Œuvres de Louise Labé, édition Boy, 1887/I/10

Texte établi par Charles Boy, Alphonse Lemerre, éditeur (p. 179-184).


BIBLIOGRAPHIE


evvres de lovïze labé lionnoize. À Lion par Ian de Tournes MDLV auec Priuilege du Roy, p. in-8o 173 pp. plus un f. non chiffré, comprenant : Épitre dédicatoire — Debat de Folie & d’Amour par Louïze Labé lyonnoize — Trois Élégies — Vingt-quatre sonnets. Au revers de la p. 123 est écrit : Fin des Œuures de Louïze Labe lionnoize — Aus poëtes de Louïze Labe. Sonnet — Eſcriz de diuers poëtes à la louange de Louïze Labé lyonnoize (24 pièces commençant par une ode grecque) — au revers de la p. 173 : indication de quatre « fautes à corriger en l’impression » et cette mention : « Acheué d’imprimer ce 12 aouſt MDLV. » — Le f. suivant non chiffré est occupé R., et Vo par le privilège du Roy. — La prose est imprimée en caractères romains, et les vers en italiques.

evvres de lovïze labé lionnoize reuues et corrigées par ladite Dame. à lion par ian de tournes MDLVI. Auec priuilege du Roy. P. in-8o, 173 p. chiffrées. Les pp. 174 et 175 non chiffrées contiennent le Priuilège. — Les quatre fautes indiquées au revers de la p. 173 de l’édition de 1555, sont corrigées à leur place et le privilège du roi occupe ce revers et le Ro du f. suivant. Le fleuron au Vo du f. 4 est plus riche et plus neuf que celui de l’édition précédente. Quelques bandeaux et une lettre ornée sont changés. — Les variantes sont indiquées dans nos Notes et variantes.

evvres de lovïze labé lionnoize, à Lion par Ian de Tournes. MDLVI. Auec priuilege du Roy, p. in-16, 88 f. — Le volume est tout entier imprimé en caractères ronds mais le caractère des vers est plus petit que celui de la prose. — L’ode grecque et le privilège du Roi font défaut.

evvres de lovize labe lionnoize du debat de folie et d’amovr (sic) à Rouen par Ian Garou 1556 in-16. Imitation de l’édition de Jean de Tournes, avec la prose en romains et les vers en italiques.

Œuvres de Louize Charly, Lyonnaise, dite Labé surnommée la Belle Cordière. À Lyon, chez les frères Duplain libraires. MDCCLXII. Illustration de Nonote. — Réédition d’un exemplaire de 1556, possédé par M. de Fleurieu que l’on croit avoir tenu la plume pour la rédaction de la notice due à la collaboration de plusieurs savants Lyonnais. On a ajouté aux Escriz de divers poëtes une ode de Pelletier du Mans.

Euvres de Louize Labé Lionnoise surnommée la Belle Cordière. À Brest de l’imprimerie Michel. 1815. La notice est celle de l’édition de 1762. Les Escriz sont groupés suivant leur genre : Odes, Épitres, Sonnets etc.

Evvres de Lovize Labé Lionnoize, à Lion par Durand et Perrin. MDCCCXXIIII. In-8o LXX. 328 p. Notice non signée de Cochard ; notes et glossaire de Breghot du Lut. Malgré sa tournure un peu vieillotte cette édition est encore ce qu’on a fait de mieux jusqu’à ce jour et les éditions suivantes n’en sont généralement que des réductions plus ou moins heureuses.

Œuvres de Louise Labé Lyonnaise. — Édition publiée par L. Boitel. À Lyon chez les principaux libraires. — Paris, Techener, place du Louvre, MDCCCXLV. — Il a été fait plusieurs tirages de ce titre, avec variante à chaque tirage. — Notice insignifiante de F. Z. C. (Collombet). Les œuvres de Louise Labé sont publiées dans un autre ordre que celui qu’avait adopté Jean de Tournes, et avec une orthographe de fantaisie — On y a ajouté, pour la première fois, le testament de Louise Labé. — Cette édition a le mérite d’avoir servi de prétexte à Ste-Beuve (Revue des Deux-Mondes, 15 mars 1845) pour « réparer, envers Louise Labé, un oubli, une légèreté involontaire, qu’un critique ami (M. Patin), dit-il, nous reprochait dernièrement avec grâce. »

Evvres de Lovize Labé Lionnoize. MDCCCL. — Paris, imprimé par Simon Raçon et Cie. In-8o, 198 p. — Édition publiée par Cailhava et par J.-B. Monfalion, auteur de la notice biographique.

Œuvres de Lovize Labé. N. Scheuring, libraire-éditeur, Lyon. MDCCCLXII. — In-8o XIV 186 p. Notice anonyme attribuée à Allut. C’est à propos de cette édition que Sainte-Beuve (Constitutionnel du 23 février 1863) a refait son étude de 1845 sur Louise Labé.

Œuvres de Lovize Labe. Paris, librairie Tross… MDCCCLXXI. In-8o. Cette édition est sans notes ni notice et semble avoir été faite uniquement pour employer de magnifiques caractères de civilité.

Œuvres de Louise Labé publiées avec une étude et des notes par Prosper Blanchemain. Paris, librairie des bibliophiles, rue St-Honoré 338. MDCCCLXXV, p. in-8o, XXXVI. 220 p.


Parmi les éditions partielles des Œuvres de Louise Labé, il en est deux qui méritent une mention particulière.

