1914-1916 : poésies
Mercure de France (p. 9-12).


1914


SALUT


Salut, ô premiers morts de nos premiers combats,
Ô vous, tombés au seuil de la grande espérance
Dont palpite le cœur ébloui de la France,
Héros, je vous salue et ne vous pleure pas !

La Gloire vous a pris, pieuse, dans ses bras,
Et d’un baiser d’amour sacre votre vaillance,
Et la Victoire, avant que son vol ne s’élance,
Posera ses pieds nus où marchèrent vos pas.


Lorsque le Coq gaulois de son bec héroïque
Aura crevé les yeux de l’Aigle germanique,
Nous entendrons son chant vibrer au clair soleil :

Salut à vous, Héros, qui, d’une main hardie,
Cueillerez le laurier triomphal et vermeil
Pour l’offrir à l’autel sanglant de la Patrie !


Août 1914.