Académies et sociétés savantes 1830-4/02




PARIS. — Académie des Sciences. — Séance du 6 décembre. — M. Duméril communique à l’Académie une lettre du docteur Lombard, de Genève, relative à l’influence de certaines professions sur le développement de la phthisie pulmonaire. M. Lombard annonce qu’il a constaté des résultats analogues à ceux observés par M. Benoiston de Châteauneuf. Dès 1828, il avait noté les professions de 2,645 phthisiques qui étaient venus mourir dans les hôpitaux de Paris. M. Lombard a étudié également l’influence des poussières, et il a remarqué que l’inhalation des poussières végétales est beaucoup moins nuisible que celle des poussières minérales. À Genève, les décès pour phthisie sont de 0,20 chez les meuniers, tandis que chez les plâtriers ils atteignent la proportion énorme de 0,67. Ce médecin a été surtout frappé de l’influence de certaines émanations qui lui paraissent développer la phthisie chez un grand nombre d’ouvriers de certaines classes, tels que les chapeliers, les peintres-vernisseurs et les émailleurs, et il a trouvé que la proportion des décès par phthisie pulmonaire était de 0,42 à Vienne en Autriche, et de 0,31 à Genève pour les chapeliers, de 0,32 pour les peintres-vernisseurs, et de 0,25 pour les peintres-émailleurs. Il résulte de l’intéressante lettre de M. Lombard que les métiers qui exigent de grands mouvemens de bras sont moins exposés que d’autres à contracter cette maladie dans le rapport de 0,118 à 0,207 pour Genève, et de 0,252 à 0,286 pour Vienne, et que l’opinion des pathologistes qui attribuent la phthisie pulmonaire aux secousses imprimées par les bras aux organes thoraciques, est tout-à-fait dénuée de fondement. — M. Gay-Lussac présente à l’Académie, de la part de M. Leroux, plusieurs flacons de salicine. Ce pharmacien est parvenu à retirer 5 pour cent de ce produit de l’écorce de saule. — M. de Humboldt lit ensuite un savant Mémoire dans lequel il développe ses Recherches sur les systèmes des montagnes et les volcans de l’intérieur de l’Asie. Le célèbre voyageur rectifie dans ce Mémoire plusieurs erreurs géographiques consacrées dans les cartes actuelles de l’Asie centrale.


13 décembre. — M. Bory de Saint-Vincent présente de la part de l’auteur, M. Jobard, des cartes et des plans gravés sur pierre avec un diamant, et dont le travail offre une grande perfection. MM. Lacroix et Arago sont chargés de les examiner. — M. Cuvier fait un rapport détaillé sur les collections apportées récemment des Indes par M. Dussumier. C’est le sixième voyage, dit le célèbre académicien, que M. Dussumier fait aux Indes et à la Chine, et c’est la sixième fois qu’il a comblé le Muséum de ses présens ; le dernier surpasse tous les autres. Parmi les quadrupèdes apportés par M. Dussumier, on remarque surtout l’ours jongleur et l’antilope à quatre cornes ; cet animal, dont on n’avait vu encore en Europe que le crâne, et dont le Muséum ne possédait aucune partie, est rare même au Bengale. Il est mort dans le chemin de Bordeaux à Paris, mais on a toutes ses dépouilles. Sur 481 espèces de poissons faisant partie de la collection de M. Dussumier, on en compte près de 100 inconnues jusqu’ici. À peine reposé d’une expédition aussi longue que celle qu’il vient de faire, et dans laquelle il a recueilli cette riche collection, l’infatigable voyageur se dispose d’en entreprendre une autre, et de retourner à Canton et à Manille. Honneur aux hommes qui se dévouent ainsi aux progrès de la science ! — M. Larrey présente deux sujets cités dans son rapport chirurgical sur les blessés de juillet, et dont l’un avait été atteint d’une balle, qui, traversant d’avant en arrière le côté gauche de la poitrine, semblait avoir intéressé le cœur ; l’autre, qui ayant eu le col de l’humérus fracassé par une balle, a subi l’amputation du bras à l’épaule. Ces deux individus sont complètement rétablis. — M. Michaux, correspondant de l’Institut, lit un Mémoire sur le zelkoa, arbre forestier, originaire des bords de la mer Caspienne, et connu sous le nom vulgaire d’orme de la Sibérie. — M. Sérullas lit une note relative au moyen de reconnaître lorsqu’une dissolution de chlorure d’iode est à l’état de chlorure ou à l’état d’acide iodique et d’acide hydrochlorique. — Le même académicien lit un Mémoire sur l’action qu’exercent sur l’alcool les acides boracique et chlorique. — On lit pour M. Portal un Mémoire sur la nature et le traitement de la goutte.


20 décembre. — M. Beaudelocque neveu envoie à l’Académie une observation de vagissemens poussés par un enfant qui cria trois quarts d’heure avant de franchir le détroit supérieur du bassin. La possibilité du phénomène, qui fait l’objet de l’observation de M. Beaudelocque, a été niée par les meilleurs accoucheurs. Il paraît en effet impossible de l’expliquer ; mais, d’un autre côté, on ne peut manquer d’être frappé des témoignages nombreux et concordans qui se réunissent pour l’attester. — M. Cuvier fait un rapport verbal sur un ouvrage de M. Bourdon, intitulé : Principes de Physiologie comparée. — M. Navier fait en son nom et celui de MM. Prony et Girard, un rapport sur deux Mémoires de M. le colonel Caucourt, relatifs à la mesure de la vitesse de la Néwa à Saint-Pétersbourg.


27 décembre. — M. le ministre de la guerre invite l’Académie à présenter un candidat pour la place de professeur de géodésie, vacante à l’École Polytechnique, par la démission de M. Arago. — M. Sérullas lit un rapport favorable sur un Mémoire de M. Gaultier de Claubry, concernant le composé cristallin qui se forme dans la préparation de l’acide sulfurique. La théorie de cette formation, telle qu’elle avait été proposée autrefois par MM. Clément et Désormes, ayant été reconnue insuffisante, M. Bussy s’en occupa de nouveau, et détermina, d’une manière plus exacte, la nature du produit. Les recherches de M. Gaultier de Claubry ont confirmé l’exactitude de ce second travail ; mais de plus elles ont fait connaître un fait encore inaperçu : c’est qu’il se dégage de l’azote pendant la formation du produit cristallin. — M. Larrey fait un rapport verbal sur l’ouvrage de M. le professeur Roux, intitulé : Considérations cliniques sur les blessés qui ont été reçus et traités à l’hôpital de la Charité pendant et après les journées de juillet. — M. de Blainville fait un rapport favorable sur un Mémoire de M. Duclos, relatif au genre cyprea de Lynné. — Le même membre présente de la part de M. le docteur Jacobson, une boîte d’instrumens propres à briser et non à broyer la pierre dans la vessie. Ces instrumens sont renvoyés à la future commission du prix Monthyon, qui est invitée à en faire l’essai. — M. Pelletan lit un Mémoire sur de nouveaux effets de la force élastique de la vapeur, et M. Velpeau un Mémoire fort étendu sur la piqûre des artères dans le traitement des anévrismes.