Texte établi par (Charles Bally ; Léopold Gautier), Payot/Droz (p. 408).



ΑΔΗΝ.
(Mémoires de la Société de Linguistique, VI, p. 53. — 1889.)

Nous avons dans le grec βουβών l’exemple d’un mot pouvant désigner indifféremment les glandes situées à l’aine, une tumeur causée par l’inflammation de ces glandes, ou simplement enfin, la région de l’aine.

On peut croire que le latin ingven, dans sa vraie acception, était sensiblement l’équivalent de ce mot grec, qu’il avait tous les sens de βουβών et qu’il n’en avait légitimement aucun autre. Les Latins, pour traduire βουβών se servent d’ingven. Le français, dans le mot aine, a précisé la signification sans la modifier.

Ingven étant l’aine ou les glandes de l’aine, il n’y a pas de difficulté à en rapprocher un mot jusqu’ici sans congénères connus, le grec ἀδήν ou ἁδήν (gén. ένος) « glande du corps en général »[1]. Forme première : *n̥g2en-. D’autres mots sortis de la même souche existent en vieux norrois et présentent une variété du vocalisme radical : økkvinn = *enkvinn « enflé », økkr « tumeur », déjà comparé au latin ingven dans la grammaire islandaise de M. Noreen, § 71, 4.



Notes
  1. J’abandonne pour ce rapprochement celui que j’avais tenté ailleurs entre ingven (en ce cas = *hingven) et le sanskrit ģaghanam (forme première : *g1hn̥g2hen-).