Œuvres poétiques, Texte établi par Louis MolandGarnierVolume 1 (p. 121).

LIV[1]


En commencer une par ces vers, qui sont une légère imitation d’un sonnet de Zappi.


Près des bords où Venise est reine de la mer,
Le gondolier nocturne, au retour de Vesper,
D’un aviron léger bat la vague aplanie,
Chantant Renaud, Tancrède et la belle Erminie.
Il aime les chansons, il chante. Sans désir,
Sans gloire, sans projets, sans craindre l’avenir,
Il chante, et, cheminant sur le liquide abîme,
Sait égayer ainsi sa route maritime.
......Comme lui je me plais à chanter,
Les rustiques chansons que j’aime à répéter
Adoucissant pour moi la route de la vie,
Route amère et souvent de naufrages suivie.
Viens donc, tu vas ouïr, ami, ce qu’Alexis
Écoute et puis répond à son tour à Daphnis.
Alexis et Daphnis, de campagnes voisines,
Se trouvèrent ensemble au penchant des collines,
Tous deux jeunes, tous deux ornés de blonds cheveux,
Tous deux nés aux chansons, à la flûte tous deux.

  1. En partie dans l’édition de 1826, plus complètement dans l’édition de G. de Chénier.