Œuvres poétiques de Chénier (Moland, 1889)/Après en avoir commencé une
LIII[1]
Après en avoir commencé une par quatre ou six vers qui en exposent le sujet, avant de la poursuivre, la dédier ainsi :
Docte et jeune Cosway, des neuf sœurs honorée,
Au Pinde, à tous les arts par elles consacrée,
Mes bergers eu dansant t’appellent à leurs jeux,
Donne-leur un regard. Tu trouveras chez eux
Ce qu’en toi chaque jour tu trouves dès l’enfance,
Le calme et les plaisirs qui suivent l’innocence.
Accueille mes hameaux. Leurs chansons, leur bonheur
Sont doux comme tes yeux et purs comme ton cœur.
Mes chants, aimés de Flore et de ses sœurs divines,
N’ont point l’ambre et le fard des muses citadines.
Je ne viens point t’offrir, dans mes vers ingénus,
De ces bergers français à Palès inconnus.
Ma muse grecque et simple et de fleurs embellie,
Visitant son Alphée et ta noble Italie,
À retenu les airs qu’en ces lieux séducteurs
Souvent à son oreille ont chantés les pasteurs.
Souvent près d’une grotte, au bord d’une fontaine,
Elle va se cacher dans l’écorce d’un chêne,
Et sans bruit elle écoute, elle apprend à chanter
Ce qu’aux dieux des forêts elle entend répéter.
- ↑ Éd. Gab. de Chénier.