Œuvres de La Rochefoucauld/Avertissement
AVERTISSEMENT
sur le tome ii.
Le lecteur trouvera, dans les notices partielles sur le reste des œuvres de la Rochefoucauld, les éclaircissements qu’il attend de moi sur la manière dont j’ai compris et accompli, pour chacune d’elles, mon devoir d’éditeur. Je ne veux ici que rendre un juste et sincère hommage d’estime et de regret à l’homme de goût et de talent à qui je succède, à l’habile et consciencieux éditeur du tome I, que son fin savoir, son esprit à la fois délicat et solide rendaient si propre à poursuivre, au gré des plus difficiles, la tâche dont il s’était chargé. On sait que M. Gilbert a succombé, le 15 du mois d’octobre 1870, à la maladie dont il souffrait depuis quelque temps. Présumant des forces de son corps d’après celles de son âme, il s’était refusé, malgré l’inquiète insistance des siens, à quitter Paris au moment du siège. Sa mort laissait interrompue l’édition si bien commencée par lui. Il avait, sans aucun doute, fait son plan pour toute la suite, arrêté les bases de son travail ; mais rien n’était prêt pour l’impression. Pour ne parler que des Mémoires, qui remplissent presque entièrement ce tome II, il était décidé à suivre fidèlement le texte du manuscrit D de la Roche-Guyon[1] ; il avait même fait de ce manuscrit une première et rapide collation ; mais il se réservait d’en faire une nouvelle avant l’impression. Quant aux éléments du commentaire, ils n’étaient encore ni réunis ni disposés pour la mise en œuvre.
Mme Gilbert, en souvenir de l’amitié bienveillante dont m’honorait son mari, de la confiance avec laquelle il m’associait à ses travaux, a bien voulu me remettre les notes, les éditions, les manuscrits que M. Gilbert avait rassemblés. Il m’a paru que ce précieux dépôt m’autorisait à m’offrir pour continuer la tâche inachevée, et j’ai eu l’honneur d’être agréé par les éditeurs et le directeur de cette collection. Ce que M. Régnier avait été pour M. Gilbert, il l’a été pour moi : non pas seulement un guide très-attentif, mais encore un infatigable collaborateur, et je m’associe cordialement, pour mon compte, au témoignage de gratitude que lui a rendu mon prédécesseur dans l’Avertissement du tome I.
M. Coster m’a prêté un obligeant concours, dont je le remercie sincèrement : il s’est chargé du minutieux et pénible labeur de la collation des textes imprimés et de plusieurs anciennes copies.
L’impression de ce volume était à la veille d’être achevée quand Mme Coppinger, veuve d’un « bibliophile américain très-instruit » (c’est le jugement qu’a porté de lui Victor Cousin[2]), a bien voulu, à la demande d’un intermédiaire fort obligeant, nous envoyer de Dinard, où elle habite, et mettre à notre disposition, avec une libérale bonne grâce dont nous lui sommes on ne peut plus reconnaissants, deux précieux manuscrits des Mémoires de la Rochefoucauld[3]. Nous les avons examinés avec l’attention qu’ils méritent, et nous donnons à la fin de notre Appendice le résultat de notre examen.
auxquels on renvoie le plus souvent dans les notes de volume.
Mémoires de Mme de Motteville, édition de M. F. Riaux, 4 vol. in-18, Paris, 1869.
Mémoires de Mademoiselle, duchesse de Montpensier, édition de M. Chéruel, 4 vol. in-18, Paris, 1859.
Mémoires de Mathieu Mole, édition Champollion-Figeac, 4 vol. in-8o, Paris, 1855.
Mémoires du maréchal de la Force, publiés par M. le marquis de la Grange, 4 vol. in-8o, Paris, 1843.
Mémoires de Bussy-Rabutin, édition de M. Ludovic Lalanne, 2 vol. in-18, Paris, 1857.
Mémoires du P. Rapin, édition de M. Léon Aubineau, 4 vol. in-8o, Paris, 1865.
Mémoires de Guy Joli et de la duchesse de Nemours, 3 vol. in-18, Genève, 1751.
Historiettes de Tallemant des Réaux, édition de MM. Monmerqué et Paulin Paris, 9 vol. in-8o, Paris, 1854-1860.
Variétés historiques et littéraires, par M. Ed. Fournier, 10 vol. in-12, Paris, 1855-1859.
Muze historique de Loret, édition de MM. L. Ravenel et Éd. V. de la Pelouze, in-4o, 1857.