Œuvres poétiques, Texte établi par Louis MolandGarnierVolume 1 (p. 138).

LXVIII[1]


Sous le roc sombre et frais d’une grotte ignorée
D’où coule une onde pure aux nymphes consacrée,
Je suivis l’autre jour un doux et triste son,
Et d’un faune plaintif j’ouïs cette chanson :
« Amour, aveugle enfant, quelle est ton injustice !
Hélas ! j’aime Naïs ; je l’aime sans espoir.
Comme elle me tourmente, Hylas fait son supplice.
Écho plaît au berger, il vole pour la voir ;
Écho loin de ses pas suit les pas de Narcisse,
Qui la fuit pour baiser un liquide miroir. »
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Tu l’aimes ; ou le sait : crois-tu qu’elle l’ignore ?
Tout l’univers le sait ; tu l’as dit si souvent.
Les roseaux de Midas le répètent au vent.

C’est un ancien proverbe grec pour exprimer combien une chose a été rebattue. On le trouve employé ainsi dans une épigramme de Sosipater :

......μάρτυρές εἰσι
Tῆς ἀθυροστομίης οἱ Μίδεω κάλαμοι.

Analecta, Tom. I, p. 154
  1. Éd. G. de Chénier.