La première est intitulée : Hiſtoire & amours paſtoralles de Daphnis & Chloé eſcrite premièrement en grec par Longus & maintenant miſe en françois : enſemble un débat iudiciel de Folie & d’amours, fait par Dame L. L. L. (Louise Labé, Lyonnaise) ; plus quelques vers françois, leſquels ne ſont moins plaiſans que recreatifs. P. M. D. R. poetevine (par Mlle des Roches, poitevine). À Paris, chez Iean Parent, rue St-Jacques, 1578, auec priuilege. (IV et 132 f.)

Un exemplaire de cet ouvrage rarissime était inscrit sous le no 168 dans la bibliothèque de Pont de Vesle. Il passa ensuite dans celle de M. de Soleinne, qui le prêta à M. Breghot du Lut en 1825 ; puis il fit partie de la bibliothèque Coste (no 955) et enfin il figura à la vente Yéméniz (no 2232). L’épitre dédicatoire est signée I. P. P. (sans doute Jean Parent, parisien). La traduction du Longus est celle d’Amyot 1549.

À la suite du Debat de Folie & d’Amour sont imprimées la Louange des eaux de Mlle des Roches et la pièce de Baif : Que faites-vous, mes compagnons etc., avec ce titre : D. L. L. à ſes amis, des gracieuſetés pour elles receües.


L’autre édition partielle a pour titre : Sounet de Louviſe Labé e rimo a ſa lauſour revira dou francès en prouvençau o de l’italian en francès, pèr A. de Gagnaud, Dans cet ouvrage (imprimé en 1882 chez les frères Hamelin, de Montpellier), le sonnet italien de Louise Labé est traduit en français, et les sonnets VIII, IX, XIV et XXIV, ainsi qu’un fragment de la IIIe élégie sont traduits dans la langue de Mireille. L’auteur, M. de Berluc-Pérussis, un fin ciseleur de sonnets, a mis à la suite de cette traduction, celle du sonnet d’Olivier de Magny Des beautés de D. L. L., du sonnet de Joséphin Soulary Louise Labé et du sonnet italien Qui dove in braccio. Cette curieuse publication s’ouvre par une préface en prose provençale et une dédicace en vers provençaux aux dames de Montpellier, et elle se termine par deux sonnets français sur Le Manoir de Clémence de Bourges et Les Jardins du Sacré-Cœur, de Villeurbanne.

Voici la traduction en vieux français du sonnet italien de Louise Labé :


Ulysse ni personne mieulx prudente
N’auroit predict que de ce doux aspect
Tant plein de grâce et d’honneur et respect,
Le mal naistroit qui mon âme tourmente.

De toy, Amour, ma poitrine innocente,
Où ton ardeur son logis avoit faict,
Par ces beaux yeux feust percée d’un traict
Sans garison, fors qu’en toy je la sente.

Estrange sort, tel si le dard me poinct
D’un scorpion, et remède n’ay poinct
Si n’est le sien, qu’avecques soy il porte.

Je le requiers de me bailler soulas,
Mais n’esteignant désir qui me conforte,
Lequel failli, tost sonneroit mon glas.


Pour mémoire il faut citer : Le Parnasse des Dames, 1773. Les Œuvres choisies de Louise Labé y sont imprimées en beau langage. — Annales poétiques, 1778. Les poésies de Louise Labé se trouvent dans le tome IV (notice de Sautereau de Marsy). — Les poëtes français depuis le deuxième siècle jusqu’à Malherbe, 1824. — Louise Labé, t. IV.

Enfin, pour terminer cette bibliographie, voici un passage de l’Almanach de Lyon, de 1790, p. 36. Il s’agit de la description du drapeau d’un des 38 bataillons de la garde nationale :


bataillon belle cordière

« Louise Charly, femme d’un cordier, fit, en 1550, un poème sur la liberté. Sa beauté et sa science ont formé l’emblème suivant :

« La belle Cordière est vêtue simplement, assise sur un lion ; une guirlande de fleurs lui descend de l’épaule gauche au côté droit ; de la main droite elle tient une pique entrelassée de lis, et surmontée du chapeau de Guillaume Tell, restaurateur de la liberté Helvétique ; à ladite pique est encore adapté un ruban sur lequel est cette légende :


Tu prédis nos destins, Charly, belle Cordière,
Car pour briser nos fers tu volas la première.


« De l’autre côté du ruban est gravé :


Belle Cordière, ton espoir n’était pas vain.


« Au chapeau de Guillaume Tell est le panache aux trois couleurs. De la main gauche, Louise Labé tient son poème sur la liberté Françoise, qui est appuyé sur un globe terrestre. Le lion tient sous une de ses pattes le livre de la Constitution ; à côté est l’autel de la patrie, où brûle le feu du patriotisme ; d’un côté est une plante d’olivier, signe de la paix, et de l’autre une de laurier, signe de la gloire ; des livres en désordre sont à ses pieds, qui désignent sa science. »

Inutile de dire que seuls parmi les bibliophiles, les gardes nationaux de 1790 ont eu connaissance de ce poème sur la liberté, composé en 1550 par la Belle Cordière.


Les derniers éditeurs ont cru pouvoir ajouter aux œuvres de Louise Labé un sonnet qui figure en tête des Amours d’Olivier de Magny, quatorze vers sur le tombeau d’Hugues Salel attribués à Castianire, la bien-aimée du poëte quercinois, et un sonnet d’une écriture du xvie siècle, trouvé sur les gardes d’un Nicandre (Paris, G. Morel, 1557) et portant en titre : Sonnet de la Belle C… L’attribution de ces trois morceaux — fort peu remarquables du reste — à Louise Labé n’ayant paru nullement justifiée, on n’a cru devoir ni les ajouter au texte, ni même les reproduire ici.