Œuvres posthumes (Verlaine)/Histoires insolites

Œuvres posthumesMesseinSecond volume (p. 349-350).

« HISTOIRES INSOLITES »

par m. le conte de villiers
de l'isle-adam


C’est certes le livre le plus charmant de Villiers, le plus aérien, si j’ose dire, quelque chose comme le drapeau sur les palais de souverains qui enseigne gentiment et bellement au Peuple, avec ses fiers et gais claquements parmi tous les vents qui passent, avec ses plis majestueux par les bonaces, que Sa Majesté est là : et est-ce assez le cas ici ?

Certes la Maison du bonheur, rêve de perfection bien doux et bien haut, une entrevue à Solesme, bien douce et bien haute encore anecdote catholique, et les Amants de Tolède ou le sublime auteur d’Akédysseril se concentre si bien ! sont des choses profondes, fortes comme il faut absolument, magnifiques et royales ; mais laissez-moi insister sur l’essentielle jovialité, bien entendu dans le sens étymologique et divin littéralement du mot, des autres histoires.

Que d’ironie cruelle, jamais féroce ! dans les récits de seul bon sens, de seul Bon Sens, dans les sortes d’apologues lumineux s’adressant à nos meilleurs sentiments de haine parfaite, perfecti odii, pour la soi-disant Bourgeoisie (je dis soi-disant Bourgeoisie, car au fond il y a de réelles bonnes et braves gens partout et les castes ont raison d’être) ; je veux parler des Phantasmes de M. Redoux, du Jeu des Grâces, de ces admirables abominables Délices d’une bonne œuvre, de cet admirable affreux Mahoin, toutes choses inliniment supérieures à du Pétrus Borel avec, très supérieures, l’âme par instant du Lycanthrope qui fut, n’est-ce pas ? en son temps, une manière rudimentaire de Poète Maudit. Et, à mon sens, simple et de quelle allure ! cordiale et — c’est le cas de le dire après qu’on a lu, relu et relu ces quelques pages — combien rafraîchissant et joli, mais joli comme ça, bon et encourageant, l’Agrément Inattendu, écrit en ce beau style d’une surnaturelle clarté, entraînant, sweeping, car ce diable, ce bon diable de Villiers (puisque l’ange, l’ange non déchu, prend parfois aussi toutes les formes) me force à parler anglais faute de mieux parler. Et tout le reste, sans plus de choix ! décidément.