Œuvres poétiques, Texte établi par Louis MolandGarnierVolume 1 (p. 142-143).

LXXII[1]


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Salut, aube au teint frais, jeune sœur de Zéphire !
Descends, muse, chantons, apporte-moi ma lyre.
L’oiseau, sur son rameau, mélodieux réveil !
De l’abri de son aile, asile du sommeil,
À retiré sa tête, et de sa voix légère
Va chanter tout le jour. Qu’aurait-il mieux à faire ?




Ô quel que soit ton nom, soit Vesper, soit Phosphore.
Messager de la nuit, messager de l’aurore,
Cruel astre au matin, le soir astre si doux !
Phosphore, le matin, loin de nos bras jaloux,
Tu fais fuir nos amours tremblantes, incertaines ;
Mais le soir, en secret, Vesper, tu les ramènes.
La vierge qu’à l’hymen la nuit doit présenter
Redoute que Vesper se hâte d’arriver.
Puis, aux bras d’un époux, elle accuse Phosphore
De rallumer trop tôt les flambeaux de l’aurore.

— Brillante étoile, adieu, le jour s’avance, cours,
Ramène-moi bientôt la nuit et mes amours.




Et le dormir suave au bord d’une fontaine[2]
Le soir............


Et cette chanson que tu chantais… ô belle, n’es-tu point honteuse de te faire attendre… accours, Vesper a paru… nous parlerons d’amour le long de la prairie.

Ô ver luisant lumineux… petite étoile terrestre… ne te retire point encore… prête-moi la clarté de ta lampe pour aller trouver ma mie qui m’attend dans le bois.

  1. Édit. G. de Chénier.
  2. Ce vers avait été recueilli dans la notice de Sainte-Beuve, de 1839, ainsi que la petite invocation au ver luisant.