Œuvres de Saint-Amant/Jamais rien n’approcha de mon heureux destin

SONNET.


Jamais rien n’approcha de mon heureux destin :
J’adore une beauté qui n’a point de pareille,
Soit pour enchanter l’œil, soit pour ravir l’oreille,
Ou pour faire d’un cœur un amoureux butin.

Son visage est plus frais qu’une rose au matin,
Quand au chant des oiseaux son odeur se réveille ;
Elle remplit mes sens de gloire et de merveille,
Et me fait mespriser la bergere Catin.


Accuse qui voudra mon humeur d’inconstance,
Je ne veux ni ne puis luy faire resistance,
Et croy ne point faillir changeant de bien en mieux.

Ô divine Amarante ! acceptez mon service,
Et daignez admirer comme, pour vos beaux yeux,
Je fais une vertu de ce qui fut un vice.