Œuvres poétiques de Chénier (Moland, 1889)/C’est son chef-d’œuvre
V[1]
C’est son chef-d’œuvre, il lit : studieux auditeur,
Admirez. Ce matin, fougueux déclamateur.
Loin du bruyant démon qui le presse et l’agite,
Maîtres, valets, portier, ils ont tous pris la fuite.
L’escalier a tremblé des éclats de sa voix.
Il s’est gratté le front ; il s’est rongé les doigts.
Pour être un grand rimeur il sait ce qu’il en coûte.
Ses ongles en entier disparaîtront, sans doute,
S’il faut qu’une autre fois, Apollon, qui lui rit,
D’un tel moment de verve échauffe son esprit.
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