Œuvres poétiques de Chénier (Moland, 1889)/Traduct. de la jol. ép. d’Événus de Paros

Œuvres poétiques, Texte établi par Louis MolandGarnierVolume 1 (p. 85-86).


XIX[1]


TRADUCTION


DE LA JOLIE ÉPIGRAMME D’ÉVÉNUS DE PAROS


Ἀτθὶ κόρα, μελίθρεπτε[2]


Fille de Pandion, ô jeune Athénienne,
La cigale est ta proie, hirondelle inhumaine,
Et nourrit tes petits qui, débiles encor,
Nus, tremblants, dans les airs n’osent prendre l’essor.
Tu voles ; comme toi la cigale a des ailes.
Tu chantes ; elle chante. À vos chansons fidèles

Le moissonneur s’égaye, et l’automne orageux
En des climats lointains vous chasse toutes deux.
Oses-tu donc porter dans ta cruelle joie
À ton nid sans pitié cette innocente proie ?
Et faut-il voir périr un chanteur sans appui
Sous la morsure, hélas ! d’un chanteur comme lui !

  1. Édition 1833.
  2. Anal. t. I, p. 166. (Note d’André Chénier.)