Œuvres posthumes (Musset)/À Alfred Tattet
À ALFRED TATTET
Non, mon cher, Dieu merci ! pour trois mots de critique
Je ne me suis pas fait poète satirique ;
Mon silence n’est pas, quoi qu’on puisse en douter,
Une prétention de me faire écouter.
Je puis bien, je le crois, sans crainte et sans envie,
Lorsque je vois tomber la muse évanouie
Au milieu du fatras de nos romans mort-nés,
Lui brûler, en passant, ma plume sous le nez ;
Mais censurer les sots, que le ciel m’en préserve !
Quand je m’en sentirais la chaleur et la verve,
Dans ce triste combat dussé-je être vainqueur,
Le dégoût que j’en ai m’en ôterait le cœur.
En 1842, lorsque Alfred de Musset eut publié son Épître sur la paresse et le morceau intitulé : Après une lecture, son ami Alfred Tattet lui écrivit pour l’engager à suivre une veine satirique qui venait de lui procurer deux succès brillants. Ces vers sont la réponse du poète à cette lettre.