Œuvres poétiques, Texte établi par Louis MolandGarnierVolume 1 (p. 144-146).

LXXIV[1]


Vous, habitants ailés de l’ombre et des bocages,


Jeunes oiseaux… venez… À cette muraille tournée vers l’orient, et le long de laquelle coule une source… j’ai attaché pour vous le grillage d’une volière… Venez… Voulez-vous passer l’année à chercher un peu de grain pour vous nourrir ?… ici vous aurez de la nourriture à foison… J’ai couvert le mur de coquillages… La fontaine descendra en cascades dans les bassins faits avec de plus grandes coquilles, où, le matin, vous baignerez votre tête et vous tremperez vos ailes…


Que te ferai-je ? dis ! babillarde hirondelle !
Veux-tu qu’avec le fer je te coupe ton aile ?
Térée impatient, veux-tu qu’avec mes doigts
Je t’ôte cette langue et l’importune voix
Qui vient, dès le matin, du sommeil ennemie,
À mes songes heureux enlever mon amie ?
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Le loriot joyeux, et l’aigre sauterelle,
Et des bords de Téthys la criarde hirondelle.
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L’Alcyon sur les mers, près des toits l’hirondelle,
Le cygne au bord du lac, sous le bois Philomèle.




......Auprès de ces rameaux
Où l’habile Arachné, fileuse vigilante,
A suspendu les nœuds de sa trame flottante.
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Le frais zéphyre, époux de la fraîche rosée,
Sur le bord des ruisseaux fait éclore ses fleurs,
Famille aux doux parfums, peuple aux mille couleurs.

L’air trempé des parfums que respirent les fleurs.

Le lys est le plus beau des enfants du zéphyre.
Il lève un front superbe et demande l’empire.
Des suaves esprits dans sa coupe formés,
L’air, les eaux, le bocage, au loin sont embaumés.
Sous l’herbe, loin des yeux, plus aimable et moins belle,
La violette fuit. Son parfum la révèle,
Avertit qu’elle est là ; que, voulant se cacher,
Là, pour le sein qu’on aime, il faut l’aller chercher.
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Quittant sa forme, hélas ! non son âme première,
Le beau Narcisse en fleur, aux rives des ruisseaux,
Aime encore à se voir dans le cristal des eaux.
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Et la foudre des dieux respecte les lauriers.
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L’ombre pâle du saule, amant de la Naïade...
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Je suis la fleur des champs et le lys des vallées.

Le myrte craint les froids de l’hiver, nul arbre ne les craint davantage, metuenteni frigora myrtum, Ovid., lib. I, él. XV. Le berger poète et amoureux peut faire allusion à cela en disant qu’il aime l’été…

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Le myrte armé d’un fer est la lance guerrière ;
Les carquois sont remplis du cormier belliqueux ;
La Crète en arc pliant courbe l’if tortueux.

Il faut y parler d’un grand nombre d’arbres et de végétaux, avec des circonstances, des peintures, des épithètes caractéristiques et brillantes.

Herba lapathi prata amantis. L’oseille amante des prairies. L’amandier fleuri qui ouvre le printemps ainsi que l’abricotier… tous deux ont des fleurs belles et blanches… Le pécher aux fleurs qui ont la couleur et presque la forme de petites roses… herbes, plantes… Les menthes embaumées.

  1. Édition G. de Chénier.