l’immoralité « of that office called, the board of trade and plantations. This board of trade and plantations has not been of any use to the colonies, as colonies. Et après avoir énuméré au long ses terribles griefs contre cette institution, dont « l’inutilité est reconnue par le parlement, par les ministres, et même par ceux qui en font partie », Burke conclut ainsi : « I shall therefore propose to you to suppress the board of trade and plantations. » Nous donnons ci-après tout le passage concernant l’Acadie. L’orateur veut prouver que le Bureau du Commerce et des Plantations n’a rendu aucun service, loin de là, au point de vue colonial : il le démontre par l’exemple de la Géorgie, puis il en vient à la Nouvelle-Écosse : « The province of Nova Scotia was the youngest and the favorite child of the board. Good God ! what sums the nursing of that ill-thriven, hard visaged, and ill-favoured brat has cost to this wittol nation ! Sir, this colony has stood us in a sum of not less than seven hundred thousand pounds. To this day, it has made no repayment. — It does not even support those offices of expense, which are miscalled its government ; the whole of that job till lies upon the patient, callous shoulders of the people of England. Sir, I am going to state a fact to you, that will serve to set in full sunshine the real value of formality, and official superintendence. There was, in the province of Nova Scotia, one little neglected corner, the country of the Neutral French ; which having the good fortune to escape the fostering care of both France and England, and to have been shut out from the protection and regulation of councils of commerce and of boards of trade, did in silence, without notice, and without assistance, increase to a considerable degree. But it seems our nation had more skill and ability in destroying than in settling a Colony. — (Et l’auteur d’Acadie qui a dit : l’Angleterre seule sait coloniser !) — In the last war we did, in my opinion, most inhumanly, and upon pretences that in the eye of an honest man are not worth a farthing, root out this poor innocent, deserving people, whom our utter inability to govem, or to reconcile, gave us no sort of right to extirpate. Whatever the merits of that extirpation might have been, it was on the footsteps of a neglected people, it was on the fund of unconstrained poverty, it was on the acquisitions of unregulated industry that anything which deserves the name of a colony in that province has been formed. »

    The works of Right Hon. Edmund Burke, vol. ii. P. 112-113. (London. Henry G. Bohn, York Str., Covent Garden) (mdccclv.)

    Burke reprochait en particulier aux membres du Board of Trade de se laver les mains de toutes les questions, même et surtout des plus importantes, qui étaient de leur ressort et compétence. Nil horum. « In the course of all these bills through the house (India bills,) I observed the members of that board to be remarkably cautions of intermeddling. Il parle encore du « learned leisure », de ces messieurs, que rien ne peut déranger, et du « perpetual virtual adjournment, and the unbroken sitting vacation of that board. »

    Tels étaient les personnages de qui dépendait le sort des pauvres Acadiens. Lawrence avait beau jeu, sous de tels chefs, rois fainéants de la bureaucratie britannique.

  3. L’auteur fait ici allusion à la dépêche de Sir Thomas Robinson, en date du 13 août 1755, laquelle sera citée au ch. xxx, et accompagnée de commentaires. Comme consolation pour les fils des victimes de la déportation, cette lettre vaut un peu mieux que rien.
  4. Cette pièce est dans Akins, p. 267-8-9, où elle est précédée de trois astérisques. On la trouve aussi, en partie, dans Arch. Can. (1906), Appendice A. P. 64-5.
  5. Akins et Arch. Can. (loc. cit.) Dans Akins, l’extrait de cette lettre du 8 août remplit toute une page. Le MS. original ne la reproduit qu’en partie.
  6. Akins. P. 275. Halifax. 11 August 1755. Instructions for major John Handfield etc. — Des ordres identiques avaient été envoyés à Winslow et à Murray.
  7. Montcalm et Wolfe. i. viii. Removal of the Acadians. P. 276
  8. « And as to those about the Isthmus who were in arms and therefore entitled to no favour from the government, it is determined to begin with them first. » — À Monckton, 30 juillet. Cf. Akins. P. 268.
  9. Les Poissons et le Cormoran. Fable cxcii. Dans le MS. original — fol. 569 après la phrase : « la faveur d’être plongés dans le même abîme huit jours plus tard, » il y a ceci : « cela ressemble à la faveur du pêcheur à la ligne du bon Lafontaine : « À quelle sauce voulez-vous être mangés ? » — disait-il à ses poissons captifs. » — Il n’est rien de tel dans La Fontaine. Nous avons cru que ces deux vers de la fable : Les Poissons et le Cormoran : « Un jour plus tôt, un jour plus tard, ce n’est pas grande différence, » convenaient très bien à cet endroit, c’est pourquoi nous les y avons insérés, au lieu d’une citation imaginaire.
  10. Cf. Akins. P. 272. — Arch. Can. (1905. Tome ii. App. B. P. 70,) (Voir aux Appendices de ce chapitre.)
  11. Akins. P. 275.
  12. Archives Can. loc. cit.
  13. Parkman dit simplement : « The rest (de tous ceux qui n’avaient pu s’échapper) were distributed among the colonies from Massachusetts to Georgia, the master of each transport having been provided with a letter from Lawrence addressed to the governor of the province to which he was bound… many of the exiles eventually reached Louisiana… » — Montcalm and Wolfe. i. viii. P. 292-3.
  14. « So far as Winslow was concerned, their treatment seems to have been as humane as was possible under the circumstances. » — Montcalm and Wolfe. The removal. i. viii, p. 290.
  15. Richard, si prodigue d’anathèmes envers Parkman, eût dû ne pas oublier que les Lords du Commerce, en fait le Home Government, méritaient au moins les mêmes exécrations, pour avoir complimenté Lawrence de son œuvre et l’avoir trouvée bonne. Car ce furent eux, les complices après le fait ; et non seulement après, mais avant, pour y avoir donné les mains, laissé le champ libre au Gouverneur, lui avoir fait des suggestions insidieuses, lui avoir dit de s’en rapporter à Belcher, et, de toute façon, avoir autorisé ce crime.