Œuvres de Saint-Amant/Qu’on ne compare point les troubles de la Seine

SONNET

Sur les mouvement de Paris[1].


Qu’on ne compare point les troubles de la Seine
À ceux de la Tamise, où l’orgueil mesme agit ;
C’est un fleuve brutal qui sans cause mugit,
Mais l’autre avec raison murmure en voix humaine.

Paris ayme le roy, Paris ayme la reyne ;

Son auguste sénat pour leur bien le régit ;
Et mon œil est trompé si sa nef ne surgit
Dans le port où la gloire est promise à la peine.

Ces rebelles complots de ligue, d’union,
N’y ressuscitent point la perfide Enyon[2]
Qui fit du dernier siècle un siècle d’insolence.

On n’y voit point frémir cette rage d’enfer,
Et Themis aujourd’huy, dans sa propre balence,
Pour deffendre son droit peze son propre fer.



  1. En 1648. (Voir les Nobles triolets.)
  2. Enyon pour Ennyo, une des Furies.