ABC : Petits ContesMaison Alfred Mame et fils (p. 20-21).

Fourmi


II



— « Le peuple des fourmis, dit Mme Escargot, est un peuple actif qui va et vient sans cesse sur les routes de France et qui doit connaître beaucoup de gens et être au courant de beaucoup de choses. Nous allons demander aux fourmis si elles ne connaîtraient pas une jeune fille digne d’épouser notre escargoton.

— J’allais te le proposer, » dit le père Escargot.

Et il descendit de son balcon avec sa femme pour interroger les fourmis.

Les fourmis répondirent :

« Justement, nous avons ce qu’il vous faut. À quelques mètres d’ici, dans le trou d’un vieux mur, vit une demoiselle Escargot de la plus jolie coquille, dont on a dernièrement fait cuire les parents. La pauvrette est toute seule au monde.

— Elle ne restera pas seule longtemps, s’écrièrent ensemble M. et Mme Escargot. Allez, je vous prie, la demander en mariage pour monsieur notre fils. »

Les fourmis se mirent en route et arrivèrent près du vieux mur où l’orpheline pleurait ses parents qu’on avait fait cuire.

Elle fut si heureuse de la proposition, qu’elle accorda tout de suite sa main, même sans le connaître, au fils adoptif des vieux escargots, et qu’elle se mit en marche, en bavant de joie tout le long du chemin.

Mais elle n’avançait pas vite. Alors les fourmis fabriquèrent avec des brins d’herbe une chaise à porteur qu’elles chargèrent sur leurs épaules. Et c’est ainsi que la pauvre orpheline arriva, après plusieurs jours, au chou de ses beaux-parents et dans les bras de son fiancé.