Œuvres de Saint-Amant/Arras pris

Œuvres complètes de Saint-Amant, Texte établi par Charles-Louis LivetP. JannetTome 1 (p. 271-272).

ARRAS PRIS[1].

SONNET


Ces fiers et beaux rampars ceints de vastes abîmes,
Ces tours, de l’art humain les rochers sourcilleux,
Cedans aux durs efforts d’un siege merveilleux,
Ont enfin reconnu nos armes legitimes.

Ceux qui les deffendoient ont esté les victimes
Offertes au demon fatal aux orgueilleux,
Et tant plus leur abord s’est montré perilleux,
Tant plus nos conquerans ont paru magnanimes.


Leur secours formidable, avec tout son pouvoir,
N’a, quoy qu’il ait tenté, servy qu’à faire voir
Le triste événement d’une entreprise vaine.

Déjà des lys sacrez Arras bénit l’odeur ;
Et d’un esclat divin, la pourpre de la Seine
De la pourpre du Tage efface la splendeur.




  1. L’Artois a fait long-temps partie de la Flandre occidentale. Il fut réuni au domaine de la couronne en 1180, par le mariage de Philippe-Auguste avec Isabelle de Hainaut. Jeanne, fille de Philippe le Long, le porta en dot à Eudes IV de Bour- gogne. Louis XI le reprit à la mort de Charles le Téméraire, au mépris des droits de Marie de Bourgogne. Charles VIII le céda en 1493 à Maximilien par le traité de Senlis. Depuis, ce comté resta à l’Autriche jusqu’en 1640, année où Louis XIII s’en empara. En 1654, les Espagnols essayèrent sans succès de le reprendre Le traité des Pyrénées consacra la possession françoise.