Œuvres poétiques de Chénier (Moland, 1889)/Pourquoi, me suis-je dit
Pourquoi, me suis-je dit, quand chacun travaille, que Bailly retrouve dans le ciel l’histoire de la terre,
Pourquoi, dans des écrits médités à l’écart
Ne pas tenter aussi un honnête hasard ?
Par le zèle du vrai, sinon par les lumières,
Recommander aussi nos travaux à nos frères,
Honorer nos loisirs, justifier le choix
Des amis qui toujours nous ont donné leurs voix,
Et forcer, s’il se peut, dans l’âge qui doit naître,
La curieuse étude à vouloir nous connaître ?
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Doit-il donc, à l’aspect de l’aigle ambitieux.
Qui pénètre la nue et la voûte des cieux,
L’aiglon intimidé, dans un nid, sans courage,
Doit-il ensevelir et sa force et son âge ?
Et n’oser, immobile en un obscur sommeil,
S’aller perdre jamais dans les feux du soleil[1] ?
- ↑ Ce fragment paraît se rattacher à l’épître à M. Bailly. Voy. p. 20, dernier paragraphe.