Œuvres poétiques de Chénier (Moland, 1889)/Tout mortel se soulage
XLI[1]
Tout mortel se soulage à parler de ses maux.
Le suc que d’Amérique enfantent les roseaux
Tempère au moins un peu les breuvages d’absinthe.
Ainsi le fiel d’amour s’adoucit par la plainte ;
Soit que le jeune amant raconte son ennui
À quelque ami jadis agité comme lui ;
Soit que seul dans les bois, ses éloquentes peines
Ne s’adressent qu’aux vents, aux rochers, aux fontaines.
- ↑ Éditions 1819.