Œuvres de Saint-Amant/Fagotté plaisamment comme un vray Simonnet

SONNET.


Fagotté plaisamment comme un vray Simonnet,
Pied chaussé, l’autre nud, main au nez, l’autre en poche,
J’arpente un vieux grenier, portant sur ma caboche
Un coffin[1] de Hollande en guise de bonnet.


Là, faisant quelquefois le saut du sansonnet,
Et dandinant du cu comme un sonneur de cloche,
Je m’esgueule de rire, escrivant d’une broche
En mots de Pathelin ce grotesque sonnet.
Mes esprits, à cheval sur des cocquesigrues,
Ainsi que papillons s’envollent dans les nues,
Y cherchant quelque fin qu’on ne puisse trouver.

Nargue : c’est trop resver, c’est trop ronger ses ongles ;
Si quelqu’un sçait la ryme, il peut bien l’achever[2].

  1. Coffin, cophinus, petite corbeille ou panier à fruits.
  2. On trouve fréquemment dans le Virgile travesti de Scarron de semblables concessions à la rime. Dans le 4e livre, par exemple, on lit que l’Achéron

    Dans le Cocyte se va perdre :
    (Rime qui sçait rimer en erdre,
    Je le laisse à plus fin que moy.)