Œuvres littéraires de Napoléon Bonaparte/Lettres de Famille/05

Texte établi par Tancrède MartelAlbert Savine (Tome 1p. 224-225).

V

À SA MÈRE[1].

Paris, 29 mars 1785.
Ma chère mère,

C’est aujourd’hui que le temps a un peu calmé les premiers transports de ma douleur, que je m’empresse de vous témoigner la reconnaissance que m’inspirent les bontés que vous avez toujours eues pour nous. Consolez-vous, ma chère mère, les circonstances l’exigent. Nous redoublerons nos soins et notre reconnaissance, et heureux si nous pouvons, par notre obéissance, vous dédommager un peu de l’inestimable perte d’un époux chéri. Je termine, ma chère mère ; ma douleur me l’ordonne, en vous priant de calmer la vôtre. Ma santé est parfaite, et je prie tous les jours que le ciel vous en gratifie d’une semblable. Présentez mes respects à Zia Geltrude, Minana Saveria, Minana Fesch, etc.

P. S. La reine de France est accouchée d’un prince nommé le duc de Normandie, le 27 de mars à 7 heures du soir[2].

Votre très humble et affectionné fils,

Napoleone de Buonaparte.
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  1. Marie-Lætitia Ramolino, fille unique de Jean-Jérôme Ramolino, propriétaire, et de Marie-Anne Bianelli (remariée avec François Fesch.) Née à Ajaccio le 24 août 1749, mariée le 2 juin 1764 à Charles Bonaparte, elle eut de lui onze enfants dont trois moururent en bas âge. Morte à Rome le 2 février 1836. Inhumée en 1848 à Ajaccio.
    Gérard l’a peinte deux fois, et Canova a fait sa statue.
  2. C’était le troisième enfant de Louis XVI et de Marie Antoinette. L’Almanach Royal le nomme : « Louis-Charles de France, duc de Normandie. »