Texte établi par (Charles Bally ; Léopold Gautier), Payot/Droz (p. 451).

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AKEΩN.
(Mémoires de la Société de Linguistique, VII, p. 86. — 1892.)

Ἀκέων «gardant, le silence» ne pourrait-il s’expliquer comme participe présent d’ ἀκ-ήκο-ϝα? Le vieux norrois hljóđr «qui prête l’oreille» (de la racine k1leu-, κλύειν) signifie en même temps silencieux, et cela dans l’acception la plus large, c’est-à-dire même dans des passages où le mutisme d’une personne est un signe de mauvaise humeur ou d’affliction, et n’a plus rien à voir avec l’idée d’écouter. De même le substantif hljóđr veut dire ouïe et silence, et l’équivalent gotique (autrefois mal lu) in hiliuþa, I Tim. 2, 11, traduit le grec ἐν ἡσυχία. Cf. Hèliand 3910: was hlust mikil, thagoda thegan manag. On retrouve la même transition dans le lette kIuss «tranquille», parent de klausít «écouter».

M. Bréal me rend attentif encore à l’allemand moderne aufhören, étymologiquement «dresser l’oreille, s’arrêter pour écouter»; de là «cesser». La difficulté vient de ἀκήν, car *ἀκϝήν conduirait à ἀκκήν (cf. πέλεκκον) où même, à ἀππήν (cf. ἵππος).