Académie des sciences – Séance hebdomadaire/09
8 septembre 1873
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{{t3|ACADÉMIE DES SCIENCES
Séance du 15 septembre 1873. — Présidence de M. Bertrand.
Le pouls. — Voilà un sujet en apparence bien vulgaire et qui cependant réservait à l’observation des faits du plus haut intérêt. C’est M. Bouillaud, dont le nom est intimement lié à ses connaissances sur les fonctions du cœur, qui a fait du pouls une étude approfondie, et qui en expose aujourd’hui les résultats à l’Académie. On admet généralement, suivant la définition de Longet, que le pouls n’est autre chose qu’un mouvement de choc perceptible, quand on applique la main sur la peau qui recouvre une artère. Quoique cette définition soit acceptée partout, il s’en faut de beaucoup qu’elle soit satisfaisante ; elle ne concerne, en effet, qu’une partie du phénomène total qui a lieu réellement. À côté de ce choc, dû à l’impulsion que le cœur imprime au sang, il y a un autre petit choc causé par la contractilité propre à l’artère ; de façon que le pouls au lieu d’être, comme on le dit d’ordinaire, un instrument à deux temps (un choc et un repos), est réellement à quatre temps (deux chocs séparés par deux repos). Le fait explique la figure bien connue que donne le sphygmographe, de M. Marey, et cette figure montre en même temps combien ces différents temps de la révolution artérielle se succèdent régulièrement.
Il faut remarquer que la découverte de M. Bouillaud permet seule de comprendre complètement le phénomène de la circulation du sang. On comprend bien en effet, dans la manière de voir ordinaire, comment le sang est poussé du cœur dans les artères, mais rien n’explique comment le liquide nourricier passe des artères dans le système capillaire. Au contraire, le mouvement de contraction propre des artères, ou systole artérielle, qui vient d’être indiqué, l’explique complètement. Seulement il y a lieu de se demander par quel mécanisme se produit cette contraction intermittente des artères. La contraction du cœur tient à sa nature musculaire, mais jusqu’ici on n’a trouvé aucune fibre contractile dans les artères, et le progrès que vient de faire la physiologie, soulève un problème nouveau. En terminant, M. Bouillaud fait remarquer que cette maladie, connue depuis longtemps des sujets qui présentent un pouls double n’est que l’exagération de l’état offert par tout le monde dans les conditions normales.
Produits de l’oxydation des fers météoriques. — Les données de la géologie comparée conduisent à admettre que le noyau interne de notre globe est formé de masses comparables aux roches météoritiques. Il en résulte que nos roches, dites éruptives, doivent, à mesure qu’on les considère à une plus grande profondeur, se rapprocher de plus en plus des roches extra-terrestres, jusqu’à se confondre avec elles. C’est ainsi que nous avons montré, il y a déjà longtemps, que les filons de serpentine doivent être regardés comme représentant le chapeau de filons plus profond, de la pierre météorique appelée chantonnite. Une même relation doit se retrouver entre nos fers oxydés ou magnétites et les filons de fers météoriques. Un très-grand nombre d’expériences variées nous ont montré, en effet, que des fers météoriques oxydés dans des conditions convenables, acquièrent, au double point de vue de la structure et de la composition, tous les caractères importants des magnétites associées aux serpentines terrestres. L’élimination du nickel a lieu très-facilement sous l’influence de l’oxydation et du lavage par les eaux salines.
Observation de la comète IV de 1873. — MM. Bayet et André poursuivent leurs observations sur la comète découverte récemment par M. Henry. Depuis le 1er septembre, le ciel a été généralement très-défavorable aux observations. Cependant, le 2, on peut reconnaître que la queue avait environ une longueur de deux degrés ; le diamètre de la tête n’avait pas augmenté depuis les observations antérieures et mesurait de 8 à 9 minutes d’arc ; mais la forme de cette tête s’était beaucoup modifiée, le noyau ayant pris une position moins centrale et plus rapprochée de la région antérieure. Dans la nuit du 10 au 11 septembre, entre une heure et deux heures, une éclaircie permit de revoir l’astre errant qui, malgré la proximité de la lune, apparut avec beaucoup d’éclat. Le noyau restait visible dans des conditions, où les étoiles de 5e grandeur étaient effacées et la tête était nettement tordue en arc de cercle. Cette comète marche avec une rapidité extrême vers le soleil, mais elle ne tardera pas à devenir invisible dans notre hémisphère, et nos astronomes ne peuvent espérer la revoir que longtemps après son passage au périhélie, alors qu’elle se trouvera de nouveau dans des conditions analogues à celles où elle est aujourd’hui.
Transmission du choléra. — Suivant M. le docteur Pellarin, qui fait une longue lecture à ce sujet, les déjections des cholériques constituent l’agent le plus efficace de transmission du choléra. S’élevant contre les médecins qui pensent que la cause de l’épidémie est apportée par l’air, l’auteur soutient que celle-ci ne voyage que par les individus qui en ont pris le germe dans les pays envahis. Le but de l’auteur, en faisant cette lecture, d’ailleurs fort intéressante, est surtout de rappeler qu’il a émis, dès 1839, cette opinion que d’autres praticiens viennent de publier comme nouvelle.