Œuvres de Lucile de Chateaubriand/Au vicomte de Chateaubriand, 1804 (2)

Texte établi par Louis Thomas Élément soumis aux droits d’auteur. Cliquer pour en savoir plus.Société des trentes, Albert Messein (p. 100-101).


Au vicomte de Chateaubriand.


Sans date (1804).

Lorsque madame de Farcy existait, toujours près d’elle, je ne m’étais pas aperçue du besoin d’être en société de pensées avec quelqu’un. Je possédais ce bien sans m’en douter. Mais depuis que nous avons perdu cette amie, et les circonstances m’ayant séparée de toi, je connus le supplice de ne pouvoir jamais délasser et renouveler son esprit dans la conversation de quelqu’un ; je sens que mes idées me font mal lorsque je ne puis m’en débarrasser ; cela tient sûrement à ma mauvaise organisation. Cependant je suis assez contente, depuis hier, de mon courage. Je ne fais nulle attention à mon chagrin, et à l’espèce de défaillance intérieure que j’éprouve. Je me suis délaissée. Continue à être toujours aimable envers moi : ce sera humanité ces jours-ci. Bonjour, mon ami. À tantôt, j’espère.